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Publié par Delphine E. Fouda

 

Enfin elle est adoptée ! La fameuse constitution version Paul Barthélemy Biya Bi Mvondo. Et patatras. L’homme des ‘’ grandes ambitions’’ s’est construit ’’un bel avenir’’. Les mécontents vont maigrir à défaut de pactiser. Les activistes de l’opposition farouche sont programmés pour être éliminés. Le maître absolu du Cameroun règne. Manipulant le bâton et la carotte, L’homme de Mvomeka’a a réussi à mener à terme son projet. Le parlement l’a adopté hier alors qu’aujourd’hui, vendredi est la date initialement prévue pour l’adoption de ladite constitution. L'éclairage du confrère du Messager.

Christian LANG, Le Messager du 11/04/2008

Le Rdpc et l’Undp valident le vœu de Paul Biya

Le projet de loi portant modification de la Constitution a été adoptée hier, jeudi 10 avril 2008 à l’Assemblée nationale.
Lorsque le député Rdpc Kamsouloum Abba Kabir prend la parole ce jeudi 10 avril 2008 à l’Assemblée nationale à Yaoundé lors des discussions générales ayant précédé l’adoption du projet de loi portant révision de la Constitution, il vient trahir un secret de polichinelle : le projet de loi déposé sur la table des députés le 04 avril dernier portant révision de la loi constitutionnelle au Cameroun est une volonté du chef de l’Etat. L’élu du peuple utilise une image un peu grossière, mais qui a l’avantage de préciser le vœu de Paul Biya. En substance, le parlementaire laisse entendre que lorsque l’on est boucher, on se réserve les meilleurs morceaux. Traduction : Paul Biya, tenant actuellement le pouvoir, ne pouvait être mieux servi que par lui-même. “ L’alinéa 2 de l’article 6 (nouveau) rend rééligible le président de la République en fonction ”, précise le rapport de la Commission des lois constitutionnelles de l’Assemblée nationale.

Si le président du groupe parlementaire Rdpc, Jean Bernard Ndongo Essomba, se réjouit que le président de la République ait choisi la voie parlementaire. Il est surtout très enthousiaste dans son propos parce que, dit-il, c’est “ le président de la République qui a initié ce projet ”. Le président du groupe parlementaire ayant déjà parlé, les autres députés du parti au pouvoir savent exactement ce qu’ils doivent dire lorsque la parole leur est donnée lors des discussions générales. Ce d’autant que Ndongo Essomba a fait un choix global sous forme de suggestion : “ je vous invite au vote sans réserve de ce projet ”. Comme dans un meeting populaire, les orateurs se succèdent au pupitre. Mais la rengaine est la même : l’apologie de la non limitation des mandats et le soutien qu’il faut accorder à Paul Biya. D’aucuns tentent de justifier les élans révisionnistes du parti au pouvoir en brandissant les appels à la modification attribués, à tort ou à raison, à la base du parti des flammes. Certaines langues vont plus loin en disant que ce ne sont pas seulement les zélateurs du Rdpc qui ont demandé la révision de la Constitution : certains partis politiques de l’opposition, les confessions religieuses, la société civile… ont estimé que la loi constitutionnelle de 1996 comportait trop d’insuffisances. Donc qu’il fallait la modifier.

Ni la Bible, ni le Coran

“ La constitution n’est pas un texte intouchable. Ce n’est pas la Bible ; ce n’est pas le Coran non plus ”, sérine Alioum Fadil, député Rdpc. Le parti des flammes est serein, car il sait que sa majorité écrasante est un acquis qui va militer pour l’adoption du projet. Jean Jacques Ekindi, le seul député du Mouvement progressiste (Mp) tente un contre-pied. Il affirme que les idées fortes triomphent sur le décalage numérique. Il suggère qu’il y ait débat. Pour lui, il faut interroger le fondement de la légitimité du projet de loi portant révision de la Constitution. Le président du Mp rappelle que les députés et le président de la République doivent faire la volonté du peuple ; ils ne doivent pas se substituer au peuple. Sur le décalage numérique, J.J Ekindi dit : “ quand une main est petite, elle doit savoir qu’elle est petite. La grosse main doit savoir qu’elle ne peut pas attacher, seule, le paquet ”. Donc, le Rdpc ne doit pas tout faire seul.

“ Le chasseur du Lion ” donne sa position, devant tout le monde : il va voter contre. Lors des opérations électorales, les voix de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), qui n’a rien dit lors des débats, s’ajoute à celle de Jean Jacques Ekindi. Le vote global du projet de loi enregistre cinq bulletins rouges, synonymes de rejet. Sur les 162 votants du projet dans son ensemble, le camp des “ pour ” engrange 167 voix : ces suffrages sont ceux du Rdpc et de l’Undp. Le parti de Bello Bouba a pourtant estimé que le Rdpc devrait tenir compte de son point de vue en tant que partenaire politique. Cette formation politique a suggéré un amendement : le mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une fois. Mais le parti de Bello Bouba a voté favorablement sans que le Rdpc ne donne suite à sa requête. Ce n’était qu’un manège.

Révision constitutionnelle: Retour sur une journée marathon



Prévue pour être adopté ce jour, la plénière d’adoption a été anticipée.

Yaoundé jeudi 10 avril 2008. Il est 15h 32 minutes. Le marché central grouille de monde comme d’habitude. La plupart ignorent le scénario qui se joue au même moment à l’Assemblée nationale. En cette heure précise de l’après-midi, les députés de la majorité Rdpc (dont le président national tient les rênes du pays depuis 25 ans) sont en train de modifier la Constitution du Cameroun. Avec en prime, l’alinéa 2 de l’article 6 (nouveau) qui rend rééligible à vie le président de la République.

La séance plénière qui devait voir l’adoption de ce qui était encore projet de loi N°819/PJL/An était pourtant prévu ce vendredi 11 avril 2008 à 10h. Mais très tard mercredi 9 avril 2008, de manière discrète, l’information de l’anticipation de la plénière a été communiquée aux députés de la nation par le secrétaire général de l’Assemblée nationale. C’est ainsi que certains élus du peuple qui n’avaient pas passé la nuit à l’hôtel des Députés ont débarqué dans la précipitation au Palais de verres de Ngoa Ekelle.

Sur les visages de certaines autorités présentes à l’hémicycle, la fébrilité est perceptible. Le Premier ministre qui devait s’asseoir à la tête du banc du gouvernement a rejoint l’hémicycle très exactement à 13h 30. Soit près de deux heures après le début de la séance. Des sources dignes de foi indiquent qu’il a été reçu en audience au Palais de l’unité par le chef de l’Etat. Bien avant lui, les mêmes sources indiquent que Paul Biya a reçu René Sadi le ministre secrétaire général adjoint de la présidence de la République, et secrétaire général du Rdpc. Grégoire Owona, le ministre délégué à la présidence chargé des relations avec les Assemblées aggripé à son téléphone, multiplie des conciliabules à l’extérieur de l’hémicycle avec les ministres Marafa Hamidou Yaya d’une part, et René Emmanuel Sadi d’autre part. De temps en temps, il s’en va chuchoter à l’oreille du président de l’Assemblée nationale. Finalement, quant s’achève la séance plénière qui a consacré le vote de la révision de la Constitution, les hiérarques du système présents à l’Assemblée nationale manifestent leur soulagement. Mission accomplie. Amen.

Jean François CHANNON

Coulisses



Quand les débats ennuient les députés Rdpc

On a enregistré au cours de la séance plénière d’hier un dizaine d’interventions. Elles sont venues en majorité des députés du Rdpc. Lesquels ont servi le même langage à l’assistance. A savoir : souscrivez sans réserve à la modification de la Constitution. Mais alors, à force de redire la même idée avec presque les mêmes mots, on fini par se lasser. Et c’est ce qui est arrivé aux élus du parti au pouvoir qui ont fini par déserter l’hémicycle pour aller tailler la bavette dans la salle des pas perdus. Pendant que des orateurs se succédaient au pupitre.

Haman Adama distribue du chocolat

Les débats ont duré plus de 8h. Pour les membres du gouvernement présents à l’hémicycle, cela pouvait paraître ennuyeux. Le ministre d’Etat Marafa est sorti dans le couloir tirer une bonne bouffée de cigarette avant de revenir prendre sa place. Constatant certainement la fatigue qui commençait à gagner ses collègues ministres dont la plupart ont quitté leur cabinet bien avant l’heure du déjeuner, madame le ministre Haman Adama, a sorti de son sac un sachet de bonbon chocolat qu’elle a maternellement fait distribuer aux membres du gouvernement. Tels des gamins, ils ne se sont pas privés du plaisir de prendre cette espèce de remontant.

L’Assemblée nationale militarisée

L’accès à l’enceinte de l’Assemblée nationale était suffisamment filtrée hier. Les contrôles pour les journalistes accrédités étaient encore plus rudes. Les hommes des médias, surtout ceux du privé étaient palpés jusque parfois dans les parties intimes. On distinguait ainsi plusieurs contrôles avant l’ultime guérite. Et une fois dans la cabine presse assaillie par les membres du personnel de l’Assemblée nationale, des "gorilles" en civil tenaient à l’œil les journalistes. Comme si ceux-ci avaient les moyens de s’opposer à quoique ce soit. Et à l’extérieur du bâtiment, policiers, militaires, gendarmes armés de matraques se tenaient prêts. Au cas où…

Les membres du corps diplomatique aux abonnés absents

Les chaises généralement réservées aux membres du corps diplomatique sont restées vides hier à l’hémicycle. C’est vrai qu’on a aperçu à un moment donné l’ambassadeur d’Arabie Saoudite. Qui est d’ailleurs le seul ambassadeur plénipotentiaire accrédité à Yaoundé présent dans la salle. Mais ce dernier bien isolé, n’a pas pu suivre les débats jusqu’à la fin. Il est parti. Bien curieuse manière pour les représentants de ces pays “ amis ” d’être absents à un moment aussi important de l’histoire du Cameroun. Toute l’Union européenne était absente hier. Les Américains aussi. Même nos amis Chinois n’ont pas envoyé de représentant à cette séance plénière historique. Et si c’était en signe de désapprobation ?

Ndongo Essomba vote “ transparent ”

Le président du groupe parlementaire Rdpc a voulu montrer l’exemple hier à ses collègues députés lors du vote. Prenant l’enveloppe qui lui a été remise par un huissier, et alors que son nom était appelé en première position par le secrétaire général de l’Assemblée nationale, le député Rdpc de la Lekié, a sorti le bulletin vert symbole du oui, pour le montrer à tous avant de le remettre dans l’enveloppe et le jeter dans l’urne transparente. Cela s’appelle voter transparent. C’est ce qu’il a voulu faire comprendre à ses camarades. Malheureusement, son exemple n’a pas été suivi.

Adama Modi surveillé ?

Lorsque le nom du député Adama Modi a été appelé au moment du vote, à chaque fois, tous les regards étaient tournés vers lui. Conscient du fait qu’il constituait une attraction, l’élu du Mayo Kani Nord se livrait à un spectacle qui a suscité des éclats de rire dans l’hémicycle. Il jetait ainsi de manière ostensible son bulletin dans l’urne en levant les mains par la suite. Un peu comme pour dire que, "je ne suis pas contre, vous avez vu non ?". De toutes les façons, les responsables de son parti semblaient bien l’avoir à l’œil.


La chaise vide du Sdf

Le Sdf n’a pas prix part au vote. Les représentants de cette formation politique ont quitté l’hémicycle un peu avant l’ouverture des débats. Joseph Banadzem, le président du groupe parlementaire, a estimé que le projet de loi discuté en commission était différent de celui dont copie a été remise à tous les députés en plénière. Il veut introduire une question préalable. Son vœu est rejeté en bloc par les députés du Rdpc au terme d’un vote à main levée. “ Nous ne sommes pas prêts à prendre part à ce débat ”, lâche Mbah Ndam, vice-président de l’Assemblée nationale qui s’inscrit “ en faux ”. Les députés Sdf quittent donc la salle. “ Nous n’allons pas assister à cette fraude ”, psalmodie Mbah Ndam en quittant la salle. “ C’est aussi ça la discussion. Quand on est minoritaire, on accepte la loi de la majorité ; on ne refuse pas le débat ”, lance Cavaye Yéguié Djibril, le président de l’Assemblée à l’endroit des élus du Sdf. Le vote du projet de loi a donc eu lieu en l’absence de ce parti qui a fini par ériger la politique de la chaise vie comme mode de contestation. Les députés du Rdpc ont rappelé que le Sdf rejette la modification de la Constitution de 1996 alors que lors de l’adoption de ce texte, les parlementaires de ce parti politique avaient claqué la porte.

Le vote n’est pas secret

Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Cameroun comporte des dispositions qui font quand même rigoler. Le texte prévoit qu’en cas de vote pour départager les députés sur un texte à adopter, qu’on remette trois bulletins de vote à chaque parlementaire aux couleurs du drapeau du Cameroun. La signification de ces couleurs lors des dépouillements: Le vert représente le vote favorable ; le rouge symbolise le vote défavorable, et le jaune signifie que l’on s’est abstenu. Chaque parlementaire reçoit donc ces trois bulletins de vote avec une enveloppe blanche. Et chaque bulletin de vote porte le nom du député. Au terme du dépouillement, les bulletins de vote sont transmis au secrétaire général de l’Auguste chambre. La suite : il lit les noms et les choix que chaque parlementaire a effectué. Dans ces conditions d’ordre réglementaire, est-ce qu’un député du Rdpc pouvait faire un choix différent de celui de Cavaye Yéguié Djibril ou de Jean Bernard Ndongo Essomba, sachant que son nom allait être lu comme celui qui s’est opposé à la volonté du chef de l’Etat et partant du parti ? Même le téméraire Adama Modi n’a pas pu ramer à contre courant. Car le vote n’est pas secret.
 

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