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Publié par Delphine E. Fouda

   Franck Essomba,LeMessager,16/06/2008.Une dizaine de citoyens kidnappés dans l’Extrême-Nord et exécutés par des preneurs d’otages. Leurs os retrouvés à Ouro Mayo au Tchad

C’est comme dans un roman policier. Des kidnappeurs arrivent dans une localité, prennent à la pelle des otages et exigent une rançon. La contrepartie n’est pas honorée ; les kidnappés paient de leur vie. Sans autre forme de procès. Bien triste, mais c’est ce qui vient de se passer pour quelques Camerounais originaires de l’Extrême-Nord. Entre le 10 et le 13 mai en effet, des preneurs d’otages ont fait irruption dans la localité de Mbrodong. Ce lawanat de l’arrondissement de Taïbong, département du Mayo-Kani dont Kaélé est le chef-lieu, a ainsi vu environ 15 de ses habitants enlevés. Les captifs ont précisément été pêchés dans les villages Pitoa I, Pitoa II (à ne pas confondre avec Pitoa à 12 km de Garoua, chef-lieu de la province du Nord) et Zadong qui forment le lawanat de Mbrodong. Ils ont par la suite été entraînés sur près de 20 km en territoire tchadien. Comme d’habitude, une rançon a été demandée. Celle-ci est généralement constituée d’argent, de bétail et d’autres biens en nature.
Il y a deux semaines et demi, cinq des quinze otages ont été relâchés avec des consignes sur la nature et le niveau de la rançon. Parvenus à Mbrodong, ils ont passé le message. En même temps que les parents collectaient les biens nécessaires pour la rançon, les autorités dont le sous-préfet de Taïbong et le commandant de brigade ont été saisies. Ces derniers ont engagé des actions dont l’établissement des contacts avec les autorités tchadiennes. C’est ainsi que le sous-préfet de Zinder au Tchad a rencontré les autorités camerounaises. Ensemble, ils ont arrêté un programme d’action. C’est dans cette perspective que le Bataillon d’intervention rapide (Bir) basé à Maroua (chef-lieu de l’Extrême-Nord) a été mis en mouvement. Informés, les ravisseurs ont froidement abattu la dizaine de captifs. Parmi eux, un vieillard d’une soixantaine d’années, un jeune adulte de vingt-trois ans, des adolescents de seize, dix-sept et dix-huit ans, et des enfants de moins de dix ans. Le Bir est ainsi rentré bredouille : sans avoir repéré ni les kidnappeurs ni les kidnappés, même morts !

Echec du Bir
Après l’échec et le départ du Bir, les populations ont elles-mêmes engagé une battue pour retrouver leurs enfants. C’est ainsi qu’elles ont localisé, samedi 14 juin 2008, les corps des décédés en état de dégradation avancée à Ouro Mayo au Tchad. Pour certains, c’est seulement des os qui ont été retrouvés. L’inhumation a eu lieu sur place. C’est la quatrième fois, selon nos sources, que le lawanat de Mbrodong est le théâtre de ce genre de kidnapping. Pour ce cas précis, les preneurs d’otages ne sont pas encore officiellement identifiés. Mais généralement dans leurs rangs, on retrouve dans la partie septentrionale du pays, des démobilisées des armées et des forces rebelles tchadiennes et centrafricaines, de même que certaines milices à la solde de personnes qui, de par leur position sociale, ont quelque pouvoir. Selon nos informations, quelques suspects seraient déjà interpellés.
Quoi qu’il en soit, les quelque 5.000 Toupouris et 100 Peulhs résidant à Mbrodong sont très paniqués. Ils n’ont pas l’impression que des mesures de sécurité spéciales sont prises pour les mettre à l’abri de telles expéditions punitives. Le sous-préfet de la localité devrait sans doute rassurer les populations par les mots mais davantage par des actions qui ramènent la sérénité. Les populations demandent que les moyens de l’Etat soient redéployés. On se rappelle qu’il y a dix ans, la gendarmerie et l’armée – sans pitié pour les coupeurs de route et les preneurs d’otages – avaient réussi à faire oublier le phénomène. Les malfaiteurs ont pris le temps d’étudier le dispositif de l’Etat et de mettre en œuvre de nouvelles stratégies. Aux forces de l’ordre de libérer le peuple qui semble ainsi crier dans le désert à Mbrodong !
 

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