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Publié par Delphine E. Fouda

 
" L’ampleur est telle que je ne sais même pas si elle est mesurable ", a encore dit le président de l’Alliance pour la démocratie et le développement qui pense que les " gros voleurs" qui veulent créer une "dynastie financière " face à la " plèbe" impuissante et la " classe moyenne " quasiment aphone semblent désormais plus forts que le système.


Jean Baptiste Ketchateng , Mutations 21/04/2008. Sur la Bbc samedi, Jean-Emmanuel Pondi, Pierre Moukoko Mbonjo et Garga Haman Adji ont parlé de la situation du Cameroun.

Le petit affrontement entre l’ancien ministre de la Fonction publique Garga Haman Adji (mais dont les présentateurs du débat ont souligné l’appartenance à la Commission nationale anti-corruption, Conac) et le secrétaire adjoint à la communication du Rdpc Pierre Moukoko Mbonjo était déjà fort intéressant quand Jean Emmanuel Pondi, invité comme " politologue ", a mis son grain de sel dans la soupe. La corruption, c’est bien une affaire de système que d’hommes, a conclu l’universitaire après une courte analyse du phénomène qui était inscrit au débat de Bbc-Afrique spécialement consacré au Cameroun samedi dernier à Yaoundé.

Comme piqué au vif, M. Moukoko a clamé qu’il ne pouvait laisser dire cela du régime auquel il appartient. Explication de négation numéro un : la corruption est différente du détournement de deniers publics. Explication numéro deux et conclusion : elle a certes connu un pic dans les années 1990, mais ce n’est pas une marque du système Biya. Et comment, aurait pu rétorquer M. Garga s’il ne l’avait déjà dit avant. Il se pourrait bien que 60% des ministres du gouvernement en place soient corrompus si on en croit l’observation de celui qui se vante encore d’avoir proposé aux Camerounais des baleines de la corruption alors qu’on ne leur offrait jusqu’alors que des petits poissons à la friture.
" L’ampleur est telle que je ne sais même pas si elle est mesurable ", a encore dit le président de l’Alliance pour la démocratie et le développement qui pense que les " gros voleurs" qui veulent créer une "dynastie financière " face à la " plèbe" impuissante et la " classe moyenne " quasiment aphone semblent désormais plus forts que le système. Garga Haman Adji parle même de schéma marxiste de la classification sociale camerounaise. Mais il ne se trouve personne sur le plateau pour lui demander quelle solution Karl Marx aurait recommandé aux classes sociales camerounaises écrasées par le système de gouvernement en place.



Jean Baptiste Ketchateng , Mutations 21/04/2008. Sur la Bbc samedi, Jean-Emmanuel Pondi, Pierre Moukoko Mbonjo et Garga Haman Adji ont parlé de la situation du Cameroun.

Le petit affrontement entre l’ancien ministre de la Fonction publique Garga Haman Adji (mais dont les présentateurs du débat ont souligné l’appartenance à la Commission nationale anti-corruption, Conac) et le secrétaire adjoint à la communication du Rdpc Pierre Moukoko Mbonjo était déjà fort intéressant quand Jean Emmanuel Pondi, invité comme " politologue ", a mis son grain de sel dans la soupe. La corruption, c’est bien une affaire de système que d’hommes, a conclu l’universitaire après une courte analyse du phénomène qui était inscrit au débat de Bbc-Afrique spécialement consacré au Cameroun samedi dernier à Yaoundé.

Comme piqué au vif, M. Moukoko a clamé qu’il ne pouvait laisser dire cela du régime auquel il appartient. Explication de négation numéro un : la corruption est différente du détournement de deniers publics. Explication numéro deux et conclusion : elle a certes connu un pic dans les années 1990, mais ce n’est pas une marque du système Biya. Et comment, aurait pu rétorquer M. Garga s’il ne l’avait déjà dit avant. Il se pourrait bien que 60% des ministres du gouvernement en place soient corrompus si on en croit l’observation de celui qui se vante encore d’avoir proposé aux Camerounais des baleines de la corruption alors qu’on ne leur offrait jusqu’alors que des petits poissons à la friture.
" L’ampleur est telle que je ne sais même pas si elle est mesurable ", a encore dit le président de l’Alliance pour la démocratie et le développement qui pense que les " gros voleurs" qui veulent créer une "dynastie financière " face à la " plèbe" impuissante et la " classe moyenne " quasiment aphone semblent désormais plus forts que le système. Garga Haman Adji parle même de schéma marxiste de la classification sociale camerounaise. Mais il ne se trouve personne sur le plateau pour lui demander quelle solution Karl Marx aurait recommandé aux classes sociales camerounaises écrasées par le système de gouvernement en place.

Référence
D’ailleurs, souligne un des auditeurs admis à assister au débat qui se déroule sur les hauteurs fraîches de l’hôtel Mont Fébé, ce que l’on peut appeler une association des classes sociales auxquelles le pêcheur de baleines faisait référence, ne se sent point concerné par le jeu politique. " Il n’y a même pas la moitié des potentiels électeurs sur les listes électorales. L’on a bien vu le divorce entre le peuple et ceux qui gouvernent en février. Des manifestations de mécontentement dans tout le sud camerounais ont fait 40 morts en moins d’une semaine [décompte gouvernemental]. Comment peut-on dès lors parler sérieusement de modification de la Constitution ? ", s’interroge l’auditeur.
Pierre Moukoko Mbonjo reprend le micro comme un sabre au clair. Il dit son indignation chaque fois qu’il entend ce type de propos qui tendent à faire croire que le Rdpc ne gouverne pas avec le peuple. Même aux Etats-Unis, parangon de la démocratie, seuls "35% des américains " consentiraient à participer à la désignation du président.

Exit donc le crime de lèse légitimité. Si le Rdpc est si fort et si populaire pourquoi la soldatesque a-t-elle investi les rues pour empêcher la colère du peuple et les voix contre la modification de la Constitution de s’exprimer ? Et puis, souligne (encore) Garga Haman Adji, qui empêche les inscriptions sur les listes électorales ? Qui se charge de bourrer les urnes, susurre une autre voix dans la salle.
Certainement pas Pierre Moukoko Mbonjo qui ne voit que des femmes en pagne du Rdpc partout où il bat campagne, fières de voter pour son parti, le Rdpc. Mais au fait, pourquoi accordent-elles leurs voix à des dirigeants dont les "résultats sont mauvais " ? Ce Sénégalais, que l’émissaire du parti au pouvoir tente de convaincre, hors micro, de la spécificité du problème camerounais, un pays où l’on ne parle pas une langue qui cimente la société comme le wolof sénégalais, un pays avec de nombreuses ethnies, où chaque décision du chef de l’Etat est contradictoirement interprétée, pourrait bien aider les Camerounais à trouver la réponse. Chez lui, n’a-t-on pas goûté à l’alternance ? Mais on n’en aura pas le temps. Une heure, c’est vite épuisé. Le débat est terminé et tant pis pour Ahmadou Ahidjo dont l’héritage devait être mis sur la table de discussion.
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