Eia pour le cicomore nègre Eia pour le baobab royal Eia Barack Obama
Vincent Sosthène Fouda, in africanindependent.com « Entre ici Barack Obama, avec ton terrible
cortège », ces mots furent prononcés en hommage à Jean Moulin par André Malraux le 19 décembre 1964. Ils raisonnent de toute leur profondeur en chacun de nous au moment où toute l’Amérique
tourne la page des douloureux événements qui ont marqués son histoire depuis le IXe siècle jusqu’à l’aube du 20e siècle.
Des cales de Bateaux de Négriers longeant les côtes africaines et semant le souffle de vie nègre sur chacune des côtes du monde occidental, des côtes sud américaines, caraïbéennes, nord
américaine, « Et je me dis Bordeaux et Nantes et Liverpool et New York et San Francisco pas un bout de ce monde qui ne porte mon empreinte digitale et mon calcanéum sur le dos des gratte-ciel et
ma crasse dans le scintillement des gemmes ! Qui peut se vanter d’avoir mieux que moi ? Virginie. Tennessee. Géorgie. Alabama Putréfactions monstrueuses de révoltes inopérantes, marais de sang
putrides trompettes absurdement bouchées Terres rouges, terres sanguines, terres consanguines. » Voila pourquoi je danse mes danses nègres pour toi Barack Obama. Tu suscites tant d’espoir pour
les Etats-Unis d’Amérique, pour le monde et pour l’Afrique aussi qui fait partie de cette commune humanité, prise dans des guerres internes qui nous confinent dans une attitude stérile du
spectateur pourtant tu invites chacun à retrousser les manches et brique par brique à construire un monde nouveau. Ta parole est l’accomplissement de la prophétie de nombreuses générations
d’hommes et de femmes qui t’ont précédées aux Etats Unis d’Amérique. Qui ne comprendrait pas ton message aujourd’hui ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre. Parce que tu as
retrouvé le secret des grandes communications et des grandes combustions, ta « bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ta voix, la liberté de celles qui s’affaissent au
cachot du désespoir. »
Tu viens de prononcer les 35 mots qui t’introduisent à la Maison Blanche, tu y entre avec ceux et celles qui sont morts dans les caves et dans les calles de bateau, tu y entre avec tous les rayés
et tous les tondus des camps de concentration, tu y entre avec « le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ». Tu y entre portant dans tes
bras le corps inerte, sans vie d’un enfant palestinien. Tu y entre avec le peuple né des espoirs de l’Amérique entière parce qu’elle est le cœur du monde libre. Tiens ferme la branche de
l’olivier pour distribuer la paix au monde entier. Tien ferme car, après le « we can » tu nous offre « we are one » et nous le sommes vraiment dans la commune humanité ! Blanc, Noir, Beur, Jaune,
les bleus et les rouges, parce que tu incarnes aujourd’hui pour tous la réalisation de l’humain dans une société sans races. Ce n’est pas l’Amérique qui est réconciliée avec elle-même c’est
l’humanité dans ce qu’elle a de plus noble ! Qui a dit que l’œuvre de l’homme est finie ? Tu nous montres que l’œuvre de l’homme ne fait que commencer, elle se poursuit, il reste donc à l’homme à
conquérir toute la beauté de notre monde, il reste à l’homme à mettre à la disposition de tous ce soleil qui tourne parce qu’il éclaire toute la terre. Tu viens d’un univers de sorcier et de
raison, un pays où les morts ne sont point morts c’est pourquoi tu écoutes plus les choses que les êtres parce que tu ne désires que servir tes semblables. Ils tiennent haut ton bras, le peuple
de ton père et le peuple de ta mère. Ils t’offrent comme unique héritage la foi sauvage du sorcier afin que tu prophétise notre monde beau – de Bordeaux à Liverpool, d’Alabama à San Francisco
nous te faisons commissaire de notre sang, nous te faisons de toi un homme de terminaison, un homme d’ensemencement. Monsieur le Président, demain ne sera pas un autre jour car les cloches de ton
entrée à la Maison Blanche ne cesseront jamais de résonner ! Puisses-tu, unique race les entendre car elle sonne pour toi.
Vincent Sosthène FOUDA Chercheur à l’Université du Québec à Montréal