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Publié par Delphine E. Fouda

Les récents évènements qui ont marqué le contexte sociopolitique camerounais ont donné une claque au régime de M.Biya. Au peuple descendu dans la rue pour revendiquer ses droits, le chef de la tyrannie a une fois de plus légitimé ses forces répressives pour faire régner sa loi. Cependant la révolte du peuple a réussi à ébranler le système corrompu du régime crapuleux.
 
Par Delphine E. FOUDA
 
France 03/03/2008. Il est loin le temps des beaux discours aux promesses fallacieuses qui ont longtemps plongé les camerounais dans l’hébétude. Le cri de détresse s’est rapidement transformé en cri du Cor, et des quatre coins du pays, le peuple s’est levé pour dire non au pouvoir méphistophélique. Fidèle à sa politique, le régime a usé des armes pour imposer la loi du silence. L’amphitryon d’Etoudi règne en s’abreuvant du sang de la jeunesse immolée dans la rue.
 Le bilan est lourd et s’alourdira certainement encore plus dans les jours à venir. Les pertes en vies humaines se chiffrent par centaines. La plupart sont des jeunes lycéens et collégiens. La machine répressive a procédé à de multiples arrestations. A Yaoundé, la capitale politique, selon des informations dignes de foi une dizaine de jeunes manifestants ont été condamnés à 15 ans d’emprisonnement ferme. Traduisant ainsi la volonté du despote à réduire au silence la jeunesse et à instaurer un climat de terreur. Egal à lui-même, l’homme de Meyomessala ne permettra aucune contestation relative à la modification de la constitution ; un projet qui sera bientôt examiné à l’assemblée nationale où trône une majorité écrasante de députés du RDPC issus du scrutin de juillet 2007. Des élections qui ont été entachées, comme cela est de coutume, de fraudes massives, d’irrégularités et de mascarade.
undefined Déployant ses ‘’moyens légaux’’ pour faire régner l’ordre, M. Biya instaure un Etat d’urgence au Cameroun. Selon Madeleine AFITE, Coordinatrice de l’ACAT-Littoral et de la Maison des Droits de l’Homme du Cameroun, jointe au téléphone dimanche matin, « il est difficile de donner un nombre exact de personnes tuées par balles ; car malgré le calme apparent qui est revenu, on continue d’entendre des coups de feu et des gens sont tués. Les populations vivent dans la peur et les familles des victimes, par crainte de représailles ne déclarent pas leurs morts ».
 Point n’est besoin de rappeler que le Cameroun est dirigé depuis 1982 par Paul Barthélemy Biya dont le règne est entaché de crimes déguisés, d’assassinats, d’exécutions extrajudiciaires et du viol de la conscience collective. A cela s’ajoute la corruption qui s’est érigée en mode de gestion. A 75 ans sonné, l’homme des ‘’Grandes Ambitions’’ a longtemps nourri les camerounais de beaux discours qui ne cadrent pas avec la réalité. Déconnecté de l’actualité de son pays et du quotidien de ses concitoyens, celui qui préside aux destinées de la République du Cameroun, est resté dans l’ignorance de la volonté du peuple.
La presse privée s’est retrouvée dans le collimateur de la machine répressive. Le châtiment que subissent les radio et Tv Equinoxe à Douala, Magic FM à Yaoundé ainsi que quelques organes de presse écrite, témoignent des craquelures que connaît le système du grand Manitou d’Etoudi.
 
Entre beaux discours et réalité…
 
Le 31 décembre 2004, M. Biya promettait en s’adressant à la nation, de construire ‘’ un bel avenir’’ aux camerounais leur disant tout le prix qu’il attachait à l’amélioration des conditions de vie des populations et d’une façon plus générale au progrès social. Le 22 décembre de la même année, au cours d’un conseil ministériel qu’il présidait, il recommandait à ses collaborateurs de s’assurer que « les conditions de vie des populations s’améliorent progressivement et de manière visible ». Seulement quatre ans plus tard, le peuple continue de vivre dans l’accablement à cause des conditions de vie extrêmement difficiles. L’électrification et l’accès à l’eau potable demeurent encore des exploits à réaliser dans un pays aussi riche que le Cameroun. Les coupures intempestives d’électricité dont la durée reste parfois indéterminée ont d’ailleurs amené les populations à manifester pour demander le retour de l’énergie. Ce fut le cas des villes d’Abong Mbang et de Bamenda où des élèves avaient été froidement abattus par les forces de l’ordre et des autorités administratives les 17 septembre et 09 novembre 2007, au cours des manifestations qui se voulaient pacifiques.
 
Dans une société déjà ravagée par de graves inégalités, et dans laquelle les pouvoirs publics distillent la corruption, avec un appareil judiciaire favorisant la corruption, les populations n’ont trouvé pour seul moyen d’expression que la rue. Et à ce cri de détresse, M. Biya et son régime ont répondu par la violence.
 
De sources généralement bien informées, les encenseurs du régime sont aux abois. Et pour cause, ils n’avaient pas présagé une révolte populaire d’une telle ampleur sur l’ensemble du territoire. Dans leur détermination à châtier tout ennemi du régime, les bourreaux de la République se déploient à travers des réseaux de renseignement pour exterminer tout esprit contestataire. C’est dans ce cercle vicieux et funeste que sont tués de nombreux combattants pour la liberté, à l’instar de Jacques Tiwa, assassiné le 28 février par l’armée camerounaise.
 
Malgré l’arsenal de guerre déployé sur le terrain pour contester les revendications du peuple, le glas semble avoir sonné pour celui que ses flagorneurs ont tôt fait de baptiser l’homme lion. Les évènements du mois de février laissent entrevoir une déliquescence du règne crapuleux.
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