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Publié par Delphine E. Fouda

Parfait Tabapsi, Mutations , 18/12/2008. Jean Marc Ela est bien mort. Dans la journée du dimanche 14 décembre dernier à Montréal. Où il s'était retiré après son départ du Cameroun en 1995, convaincu d'être menacé de mort à la suite de sa volonté de voir la lumière faite sur l'assassinat du père Engelbert Mveng.

Il s'en va à l'heure où la communauté chrétienne s'apprête à célébrer la fête de la nativité. Même si d'aucuns persistent à réfuter ce qu'il est advenu de lui, nombre de sources indiquent qu'il a pourtant déjà rejoint le pays des anges. Où il va certainement continuer à se préoccuper du Cameroun. Ce pays qu'il a tant aimé et si souvent servi.

Hier à Mvan dans la concession du commissaire Pierre Ela, parent du sociologue Jean Marc Ela disparu, il était difficile de se faire une idée de l'affliction de la parentèle présente. Tant ici on préfère épiloguer sur ce qui reste aux yeux de beaucoup une rumeur. Lors de notre passage dans l'après-midi, nous nous sommes laissés dire que l'information sur le décès du célèbre chercheur n'était guère vraie. Alors que des sources indiquent que l'atmosphère de la veille y la nouvelle était plus tôt celle de deuil. Et ce même si la famille persiste à nous dire que "vous avez poussé les gens à rappliquer ici pour s'enquérir de la situation alors qu'il n'en est rien. D'ailleurs, il n'est pas exclu que plainte soit déposée contre votre directeur et le rédacteur de l'article", a-t-on entendu de celle qui semblait être l'épouse de M. Ela qui était absent.

Et face à notre insistance d'avoir les dernières nouvelles du prélat exilé, nous n'avons essuyé qu'un silence et un refus sec. Un refus pour le moins surprenant puisque des informations font état de ce que Félix Oyono, ancien enseignant au département de sociologie de Yaoundé I et actuellement au Canada, aurait appelé la famille dans l'après-midi de lundi pour lui annoncer la triste nouvelle.
Toute la journée d'hier pourtant, différentes sources aussi bien au Cameroun que hors des frontières nationales, étaient concordantes: Le prélat et universitaire est décédé à Montréal au Canada. Jean-Paul Mbia, un proche collaborateur du ministre de l'Enseignement supérieur le soutient en tout cas. Dans les milieux de l'Eglise, des "autorités religieuses " ont par exemple saisi le doctorant en sociologie Armand Leka Essomba dans la journée pour lui signifier la triste nouvelle.

Pourtant il est mort
Il ressort aussi que la procédure de rapatriement de la dépouille aurait même été entamée à Montréal. Sur la même lancée, des dominicains (sa congrégation), approchés à Yaoundé se contentent de dire que "les grandes douleurs sont muettes". L'un d'eux assure cependant que le prélat est bien mort à Montréal où il résidait depuis son départ du Cameroun il y a une douzaine d'années.
Si pour l'instant aucun communiqué officiel du ministère de l'Enseignement supérieur (Minesup), ou du clergé n'est venu confirmer la nouvelle du décès de Jean Marc Ela, au campus de l'Université de Yaoundé I par contre où le chercheur avait enseigné par le passé, les étudiants semblent être au courant de la nouvelle comme on peut s'en rendre compte avec le témoignage de l'un d'eux que nous publions ci-contre. Mieux, le chef du département de sociologie Valentin Nga Ndongo nous a avoué être au courant "D'abord par le chef de la cellule de communication du ministère de l'Enseignement supérieur (Minesup) qui m'a envoyé un Sms ; ensuite par un collègue du département de sociologie qui se trouve avoir des rapports de parenté avec feu Jean Marc Ela."

A la représentation de L'Harmattan, son éditeur, à Yaoundé, nous n'avons malheureusement pas rencontré les responsables qui auraient pu apporter leurs témoignages suite à cette information. Mais des échanges avec les employés en service dans la librairie sise à l'arrière de l'immeuble de la mort, il ressort que le prélat est effectivement décédé. D'ailleurs, il ne saurait en être autrement dans la mesure où André Julien Mbem, conseiller éditorial et directeur des collections "Grandes figures d'Afrique" et "Etudes eurafricaines" depuis Paris a alerté notre directeur de publication mardi en début d'après-midi. Dans son courriel, on pouvait en effet lire : "Je vous annonce le décès de Jean Marc Ela, auteur de notre maison d'édition où il a récemment publié son testament intellectuel intitulé : L'Afrique à l'ère du savoir : science, société et pouvoir.

Ayant été en charge de la publication de cet essai dans notre maison d'édition, je souhaite publier dans votre journal un article sur cet ouvrage majeur qui résume aussi l'homme et l'œuvre. Cordialement" ! Avec cette mort, la communauté intellectuelle camerounaise perd là l'un de ses fleurons. Et c'est fidèle à une ligne directrice qui a toujours été celle de Mutations que ces deux pages ont été concoctées aux fins de rendre hommage à l'intellectuel prolifique, iconoclaste et profond qu'aura été Jean Marc Ela. Lui qui consacra une partie de ses recherches et de sa vie dans les basques de Baba Simon au milieu des Kirdis du Nord Cameroun à Tokombéré. Lui dont les sermons sont restés mémorables du temps où il était en service à Mélen. Lui qui aura marqué plus d'un lors de son passage au département de sociologie de l'Université de Yaoundé I. Lui dont les travaux et les ouvrages ont toujours eu pour terreau sa patrie et son continent. Lui dont on n'a sûrement pas fini de parler, tant sa production intellectuelle fut immense et profonde.

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