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Publié par Delphine E. Fouda

Quelle belle parade ! Pour éblouir  les institutions financières internationales, Paul Biya joue les enchanteurs. Après la barbarie des forces répressives de son  régime qui a réduit au silence des ténèbres plus d'une centaine de jeunes manifestants camerounais, l'annonce faite au début du mois sur la revalorisation des salaires des fonctionnaires a eu le mérite de distraire les esprits candides.
Par Delphine Fouda

France 03/17/2008
Finalement, le gouvernement aurait miraculeusement trouvé la combinaison qui permettra de disposer durablement des moyens financiers pour réhabiliter ces salaires. Une perspective qui avait été écartée lors de l'adoption du budget 2008 par l'Assemblée nationale en décembre dernier.

Cette décision, aussi prompte fut-elle au lendemain des évènements tragiques qui ont marqué le pays, est loin d'être une volonté de répondre au cri du peuple.

Il n'est pas inintéressant de relever qu'au moment même où les populations exprimaient leurs doléances dans la rue, une mission conjointe du Fonds Monétaire Internationale (FMI), de la Banque Mondiale (BM)  et de la Banque Africaine de Développement (BAD) séjournait au Cameroun depuis le 21 février. Une situation assez embarrassante pour le locataire d'Etoudi qui depuis quelques années s'est lancé dans une opération de ponce pilatisme pour sauver la face.

Devant les institutions financières internationales qui étaient des témoins oculaires de ce contexte chaotique, l'homme lion s'est retrouvé cloué au pilori. Impossible de camoufler à nouveau ce désenchantement des populations par des rapports bien ficelés.

De même en septembre 2007, alors même que les représentants du FMI et de la BM étaient en visite au Cameroun, Paul Biya en a profité pour jouer la carte de Mister Clean, en procédant au réaménagement de son gouvernement le 07 septembre, prouvant ainsi à ces hôtes ''embarrassants'' sa détermination à lutter contre la corruption, un fléau dont il  est le parrain.

Il nous souvient également qu'en 2003, l'Agence Française de Développement (AFD) avait exigé des dirigeants camerounais un audit du Feicom (Fonds spécial d'équipement et d'intervention intercommunale). Une condition qui devait permettre à ladite structure de recevoir une partie des ressources issues de l'allègement de la dette française.

C'est finalement au mois de mai  2005 que l'audit mené conjointement par les cabinets français 2AC et camerounais ACP, a donné lieu à un rapport hallucinant. En moins de 4 ans, Emmanuel Gérard Ondo Ndong alors directeur général avait réussi à distraire près de 26 milliards de francs CFA. On notait en outre, des surfacturations de l'ordre de 800 %.

En 2006, après que l'ambassadeur des USA au Cameroun  eut déploré au cours d'un point de presse l'absence de sanctions, en déclarant notamment que la publication des listes de fraudeurs ne suffisait pas pour  lutter contre la corruption et qu'il fallait en plus appliquer l'article 66 du code pénal, le ministre de la justice vint évoquer  par la voie des médias gouvernementaux l'étude d'une demi-douzaine de dossier relatifs aux gestionnaires indélicats.

Ainsi naquît l'opération épervier. Emmanuel Gérard Ondo Ndong qui était dans l'œil du cyclone fut cueilli chez lui. Le pitoyable gestionnaire, avait beau déclarer que ''c'était pour la bonne cause''. Même comme l'ancien DG du Feicom avait révélé les principaux bénéficiaires de ces détournements, notamment Paul Biya, le RDPC et la Fondation  Chantal Biya, il a tout de même écopé de cinquante ans d'emprisonnement ferme. 
                                 

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