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Publié par Delphine E. Fouda

                              Xavier Luc Deutchoua, Le jour quotidien 27/05/2008. Comment le président de la République a régulièrement été tenu au courant du processus d`acquisition d`un avion pour ses déplacements.

Affaire albatros : Paul Biya suivait tout 
L`affaire de l`acquisition d`un avion pour les besoins de déplacement du chef de l`Etat ne finira pas de si tôt de révéler ses dessous.

De source proche de l`enquête à la Pj, avons-nous appris, le président de la République savait tout. Et suivait de très près aussi bien l`affaire Apm que les affaires Gia et Albatros, ainsi que les batailles aux relents politico-tribaux que se livraient certains protagonistes camerounais pour le contrôle de cet important marché.
Septembre 2002, par exemple, indique t-on, Paul Biya a reçu la fiche technique, les plans et photos d`un Boeing Business Jet (Bbj) que le Cameroun se proposait d`acheter à la firme. Un appareil, d`une valeur de 52 milliards de Fcfa. L`empressement du chef de l`Etat à acquérir ce joujou était tel à l`époque qu`un chèque de 24 milliards de Fcfa avait été tiré au bénéfice de la firme Boeing.
Cet argent a été payé via un mécanisme compliqué : la Snh accorde une avance au Trésor public, qui effectue le virement dans les comptes de Gia, qui, à son tour, transfère l`argent dans les comptes de Boeing. Les personnalités entendues à ce jour sur l`affaire signalent qu`une somme aussi importante n`a pu être sortie des caisses de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) sans l`accord de Paul Biya. Le subterfuge mis en place pour surmonter les réticences du Fmi et le la Banque mondiale, et qui consistait à acquérir l`avion au nom de la Camair et de l`immatriculer au nom de l`Etat du Cameroun, a été imaginé par l`entourage et, selon les personnalités mises en cause dans le scandale, validé par le chef de l`Etat.
Que s`est-il passé pour que ce Bbj, prêt dès octobre 2002, ne soit finalement pas livré? Selon nos sources, deux choses auraient, au dire des accusés, fait reculer Paul Biya. Le ministre des Finances de l`époque, Michel Meva`a Meboutou, n`arrêtait d`insister sur l`attitude des institutions de Bretton-Woods, très remontées contre ce projet de dépense. L`entêtement du Cameroun, faisait-il comprendre, mettait en péril les négociations en vue de l`atteinte du point d`achèvement. Ensuite, les risques de saisie des avions Camair dans les aéroports du monde faisaient frémir les responsables en charge du dossier.
Paul Biya se serait donc finalement rendus à ces arguments. "Le Chef de l`Etat estimait aussi avoir

demandé des sacrifices au peuple camerounais pour l`atteinte du point d`achèvement, et se montrait déterminé à assumer sa part de sacrifices pour la réalisation de cet objectif, dût-il continuer à emprunter des avions de location pendant quelque temps", a expliqué un des protagoniste entendu à la pj.
En avril 2003, Paul Biya aurait donc donné instruction de maintenir le principe de l`acquisition d`un avion neuf auprès de Boeing, pour l`après point d`achèvement, mais, entre temps, d`examiner la possibilité, avec Boeing, de louer un appareil " pour un ou deux ans ", c`est-à-dire, la période restante pour l`atteinte du point d`achèvement et le temps nécessaire pour la construction et l`aménagement d`un nouvel avion.
Ainsi commence la phase d`acquisition de l`Albatros proprement dite. Là aussi, révèle t-on au cours des dépositions à la pj, Biya est proche du dossier. Il aurait engagé le ministre des Finances à jouer la transparence avec le Fmi. C`est lui qui aurait instruit ses collaborateurs d`aborder ouvertement le sujet de l`acquisition d`un avion avec la mission du Fmi qui séjourne au Cameroun en avril 2003. " Il faut conduire cette opération de manière transparente vis-à-vis de nos principaux partenaires ", aurait recommandé le chef de l`Etat. Qui demande aussi de tout mettre en œuvre pour la récupération de tout ou partie de l`acompte de 24 milliards déjà versé via GIA. Enfin, ce même mois d`avril 2003, il aurait exigé un échéancier pour l`acquisition d`un aéronef en leasing.
Pour notre informateur qui relaie les déclarations des personnes entendues, c`est fort de cette onction présidentielle que l`ambassadeur Gérôme Mendouga se rend à Seattle, le siège de Boeing, en juin 2003, pour solliciter des propositions d`avions susceptibles d`être loués. Le chef de l`Etat veut, dit-on, disposer d`un avion à large rayon d`action et de grande capacité (en termes de passagers et de fret), avec des performances comparables à celles du 767, le Dja de la Camair, déjà affrété plusieurs fois pour les déplacements du Chef de l`Etat. A défaut d`un avion Vip. Trois propositions d`avions en module passagers (un 757-200, deux 767-200) auraient été soumises à Jérôme Mendouga.
Sur les trois avions, pourquoi avoir choisi l`Albatros plutôt que les deux autres? Qui a décidé de ce choix ? Sur quelle base ? Paul Biya a-t-il donné son accord pour ce choix précis ? Si donc, d’après les personnes entendues à la Pj,, Paul Biya suivait tout, pourquoi a-t-il laissé faire ?


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