Sanction: Marafa obtient la tête de Kingue
Noé NDJEBET MASSOUSSI , Le Messager du 03/06/2008 Les carottes semblent désormais cuites pour le maire de la commune de Njombe-Penja révoqué.
Ça y est ! Paul Eric Kingue n’est plus maire de la commune de Njombe-Penja. Un décret du président de la République signé le 2 juin 2008 et lu hier sur les antennes de la Cameroon radio
television (Crtv), poste national, le révoque de ses fonctions de maire de Njombe-Penja pour « irrégularités constatées dans la gestion des revenus communaux ». Cette décision est l’aboutissement
d’un processus déclenché le 29 février 2008. Ce jour, un arrêté du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), Marafa Hamidou Yaya, suspendait ce jeune maire élu
en septembre 2007 de ses fonctions pour une durée de 3 mois. Il avait été interpellé à 14 heures, soit une heure seulement après la lecture de l’arrêté ministériel.
La suspension de Paul Eric Kingue, détenu à la prison de Nkongsamba, est arrivée à expiration jeudi dernier, 29 mai 2008. Cinq jours après, sa révocation survient alors que l’information
judiciaire des deux plaintes contre lui n’est pas encore bouclée. Jusqu’au 2 juin 2008 à 20 heures, il espérait que le juge d’instruction allait finalement décider de le traduire devant la barre
ou de déclarer le non lieu. Sa révocation est venue enterrer les derniers espoirs qu’il nourrissait encore, après avoir été lésé par la grâce présidentielle du 20 mai dernier. Les carottes
semblent alors définitivement cuites pour ce magistrat municipal qui a présidé aux destinées de la commune de Njombe-Penja pendant 6 mois seulement. C’est peut-être aussi sa descente aux enfers,
au regard des enjeux que charrie son incarcération.
Bien que le décret présidentiel portant révocation de Paul Eric Kingue ne désigne pas son successeur, la vie ne doit pas s’arrêter dans la commune de Njombe-Penja. Selon la loi n° 2004-18 du 22
juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes, « en cas de révocation, de suspension, d’absence ou tout autre empêchement (…), le maire est provisoirement remplacé par un adjoint dans
l’ordre de l’élection et, à défaut d’adjoint, par un conseiller municipal pris dans l’ordre (art. 103 al. 1).» En clair, Esther Bebey, ménagère à Njombe-Penja, 1er adjoint au maire, devrait
assurer la suppléance et liquider les affaires courantes jusqu’à l’élection du nouveau maire. Elle ne devrait cependant ni se substituer au maire dans la direction générale des affaires de la
commune, ni modifier les décisions du maire déchu ou l’effectif budgétaire. La loi est muette sur les délais de la tenue de l’élection du nouveau maire.
Au fait, Paul Eric Kingue a été suspendu selon la gendarmerie pour incitation à la violence et co-action en bande, selon Marafa hamidou Yaya pour utilisation de deniers publics de la commune à
des fins personnelles ou privées, faux en écriture publique authentique, et selon Paul Eric Kingue pour avoir fait payer des taxes aux sociétés de bananeraie pour la première fois depuis leur
création. A la vérité, que reproche-t-on finalement à Paul Eric Kingue ?