Cameroun-Yaoundé: La police tabasse les commerçants
Souley Onohiolo, Le Messager,
17/10/2008. Moins de deux semaines après l’inauguration du marché central n° 2 de Yaoundé, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) est
passé à la phase de répression.
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Hier matin, Gilbert Tsimi
Evouna a envoyé deux camions de policiers en expédition punitive. Ceux-ci ont matraqué, écrasé et emporté la marchandise des revendeuses installées aux abords des boutiques nouvellement
construites au marché central n°2. Et pourtant ce matin comme d’habitude, la centaine de revendeurs (en majorité des femmes) qui arpentent ce qui jusqu’ici était encore une ruelle
secondaire du marché central, sont venus s’installer pour vendre leurs espoirs. Tous sont spécialisés dans la vente des harengs et crevettes séchés (bifaka et mandjanga).
Combien parmi eux avaient regardé la Crtv-télé la veille ? Dans un reportage, la Communauté urbaine laissait à entendre que “ l’entêtement des revendeurs sur cet espace après l’inauguration du marché, était perçu comme de la provocation. Le fait qu’ils refusent d’occuper les boutiques, et continuent d’installer leurs marchandises sur les devantures de ceux des commerçants en règle est une mauvaise concurrence ”, s’offusquait un agent. Cette sortie était un signe prémonitoire montrant que la répression allait suivre… Hier à 9 heures 30 minutes, alors que les revendeurs ne se doutent de rien, deux camions de policiers arrivent sur les lieux et bouclent les deux entrées du marché. Postés en embuscade, deux robustes et athlétiques éclaireurs engagent un courageux sprint à l’intérieur du marché. Ils crient désespérément : “ Awaraaa, Awaraa ”, en guise d’avertissement. Les plus rapides ont juste le temps de glisser leurs paniers et cartons de marchandises sous les pneus de voitures. Les plus téméraires s’asseyent sur leurs marchandises en livrant leurs dos aux matraques et cravaches des policiers. Très nombreux, les policiers réussissent à encadrer la majorité, se saisissent des harengs et crevettes séchés qu’ils déversent dans les camions. Impuissantes devant l’exploit policier, les revendeurs n’ont que leurs yeux pour pleurer. Interrogés sur le refus d’occuper les nouvelles boutiques du marché qui pour la majorité sont encore vides, les revendeurs parlent des prix hors de portée et la surenchère organisée par les agents de la Cud. |
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