Cameroun - Attaque de Limbé : Les langues se délient
La Nouvelle Expression, 29/10/2008. Les langues commencent à se délier au sujet des mobiles et de l’identité des assaillants.La Nouvelle Expression a appris des sources généralement bien introduites, que les premiers éléments qui intéressent les multiples équipes d’enquête constituées pour faire la lumière sur l’attaque de Limbe, sont les douilles des balles ramassées après le départ des assaillants.
Cameroun - Insécurité : Questions et révélations sur l’attaque de Limbe
Une expertise balistique aurait permis d’établir que nombre de ces minutions font partie du stock de l’armée camerounaise ; emporté le 12 novembre 2007, lorsque des inconnus avaient attaqué les positions des militaires camerounais et fait 21 morts dans la péninsule de Bakassi.
Les armes emportées à cette occasion auraient aussi servi à Limbe. Hypothèses : soit ces armes et minutions ont été achetés chez les responsables de l’attaque du 12 novembre, soit il s’agit de la même bande. Autres révélations qui ne manque pas de pertinence : nombre de ceux qui ont attaqué Limbe, parlaient français. La Nouvelle Expression enquête actuellement sur un sergent chef de l’armée camerounaise, vivant à New Town aéroport à Douala et qui serait pris dans le cadre de ces attaques. Une source officielle de l’opération Delta que nous avons contactée, ne confirme pas ces informations.
A la suite des événements de Limbé, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Remy Ze Meka, a expliqué que ces agresseurs ne viendraient pas de loin. Et a d’ailleurs minimisé leurs armes (les kalachnikov) qui ne feraient pas une foudre de guerre. Dans la foulée, il a reproché à Amity Bank de n’avoir pas suffisamment protégé son institution bancaire, facilement vulnérable. Réagissant à la sollicitation de la chaîne de radio anglaise, Bbc, il a révélé qu’il était au parfum d’une rumeur de menaces sur les intérêts économiques du Cameroun sur ses côtes.
Sons de cloche discordant
Mais le premier Ministre n’est pas sur la même longueur d’onde que le ministre de la Défense. A l’occasion de la conférence conjointe des sections du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) tenue à Muyuka, près de Buea, le 11 octobre dernier, Inoni Ephraïm avait reconnu plutôt que l’armée camerounaise avait été surprise devant des agresseurs aussi puissamment armés. Et qu’elle n’était pas préparée à leur réserver une riposte adéquate. Seulement, il faudra expliquer aussi comment des hommes aussi lourdement armés ont pu opérer avec une aisance aussi déconcertante dans une région où les forces de défense sont supposées être en état d’alerte permanent, compte tenu des attaques à répétition dont l’armée camerounaise est victime depuis ces derniers mois.
Les déclarations du patron de la défense nationale et de son chef de gouvernement, sont aussi troublantes que la torpeur qui s’est emparée des responsables administratifs et des forces de maintien de l’ ordre du Sud-Ouest durant tout le temps que les “ étrangers ” ont dicté leur loi.
Un marin qui est un habitué du sud-Ouest et de la région de Bakassi, explique “ qu’il est moins effrayant que des agresseurs aussi aguerris dans le maniement des armes, viennent de l’extérieur du territoire national, parce qu’il est possible de prendre des dispositions pour surveiller les frontières ”. Mais il soutient plutôt que les auteurs de l’attaque de Limbe ne pouvaient pas venir de loin, parce qu’ils n’auraient jamais eu le temps de parcourir les centaines de kilomètres qui séparent Limbé de la frontière avec le Nigeria, sans être repérés, et avec de petites embarcations sans grande capacité de réserve d’essence. Il est par conséquent terrifiant qu’un groupe aussi puissamment armé, aussi professionnel dans la manière, vienne de l’intérieur du Cameroun. Une telle éventualité ne devrait pas effrayer seulement le bas peuple qui demeure pantois devant l’attitude bouleversante et incompréhensible que les autorités ont adoptée, cette nuit là, dans le chef lieu du département du Fako.
Retour sur scène
Dans la nuit du 27 au 28 septembre 2008, des assaillants à bord de trois embarcations, ont débarqué vers 1 heure du matin dans la ville balnéaire de Limbe. Aussitôt ils ont établi un périmètre de sécurité dans le quartier administratif (Down Beach) où ils ont opéré tranquillement. Pendant près de trois heures, des banques sont dévalisées, des documents confidentiels emportés des bureaux de Amity Bank et de la préfecture du Fako.