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Publié par Delphine E. Fouda

 Pauline Biyong, La Cité 312/10/2008. A l'heure de la transition politique au Cameroun, que celle-ci se produise en 2011 ou plus tard, que laissera Paul Biya à la postérité? Pour le moment pas grand chose...
Transition, changement, oui, mais à partir de quoi ? Tel est le fondement de la transition, ou du changement, dont il est de plus en plus question au Cameroun. Transmettre quoi ? Changer quoi ? Quel visage présente notre pays, à ce jour, à l'heure où le départ du président Biya commence à s'annoncer ?

UNE ECONOMIE AU PLUS BAS

Commençons par le nerf de la guerre, à savoir, l'économie nationale. Quelle est sa situation en 2008, soit à trois années de la future présidentielle? Nul besoin d'être agrégé de sciences économiques pour se rendre compte que celle-ci se trouve au plus mal. Celle-ci s'est effondrée
dès les premières heures du régime du renouveau de Paul Biya. Il n'est point nécessaire d'entrer dans le débat sur la responsabilité de celui-ci ou non, ce qui importe, c'est le résultat:
1985, avènement du renouveau national camerounais ; 1986, entrée du Cameroun dans la crise, accord avec les institutions de Bretton Woods. Notre pays n'en est toujours pas sorti, malgré les PAS, les PPTE, les " bouts du tunnel ", les C2D, les " Points d'achèvement ", etc. La
population a bu, jusqu'à ras-bord, ce charabia, mais n'a rien vu de nouveau ni d'encourageant au fond de son porte-monnaie qui puisse être, pour lui, un objet de réjouissance.


UNE POPULATION TOUJOURS MARGINALISEE

Au lendemain de sa prise de pouvoir le 6 novembre 1982, le président Biya s'était engagé à placer son règne sous le signe de la démocratisation de la vie politique. D'une part, il aura fallu que François Mitterrand, président en France, tape du poing sur la table pour que Paul Biya daigne ramener le multipartisme au Cameroun, d'autre part, malgré cela, tout a été mis en oeuvre pour
que la population continue à être maintenue loin de la décision politique. Par exemple, par trois fois de suite, Paul Biya a procédé à une modification de la constitution du Cameroun. Toutes les trois fois, il en a tenu à distance le peuple camerounais.

La première fois a été le 4 février 1984. A cette occasion, Paul Biya a modifié, pour la première fois, la constitution, afin de faire de lui-même, le seul maître à bord au Cameroun. D'une part, il a mis fin au poste de Premier ministre, d'autre part, il a mis fin à la République Unie du Cameroun, et a institué la République du Cameroun tout court. Un tel changement, cela va sans dire, aurait dû s'effectuer avec le consentement du peuple, autrement dit, à la suite d'une consultation populaire qui ne peut être qu'un référendum. Mais, Paul Biya est passé par une assemblée de parti unique, celle de l'UNC, dont on sait comment celle-ci avait été élue.

La seconde fois, a été en 1996. La modification de la constitution, qui devait consacrer le retour du Cameroun à un régime de pluralisme politique, conformément aux résolutions de la Conférence Tripartite de Yaoundé tenue en fin d'année 1991, d'une part s'est produite cinq longues années plus tard, sans que nul n'en sache la raison, d'autre part, a vu son esprit totalement transformé, enfin, s'est produite, une fois encore, sans consultation aucune du peuple. La constitution de 1996 est un exemple unique, au monde, de constitution élaborée par courrier postal, par fax, par appels téléphoniques, le tout, pour présenter à la face du monde que la population a été associée à son élaboration. Bien mieux, Paul Biya est même totalement entré en opposition avec ses ministres. Joseph Owona, un des rédacteurs du projet présenté par la presse, ne s'est plus reconnu dans la mouture définitive transmise au Parlement par Paul Biya. De même, Augustin Kontchou Komeni, son ministre de la communication, s'est retrouvé en porte-à-faux, à la suite de ses déclarations. Tandis que lui il parlait d'un "grand débat" autour de cette  odification constitutionnelle, Paul Biya, pour sa part, est venu rectifier ses propos, et s'est mis à parler, plutôt, d'un "large débat". Finalement, le peuple camerounais s'est retrouvé avec une constitution qui lui tombait dessus comme une pluie, et qui consacrait la toute puissance du président de la République. Elle en faisait un roi.

La troisième fois, a été la modification constitutionnelle qui s'est produite au cours de l'année 2008. Une fois de plus, Paul Biya a évité, soigneusement, le peuple, et a recouru au parlement où il s'était attelé, quelques mois auparavant, à faire entrer, en majorité, les députés de son parti politique. Lui-même, du reste, en avait annoncé la couleur : " donnez-moi une majorité confortable pour réaliser les grandes ambitions. Unique résultat des "grandes ambitions", à ce jour, Paul Biya s'éternise au pouvoir.

UNE POPULATION PRISONNIERE DES SECTES

Plus qu'ailleurs, le Cameroun est actuellement prisonnier des sociétés secrètes, sectes, et autres cercles de sorcellerie et de magie noire. Les frasques de la classe dirigeante sur ce plan sont, tout simplement, homériques, tellement les histoires qui se racontent sont totalement  invraisemblables. Meurtres rituels pour entrer au gouvernement ou ne pas en être éjectés, sacrifices humains divers pour ne pas se voir poursuivi par la justice, etc, sont les pratiques
qui rythment les dernières années du régime du renouveau national camerounais qui avait pourtant commencé sur le slogan, déjà oublié, de " moralisation des comportements individuels et collectifs ". Autrement dit, le régime qui avait entamé, tout au moins en déclarations,une révolution puritaine, est en train de s'achever dans une sorte de Sodome et Gomorrhe.


LA POLITIQUE EXTERIEURE

Que dire de la politique extérieure du Cameroun, qui se caractérise par un absentéisme de sa diplomatie et que les propagandistes du régime ont pompeusement qualifiée de " diplomatie de présence". Elle a valu, entre autres revers, au Cameroun de se retrouver bon dernier lors de
la désignation d'un nouveau directeur général de la Banque Africaine de Développement. Que dire de la perte de la Bourse des valeurs d'Afrique Centrale, tout simplement parce que le chef de l'Etat camerounais était absent lors du sommet qui devait décider du pays d'accueil de cette institution financière capitale ?
Que dire des absences du Président aux sommets de l'Union Africaine?
Que dire des larges délégations qui font ridiculiser notre pays à toutes les conférences hors d'Afrique? Il faut savoir quitter les choses avant qu'elles ne vous quittent.
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