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Publié par Delphine E. Fouda

  AFP, 01/11/2008.Le commandant Ebi Dari, chef des Bakassi Freedom Fighters qui assure détenir 10 otages dont six Français enlevés vendredi dans la péninsule de Bakassi, a affirmé samedi à l'AFP que son groupe était prêt "à garder les otages très longtemps". Lire la suite l'article

"Le gouvernement du Cameroun ne nous a pas encore contactés. S'il ne nous appelle pas, nous garderons les otages pour très longtemps. Nous pouvons les garder très, très longtemps", a affirmé le commandant Dari contacté par téléphone depuis Libreville.

Le chef rebelle n'a pas voulu dévoiler quels étaient les demandes exactes que ferait son mouvement au gouvernement affirmant: "Nous avons envoyé un document il y a trois mois avec nos revendications pour des négociations de paix. Le gouvernement n'a pas répondu".

Demande-t-il l'indépendance de Bakassi? "Pas exactement", a-t-il répondu laconiquement à l'AFP.

Le chef rebelle a réitéré à l'AFP que les otages étaient "bien traités" et précisé qu'on ne pouvait leur parler parce qu'ils se "trouvent dans la forêt hors de la zone de couverture du téléphone".

Les 10 otages ont été capturés dans la nuit de jeudi à vendredi sur un navire du groupe français Bourbon, le Bourbon Sagitta, opérant sur un terminal pétrolier, au large de la péninsule de Bakassi, à la frontière avec le Nigeria.

Le groupe rebelle avait précédemment assuré qu'il renonçait à les tuer, comme il en avait fait la menace.

"Nous n'allons pas les tuer. Nous avons changé d'avis après une réunion. Il n'y a plus d'ultimatum", a affirmé le commandant Ebi Dari.

"Les otages sont bien traités et nous continuerons à bien les traiter", a-t-il poursuivi, précisant qu'ils étaient détenus dans la péninsule de Bakassi. "Mais, nous ne les relâcherons pas jusqu'à ce que nous obtenions ce que nous voulons: parler avec le gouvernement camerounais", a-t-il assuré.

Sur la radio française Europe 1, il a précisé : "Nous n'avons aucun problème avec le gouvernement français et nous n'aurions rien à gagner à tuer des Français".

Outre les six Français, les otages sont deux Camerounais, un Tunisien et un Franco-Sénégalais.

La veille, un autre responsable des BFF, le brigadier Akipee, avait menacé à plusieurs reprises de tuer les otages un par un avant lundi. "Si vous ne dites pas au gouvernement camerounais de venir ici (à Bakassi) discuter avec nous, nous les tuerons tous dans trois jours", avait-il notamment déclaré.

Le commandant Dari a précisé qu'il n'avait eu pour le moment aucun contact avec le gouvernement camerounais ni avec le gouvernement français.

La veille, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner avait indiqué que la France n'était pas en contact avec les ravisseurs.

"On est encore dans la phase de vérification de qui sont les ravisseurs, où sont les otages et quelles sont exactement les revendications", a affirmé samedi le porte-parole ministère des Affaires étrangères Eric Chevallier.

Il a commenté: "Evidemment (le fait que les ravisseurs ne veulent plus tuer les otages) c'est un soulagement parce que les déclarations d'hier étaient préoccupantes mais on était prudent sur la réalité de ces revendications hier, on reste prudent aujourd'hui".

Les motivations du groupe qui affirme agir au nom des "gens de Bakassi" restent floues. Le brigadier Akipee avait parlé "d'autodétermination" mais selon des sources proches des militaires camerounais, ils chercheraient surtout des "compensations financières".

Le gouvernement camerounais, qui a affirmé vendredi "mettre tout en oeuvre" pour la libération des otages, a dépêché sur place le ministre chargé des Relations avec le Commonwealth, Joseph Dion Ngute, spécialiste du secteur.

La péninsule de Bakassi, dont les eaux sont potentiellement riches en pétrole et gaz, est une région de mangrove instable où de nombreux groupes armés sont actifs. Elle a été rétrocédée au Cameroun par le Nigeria le 14 août après quinze ans d'un différend frontalier.

Les cinq membres d'équipage du "Bourbon Sagitta" qui n'ont pas été enlevés ont convoyé le bateau jusqu'à Douala où il est arrivé dans la matinée. Ils ont été accueillis par une équipe de Total et de Bourbon qui avaient dépêché des spécialistes de ce genre de situation, a-t-on appris de sources concordantes.

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