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Publié par Irène Sidonie Ndjabun

Séraphin Nko’o était venu se faire opérer pour une hernie Discale. Il est passé de vie à trépas. En quelques minutes.Dans l’allée cloisonnée qui conduit à la salle d’opération de l’hôpital central de Yaoundé (HCY) ce mercredi 21 avril 2010, trois civières y sont disposées. Le premier posé juste face à la porte d’entrée est vide. Les deux autres qui sont placés en parallèle moins d’un mètre plus haut sont occupés. Celui qui est dans le prolongement du premier est occupé par une dame qui vient d’être opérée. Sur le dernier installé à côté repose la dépouille de Séraphin Nkooh, entièrement recouverte par un drap de lit.  Il vient de décéder à la suite d’une carence technique. Selon les informations de son épouse, «le médecin a entamé l’opération sans ambages, puis a été surpris par une rupture d’oxygène.

Le temps que les choses soient rétablies, le patient a fait un arrêt cardiaque et s’est éteint». C’est par téléphone que la famille qui attendait dans le hall d’entrée a été prévenue du drame, selon une des sœurs cadettes du décédé. Et c’est du personnel médical que l’épouse qui racontait le déroulement a appris la cause de la mort de son conjoint.  Dans le couloir, ces dames sont hors d’elles, leurs hurlements retentissent dans tout l’hôpital. Le cousin et cadet qui lui aussi était venu accompagner son frère est abasourdi. «Il portait un short comme le mien, mais un peu plus court, et un tricot démembré » dit-il, choqué.  Avant d’ajouter qu’il s’est passé à peine 40 minutes entre le moment où l’infirmière est venue l’appeler pour l’emmener en salle d’opération, et l’annonce de sa mort.

Il est environ 13h30 minutes, autour de lui dans l’aile gauche du pavillon ORL (otho- rhino laryngologie) qui jouxte le bloc opératoire, quelques dames originaires du même village que Séraphin elles aussi ont discuté avec le défunt à leur arrivée dans la mâtinée. L’une d’entre elles raconte qu’elle lui a même confié le carton des produits destinés aux soins de sa sœur cadette pour aller chercher d’autres médicaments à la pharmacie. Selon cette dame«Il portait le carton dans ses bras, et avait un petit sourire sur les lèvres lorsque je suis revenue».  Ses frères, sœurs et épouses, ne comprennent toujours pas comment un monsieur qui est arrivé par ses propres moyens jusqu’au bloc peut en ressortir pour être conservé à la morgue. 

C’est à A 13h45 environ que le corps sans vie de séraphin Nkooh a été sorti du bloc opératoire et déposé dans le couloir. Ses amis et connaissances qui ont convergé vers l’HCY au début de l’après-midi parlent d’un bel homme, très généreux.   Il avait à peine 35 ans, s’était fait une place dans l’informel. Au niveau de l’administration de l’HCY, la Directrice, Lucienne Bela  et sa secrétaire sont toutes les deux absentes.  La surveillante générale approchée n’en sait rien et ignore le nom du médecin traitant. Ce dernier pour sa part devait procéder à une seconde intervention chirurgicale selon ses collaboratrices qui nous suggérait de nous rapprocher de lui pour avoir le fin mot de l’histoire.  A notre retour une heure plus tard, il avait déjà quitté  l’hôpital selon un infirmier.  Qui a laissé entendre que l’ «oxygène manque à l’hôpital».


Irène sidonie Ndjabun, www.jumelles-blog.africaciel.com


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