Cameroun : Tuée pour s'être opposée à la corruption
Domwa Justine exigeait que les agents de recouvrement des taxes lui
délivrent un reçu contre le paiement de cette somme.
Quartier Etoudi, vendredi dernier aux environs de 14 heures, en face du Commissariat. Madame Domwa, la quarantaine, s’affaire
avec ses employées dans son salon lorsque surgissent cinq individus. 3 civils et 2 policiers en tenue se présentent à elle comme des contrôleurs de Planète Media, la structure chargée de
recouvrer les taxes sur l’affichage des enseignes publicitaires. Selon les témoignages recueillis sur place, ces agents auraient sommé la dame de payer une somme de 12.500 F correspondant au
droit de disposer d’une plaque plantée à côté de la chaussée, juste devant son salon.
Elle répond aux agents qu’elle ne dispose pas de cette somme à ce moment là. Les contrôleurs menacent alors de sceller son salon si elle ne s’acquitte pas de cette redevance. Devant le ton ferme et la détermination des agents, elle finit par les convaincre de repasser plus tard, le temps de trouver la somme réclamée. Ceux-ci partis, elle appelle un de ses proches grâce à qui elle finit par obtenir de l’argent. La voisine de dame Domwa, une gérante du débit de boisson attenant au salon de coiffure témoigne qu’au retour des contrôleurs, une discussion animée a attiré son attention.
La coiffeuse exigeait que les agents, toujours flanqués des deux policiers, lui fassent d’abord un reçu avant de payer. Devant leur refus, elle décide de ne pas débourser le moindre franc. A l’en croire, la discussion entre la coiffeuse et les contrôleurs qui menaçaient de sceller son établissement, se serait alors faite plus vive. Déterminée à ne payer que contre un reçu, les contrôleurs auraient alors pris la résolution de sceller son établissement.
Ils s’y entendront dire qu’elle est déjà décédée. Pris de panique, ils tentent de s’échapper, mais ils sont immédiatement repris par le service de sécurité et la population qui accourt et menace de les lyncher. Des éléments de gendarmerie viendront les en extraire menottes au poignet. Chez la victime, la douleur de la famille est à son comble. Madame Justine Domwa, apparemment connue de tous, est décrite comme une personne agréable sur qui reposait la charge d’une famille nombreuse.
Aujourd’hui, on n’a toujours pas l’explication du décès brutal de celle qui s’adonnait régulièrement au sport de maintien, selon de nombreux témoins. Des supputations vont bon train sur ce que seraient devenus les mis en cause et dans la famille ; on assure d’ores et déjà qu’une plainte a été déposée auprès des juridictions compétentes.
© Emergence : DOMINIQUE BELING-NKOUMBA