Manifestants tués : Le gouvernement veut faire disparaître les traces
07.03.2008
Des sources dignes de foi affirment que des instructions ont été données pour procéder à l’autopsie des corps et dissimuler les éléments confondants.(Le Messager )
Saura-t-on réellement le nombre de personnes tuées lors du mouvement populaire de revendications sociales la semaine dernière ? Le gouvernement avance le chiffre de 17 morts alors que des organisations non gouvernementales parlent d’une centaine de décès, sous réserve de terminer leur comptabilité. Au moment où la polémique enfle, l’on apprend de sources hospitalières que le gouvernement vient de donner des instructions visant à dissimuler les preuves de décès par balles. Selon nos sources, il est demandé aux différents hôpitaux où des corps ont été gardés de procéder rapidement à l’autopsie afin d’en extraire les projectiles. Il est question d’une part, de faire disparaître toute trace pouvant confondre les auteurs de ces actes et d’autre part, minimiser le nombre de morts.
Mardi 4 février 2008, Madeleine Afité, déléguée régionale de l’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), affirmait sur Rfi puis le lendemain mercredi au journal Le Messager qu’il y aurait eu “ au moins 100 personnes tuées parmi les manifestants entre lundi 25 et jeudi 28 février ”, précisant que “ de nombreuses personnes ont été tuées après l’allocution du chef de l’Etat… ”. Elle se basait sur des informations provenant des “ sources crédibles ” dans les dix provinces du Cameroun. Au même moment, le ministre de la Communication, Jean-Pierre Biyiti bi Essam intervenait sur la même radio pour apporter un démenti formel aux propos de Mme Afité. “ A l’état actuel des renseignements et des enquêtes, nous ne déplorons pas plus de 17 morts ”, témoignait-il alors. Une chose est sûre, c’est qu’un certain nombre d’éléments rassemblés par Le Messager, à ce jour, permettent d’affirmer que plus de 17 Camerounais sont tombés sous le coup des balles la semaine dernière.
Hécatombe
A Kumba, au mercredi 27 février, on signale trois morts et de nombreux blessés. Ce jour-là, Oyema Paul, 24 ans, un Nigérian réparateur de réfrigérateur, a été abattu à Mbongo alors qu’il tentait de forcer un corridor routier. Il a été enterré à la hâte par les membres de sa communauté. Emmanuel Tabungong, lui, a été tué par des militaires à Sonac Kumba, en face de la route principale du marché. Même sort réservé à Anya Elvis Eyong, un chauffeur de taxi-brousse né le 04 janvier 1963. A Njombé, un corps reçu à la morgue et deux autres à Penja. A Loum, on dénombrait 6 morts à la même date et 5 à Limbe.
A Bonassama (Douala), la morgue de l’hôpital a enregistré 9 morts par balles alors que pour la seule journée de lundi 25 février, trois dépouilles par balles ont été déposées à l’Hôpital Laquintinie de Douala avant 12 heures. Parmi ces corps, ceux de Jabea Christian Daniel, un adolescent de 16 ans abattu près de l’Hôtel Lewat et Ibaben, un technicien du câble tué au niveau de Feu rouge Bessenguè. Il faut y ajouter les dépouilles de Ndogmo, Djonang, Mbami que les familles ont reconnues. Du côté de Ndogpassi (Douala), les corps de Nana Giresse, moto taximan de 23 ans, et Thimothée Ngantchou Njenteng, 19 ans, du lycée technique de Kumasi, ont formellement été identifiés. On sait enfin que ce désormais tristement célèbre mercredi matin, des dizaines de manifestants ont été contraints de se noyer dans le fleuve Wouri alors qu’ils voulaient simplement aller présenter leurs doléances au gouverneur de la province du Littoral contre la vie chère.
Si on ne s’en tient qu’à ces données, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une vraie hécatombe. Le gouvernement souhaiterait avancer des chiffres minorés afin, probablement, de continuer de se donner un visage humain, respectable à l’intérieur comme à l’extérieur du Cameroun.
Par Jean-Célestin EDJANGUE
Des sources dignes de foi affirment que des instructions ont été données pour procéder à l’autopsie des corps et dissimuler les éléments confondants.(Le Messager )
Saura-t-on réellement le nombre de personnes tuées lors du mouvement populaire de revendications sociales la semaine dernière ? Le gouvernement avance le chiffre de 17 morts alors que des organisations non gouvernementales parlent d’une centaine de décès, sous réserve de terminer leur comptabilité. Au moment où la polémique enfle, l’on apprend de sources hospitalières que le gouvernement vient de donner des instructions visant à dissimuler les preuves de décès par balles. Selon nos sources, il est demandé aux différents hôpitaux où des corps ont été gardés de procéder rapidement à l’autopsie afin d’en extraire les projectiles. Il est question d’une part, de faire disparaître toute trace pouvant confondre les auteurs de ces actes et d’autre part, minimiser le nombre de morts.
Mardi 4 février 2008, Madeleine Afité, déléguée régionale de l’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), affirmait sur Rfi puis le lendemain mercredi au journal Le Messager qu’il y aurait eu “ au moins 100 personnes tuées parmi les manifestants entre lundi 25 et jeudi 28 février ”, précisant que “ de nombreuses personnes ont été tuées après l’allocution du chef de l’Etat… ”. Elle se basait sur des informations provenant des “ sources crédibles ” dans les dix provinces du Cameroun. Au même moment, le ministre de la Communication, Jean-Pierre Biyiti bi Essam intervenait sur la même radio pour apporter un démenti formel aux propos de Mme Afité. “ A l’état actuel des renseignements et des enquêtes, nous ne déplorons pas plus de 17 morts ”, témoignait-il alors. Une chose est sûre, c’est qu’un certain nombre d’éléments rassemblés par Le Messager, à ce jour, permettent d’affirmer que plus de 17 Camerounais sont tombés sous le coup des balles la semaine dernière.
Hécatombe
A Kumba, au mercredi 27 février, on signale trois morts et de nombreux blessés. Ce jour-là, Oyema Paul, 24 ans, un Nigérian réparateur de réfrigérateur, a été abattu à Mbongo alors qu’il tentait de forcer un corridor routier. Il a été enterré à la hâte par les membres de sa communauté. Emmanuel Tabungong, lui, a été tué par des militaires à Sonac Kumba, en face de la route principale du marché. Même sort réservé à Anya Elvis Eyong, un chauffeur de taxi-brousse né le 04 janvier 1963. A Njombé, un corps reçu à la morgue et deux autres à Penja. A Loum, on dénombrait 6 morts à la même date et 5 à Limbe.
A Bonassama (Douala), la morgue de l’hôpital a enregistré 9 morts par balles alors que pour la seule journée de lundi 25 février, trois dépouilles par balles ont été déposées à l’Hôpital Laquintinie de Douala avant 12 heures. Parmi ces corps, ceux de Jabea Christian Daniel, un adolescent de 16 ans abattu près de l’Hôtel Lewat et Ibaben, un technicien du câble tué au niveau de Feu rouge Bessenguè. Il faut y ajouter les dépouilles de Ndogmo, Djonang, Mbami que les familles ont reconnues. Du côté de Ndogpassi (Douala), les corps de Nana Giresse, moto taximan de 23 ans, et Thimothée Ngantchou Njenteng, 19 ans, du lycée technique de Kumasi, ont formellement été identifiés. On sait enfin que ce désormais tristement célèbre mercredi matin, des dizaines de manifestants ont été contraints de se noyer dans le fleuve Wouri alors qu’ils voulaient simplement aller présenter leurs doléances au gouverneur de la province du Littoral contre la vie chère.
Si on ne s’en tient qu’à ces données, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une vraie hécatombe. Le gouvernement souhaiterait avancer des chiffres minorés afin, probablement, de continuer de se donner un visage humain, respectable à l’intérieur comme à l’extérieur du Cameroun.
Par Jean-Célestin EDJANGUE
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