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Publié par Delphine E. Fouda

Strasbourg - France/- 01-04-2008 Icicemac.com & camer.be(Delphine E. FOUDA)
 Le 05 avril prochain à la Salle Paul Delvaux - Gite Etape Auberge de la Jeunesse Jacques Brel à Bruxelles, aura lieu une soirée consacrée à la disparition des jeunes camerounais massacrés au cours des mouvements de revendications populaires de février 2008. La mémoire des étudiants morts par noyade en Guinée Conakry le 15 mars dernier y sera également honorée. Mais au préalable,aura lieu une procession funéraire symbolique dans les rues de Bruxelles, suivi du dépôt d’un cercueil devant l’ambassade du Cameroun.

A l’initiative du Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (Le CODE), cette soirée est l’expression d’un devoir de mémoire vis-à-vis de ceux qui ont eu le courage de dire non au régime méphistophélique. Au menu de cette veillée nationale qui se déroulera de19h à minuit à la 30e  Rue de la Sablonnière, l’on aura droit entre autres, au témoignage des familles des martyrs, à la projection des films authentiques sur la barbarie des forces répressives de Paul Biya ainsi qu’à la présentation du fondement légal de la logique insurrectionnelle contre un régime tyrannique. Il sera également question de dénoncer le système éducatif camerounais dont la décrépitude entraîne des milliers de jeunes camerounais assoiffés de connaissances, à quitter leur berceau pour s’abreuver sous d’autres cieux. Cette déportation de la jeunesse camerounaise est bien souvent jalonnée de circonstances dramatiques à l’instar de la tragédie qui a endeuillé une fois de plus, de nombreuses familles le 15 mars dernier.

 Alors même que les massacres perpétrés par l’armée camerounaise au profit de la dictature de Paul Biya au cours du mois de février 2008, n’avaient pas fini d’alimenter les conversations dans les cases, le drame de nos jeunes compatriotes qui ont péri dans les eaux en République de Guinée Conakry est venu remuer le couteau dans la plaie.

 Un espoir brisé
Inès, Alida Claire, Marius, Boris, Nadine, Elvis, Sandrine, Estelle, Christian…caressaient certainement de leur vivant,  le rêve de se forger une belle carrière. Fuyant les contraintes frauduleuses qui gangrènent l’univers académique de leur pays, ces jeunes étudiants avaient choisi de ne point sombrer dans la clochardisation ; leur parcours académique en témoigne.  Après un programme hebdomadaire meublé d’études et d’examens, ils ont ambitionné de se distraire. Une excursion  sur l’île de Room au large de la capitale guinéenne leur sera fatale : l’embarcation  à bord de laquelle ils se trouvaient va chavirer, ne leur laissant plus le choix de poursuivre leur rêve. Des morts qui accusent un régime qui n’a jusqu’ici, réussi à servir à la jeunesse que des discours aux promesses fallacieuses et donc non tenues ! Comme les morts de Conakry, ceux de Nsam, dénonçaient également un contexte social décadent devenu chaotique à ce jour.

 Le 14 février 1998, plus de 250 camerounais périssaient dans les flammes à Nsam, un quartier de Yaoundé. Parmi les victimes, de nombreux jeunes et enfants. A l’origine de la catastrophe, ‘’l’explosion accidentelle’’ d’une citerne de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp). Les responsabilités n’ont jamais été déterminées. En effet, des wagons-citernes renversés ‘’accidentellement’’ sur les rails représentaient une opportunité pour les populations riveraines qui ployaient sous le joug de la pauvreté. Celles-ci, pour survivre s’adonnaient à des activités frauduleuses telle que le trafic du zoua zoua (essence) avec la complicité de quelques agents de la Scdp et des forces de l’ordre qui assuraient la sécurité du site, d’où leur inefficacité à prévenir la catastrophe. Les autorités camerounaises, fidèles à leur idéologie mensongère avaient trouvé légitime de soutenir la thèse de la sorcellerie pour occulter la vérité. Il restait évident que toutes ces personnes mortes calcinées étaient des victimes de la faim souffrant du désaveu de l’Etat. S’adressant aux chefs de quartier, la ministre des affaires sociales d’alors, Marie Madeleine Fouda, crut bon de recommander à ses interlocuteurs de tout mettre en œuvre pour calmer les sorciers. De prétendus sorciers, ‘’auteurs présumés’’ de la catastrophe qui avaient vraisemblablement, aussi réussi à détourner l’aide sociale destinée aux familles sinistrées. Car les subventions importantes versées par des gouvernements étrangers et des organismes internationaux s’étaient envolées mystérieusement sans laisser de traces.

 On se souvient qu’au cours d’une messe qu’il officiait le 22 février 1998, Mgr Jean Zoa , archevêque de Yaoundé, avait vivement dénoncé cette paupérisation de la société, déclarant que ‘’cet évènement est le fruit de la misère’’ ou encore ‘’ les morts de la pauvreté’’. Un mois pus tard, le 20 mars il décédait subitement à la cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé, en pleine célébration à laquelle prenait d’ailleurs part le couple présidentiel.

 De même, le 17 septembre 2007 Jean Jaurès et Bertrand tous deux élèves au Lycée Technique d’Abong Mbang, à l’Est du  pays ont vu leur vie supprimée. Ils furent froidement assassinés par le Préfet de ladite localité Sylvestre Essama et un commissaire de police au cours d’une manifestation populaire qui demandait le retour de l’électricité dont ils étaient privés depuis 4 mois. Ces lycéens avaient eu la maladresse de croire, en se mêlant à la foule, qu’une simple revendication d’un des droits le plus élémentaires serait entendu. Ce fut aussi le cas de trois jeunes collégiens tués le 09 novembre de la même année dans la ville de Kumba pour les mêmes raisons. Ceux-ci rejoignaient ainsi leurs aînés, étudiants également tués en 2005 par les forces de l’ordre au cours de manifestations estudiantines.

 Au final, ce sont ces vices que nos jeunes compatriotes ont osé décrier dans les rues de nos villes en février dernier. Bravant les forces barbares  de la répression, ils sont tombés sous les balles de ceux  qui ont brisé leurs rêves et leur espoir. Pour eux, un devoir de mémoire s’impose pour dire non au plan génocidaire du régime de Paul Barthélemy Biya.

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