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Publié par Delphine E. Fouda

 

  

Pour imputer l’origine des manifestations de revendications populaires de février dernier au Social Democratic Front (SDF), le ministre de l’Administration Territorial et de la Décentralisation ( Minatd) a user de déclarations mensongères. Sur les antennes de la CRTV le 10 mars, le  ministre Marafa Hamidou Yaya affirmait que le leader du SDF, Ni  John Fru Ndi a

vait été aperçu le 27 février à Bamenda en compagnie d’un criminel évadé de prison. Un gros mensonge que met à nu le confrère du quotidien Le messager.



© 2008 Quotidien Le Messager (Jean-Célestin EDJANGUE), Douala le 08-04-2008 (Jean-Célestin EDJANGUE), Douala le 08-04-2008

 

 

 

Affaire Marafa-Fru Ndi : Marafa au tribunal pour diffamation
L’éclairage de l’assassin de Nourry
Il doit s’expliquer, le 29 avril, sur ses propos concernant l’évasion de Bissong Daniel, détenu à la prison centrale de Douala dans le cadre de l’assassinat du boucher français Nourry.
“ Nous avons effectivement servi une citation directe au ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), M. Marafa Hamidou Yaya, pour diffamation. Cette action judiciaire fait suite aux propos de ce ministre tenus sur les ondes de la Crtv, le 10 mars 2008, au moment où il dressait le bilan humain et matériel de la semaine de braise au Cameroun ”. Me Mbami Augustin estime que le Minatd a sali l’honneur de son parti. Il affirmait notam-ment qu’un criminel bien connu, évadé de la prison centrale de New-Bell, le 25 décembre 2007 où il purgeait une peine de 15 ans d’emprisonnement écopée dans le cadre de l’affaire Nourry, a été aperçu dans la ville de Bamenda le 27 février dernier, en compagnie du Chairman du Sdf, dans la voiture de ce dernier, coordonnant les manifestations. Le parti de Ni John Fru Ndi, dément cette accusation grave, preuves à l’appui.
En milieu de semaine dernière, le parti sert une sommation interpelative par la voie de Me Julienne Happy, huissier de justice, au régisseur de la prison de New-Bell. Le but de cette démarche, vérifier un certain nombre de choses concernant le criminel qui a tué le boucher Nourry. “ Comment s’appelle le détenu qui s’est évadé le 25 décembre 2007 de la prison centrale de New-Bell ? Le détenu Bissong Daniel s’est-il évadé de la prison de New-Bell ? Peut-on le rencontrer et l’identifier ? ”, confie le régisseur de cet établissement d’enfermement, Joseph Tsala Amougou. Une démarche normale, qui participe de la transparence dans cette affaire. D’autant plus que, immédiatement après les déclarations du ministre Marafa, le régisseur de la prison centrale de Douala a reçu des coups de fil, parfois anonymes, le traitant de tous les noms d’oiseau. Sans compter des menaces provenant de la communauté française, dont certains de ses membres ne comprenaient pas que l’assassin de M. Nourry, leur compatriote, ait pu s’évader.
Attendu devant
la barre le 29 avril
La première audience, de cette affaire pour le moins surprenante, est prévue le 29 avril 2008 à 7h30, devant le Tribunal de première instance de Yaoundé Centre-Administratif. Une première audience qui devrait se contenter de vérifier que les prévenus sont bien présents. Après quoi, le juge renverra sans doute l’affaire pour que le Sdf s’acquitte de la consignation. C’est seulement alors qu’une autre audience permettra de débattre du fond de l’affaire. La procédure risque d’être très longue. Mais parallèlement, le Chairman du Sdf a lui aussi servi une citation directe au ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, le 14 mars dernier. Autant dire que le Sdf et son Chairman, sont prêts à aller jusqu’au bout de cette affaire pour que toute la lumière soit faite.
Bissong Daniel - Prison de New-Bell : Condamné à mort
Nous l’avons rencontré vendredi dernier, 4 avril, à la Prison Centrale de Douala. Habillé d’un somptueux ensemble blanc, il a bien voulu s’exprimer sur la polémique créée autour de son évasion par le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation ainsi que sur la vie quotidienne dans l’enfer carcéral de New-Bell.
“ Les propos du ministre relèvent de la diffamation ”
Comment avez-vous été mis au courant des propos du ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la décentralisation, affirmant vous avoir vu à Bamenda aux côtés du Chairman John Fru Ndi lors des émeutes de la fin du mois de février 2008 ?
J’ai pris connaissance des déclarations du ministre Marafa dans les journaux. Car les journaux sont autorisés à entrer en prison. Je pense que ça contribue à informer les prisonniers sur tout ce qui se passe à l’extérieur des ces murs. Il ne faut pas oublier que pour la plupart des prisonniers, la finalité reste de retrouver la liberté.
Quelle a été votre réaction de savoir qu’on dit de vous vous êtes évadé alors que vous affirmez n’avoir jamais bougé de la prison centrale de Douala ?
Dès que j’ai lu ce qui se disait dans la presse, j’ai demandé spontanément à être reçu par le régisseur. D’abord pour qu’il sache que je suis là. Encore que je sais qu’il n’en doutait pas. Nous nous sommes demandés ce qui était entrain de se passer. Pourquoi un ministre de la République a besoin de faire croire au monde entier qu’un détenu s’est évadé et qu’il a été vu en compagnie de tel ou tel autre homme politique. Il faut croire que je dois être un homme très important. Sinon, il n’y a aucune raison objective pour que l’on puisse parler de moi en haut lieu. Les propos du ministre Marafa relèvent simplement de la diffamation. Mais je n’ai pas l’intention de l’attaquer en justice.
L’affaire semble prendre une autre tournure. Le Sdf a envoyé en début de semaine dernière, un huissier de justice avec une sommation interpelative au régisseur de la prison de New-Bell. Avez-vous rencontré l’huissier en question ?
Evidemment. Le régisseur m’a fait appeler de ma cellule au quartier des condamnés à mort. Je pense qu’il s’agissait davantage de vérifier mon identité, de savoir si je suis bien Bissong Daniel. Surtout, l’huissier tenait à savoir si l’information donnée par le ministre qui me disait évadé en décembre 2007 était vraie ou pas. Je crois que je ne peux pas m’être évadé depuis décembre 2007, c’est-à-dire, supposé être dans la nature et me retrouver en même temps en prison actuellement. Je n’ai pas le don d’ubiquité, en tout cas pas encore. En plus, chercher à m’évader de la prison ne correspond pas du tout à ma philosophie de la vie. Surtout à un moment où j’ai entrepris en profondeur ma reconversion. Dieu est entré dan ma vie et je cherche la repentance. Je veux absolument mener une vie normale à ma sortie de prison.
Vous êtes condamné à mort dans l’affaire de l’assassinat du boucher français Nourry. Qu’est-ce qui vous fait entrevoir une quelconque libération anticipée ?
Dans l’affaire Nourry, je suis effectivement condamné pour coaction de vol aggravé avec port d’arme. Mais la veuve de Nourry avait reconnu à la barre que ce n’est pas moi qui ai tiré sur son mari. Je me suis pourvu en Cassation il y a quatre ans. Le recours doit être étudié dans les prochaines semaines. Je garde espoir quant à l’issue de cette procédure. C’est cette foi qui me permet de tenir le coup. La lecture quotidienne du Coran me donne une force spirituelle que je n’avais pas avant d’entrer en prison.
Vous êtes arrivé à la prison de New-Bell à Douala en 1997, soit 11 ans, pour une affaire d’associations de malfaiteurs. Puis est venue s’y greffée l’affaire Nourry pendant vos corvées à l’extérieur. Qu’est-ce qui est le plus dur à vivre dans l’univers carcéral. Est-ce la privation de liberté ou la promiscuité du milieu ?
Bien sûr que la privation de liberté est extrêmement difficile à supporter. Mais les injustices qui se déroulent au quotidien le sont encore plus. Il y a deux grands fléaux qui sont devenus des pratiques quasi institutionnalisées à la prison centrale de Douala. L’homosexualité et la drogue. Or ce que je constate, c’est que l’on ferme les yeux sur les pratiques homosexuelles alors que le trafic de drogue est durement réprimé. C’est paradoxal.

Entretien avec
Jean-Célestin EDJANGUE
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