15 MAI 1957: Il ya 51ans était formé le premier Gouvernement camerounais
Enoh Meyomesse,15 /05/2008 Le mercredi 15 mai 1957 est une date historique auCameroun. Ce jour-là, notre pays s’était doté de son tout premier gouvernement.Le chef de celui-ci, et en même temps, premier Premier ministre du Cameroun,avait été André-Marie Mbida. C’était un gouvernement composé de quatorzeministres et secrétaires d’Etat, en plus du Premier ministre. Qui étaient cespersonnes ?
15 MAI 1957 – 15 MAI 2008 : IL Y A51 ANS QUE LE PREMIER GOUVERNEMENT CAMEROUNAIS ETAIT FORME
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André-Marie Mbida
Mathias Djoumesi
P. Kotouo
Michel Njiné
Adama Haman
Alfred Mandon
M. Marigoh Mboua
Gaston Medou
Germain Tsala Mekongo
Antoine Logmo
François Biyo’o Olinga
Talba Malla
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Ce gouvernement avait vu le jour à l’issuedes élections du 23 décembre 1956, pour l’Assemblée Territoriale du Cameroun,ATCAM. Cette assemblée avait été élue avec pour mission d’étudier le projet de statut du Cameroun déposé par le gouvernement français, conformément à la loi Cadre-Deferre du 23 juin 1956, qui, d’une part, accordait l’autonomie interne aux territoires coloniaux français d’Afrique Noire, d’autre part, octroyait le pouvoir législatif aux assemblées territoriales telle que l’ATCAM l’était. En conséquence, il était convenu qu’à l’issue de ses travaux, l’ATCAM se transformerait en Assemblée législative du Cameroun, ALCAM. Composée de70 députés, l’ATCAM du 23 décembre 1956 avait apporté pas moins de 60amendements au projet de statut déposé par le gouvernement français, bref ,avait véritablement « camerounisé » celui-ci. Ce qui, on l’image bien, n’avait pas été du goût de Paris. Malgré tout, le statut du Cameroun, telqu’adopté par l’ATCAM, avait été promulgué par le gouvernement français, le 16avril 1957, donnant ainsi naissance, par la même occasion, ce jour-là, à l’Etat semi-autonome du Cameroun.
La nouvelle assemblée dénommée, désormais, ALCAM, Assemblée législative du Cameroun, s’était réunie,pour la première fois, le 10 mai 1957, et avait fait de cette date-là, la première fête officielle du Cameroun, en lieu et place du 14 juillet, jour de la fête nationale française, qui se célébrait, jusque-là, au Cameroun.
André-Marie Mbida avait été consultépar le haut-commissaire Pierre Messmer, dimanche 12 mai 1957 à 17 heures, en vue de former le premier gouvernement du Cameroun. A sa sortie d’audience, André-Marie Mbida s’était, aussitôt, installé dans les locaux du service des finances, qui allaient être transformés, par la suite, en Premier ministère. Dès lundi le 13 mai 1957 au matin, André-Marie Mbida a entamé ses propres consultations en vue de laformation du gouvernement. Il a, ainsi, reçu Jules Ninine, président de l’ALCAM et député du Nord Cameroun à l’Assemblée Nationale à Paris, Ahmadou Ahidjo, au nom du groupe de l’Union Camerounaise, lui-même élu de l’ALCAM, Djoumessi Mathias, au nom des Paysans Indépendants et également élu de l’ALCAM, CharlesAssale, au nom de l’Action Nationale, élu également de l’ALCAM, Charles Okala, élu de l’ALCAM non apparenté, et d’autres parlementaires présents à Yaoundé. Le 14 mai, au soir, André Marie Mbida avait achevé la formation du premier gouvernement de l’histoire du Cameroun, et l’avait porté à la signature de Pierre Messmer, haut-commissaire de la République française au Cameroun, conformément aux dispositions du statut du Cameroun promulgué le 16avril 1957.
Le mercredi15 mai 1957, André-Marie Mbida obtenait, par 56 voix pour, 10 voix contre et 4abstentions, l’investiture de son gouvernement par l’ALCAM.
Ce gouvernement à l’œuvre, s’était mis à travailler, de manière collégiale, ainsi que l’exige la démocratie. André-MarieMbida ne décidait pas seul, il prenait la peine de débattre de toutes les questions portant sur le fonctionnement du pays, en conseil des ministres. C’est ainsi qu’au cours du conseil du 6 juin 1957, trois projets de décrets ont été présentés et débattus. Il s’agit : 1/- d’un projet de décret fixant les conditions dans lesquelles sera organisé, par la suite, et fonctionnera le contrôle financier de l’Etat sous tutelle du Cameroun ; 2/- d’un projet de décret relatif à la vente des objets et effets immobiliers saisis pour assurer le recouvrement des impôts ; 3/- d’un projet d’arrêté modifiant les tarifs de session de certaines catégories de matériel végétal.
Au cours de ce conseil des ministres, il avait été décidé que le directeur du contrôle financier de l’Etat du Cameroun, un Français du nom de Truitard, partirait en mission de vérification de la comptabilité du secteur de modernisation du cacao.
Enfin, les conseils de ministres, sous André-Marie Mbida, se tenaient toutes les semaines.
André-Marie Mbida limogé, son successeur,Ahmadou Ahidjo a, tout au début, perpétué cette pratique, puis, une fois l’indépendance obtenue a, purement et simplement, abandonné celle-ci. Quant au successeur d’Ahmadou Ahidjo, Paul Biya, il a transformé les rares conseils des ministres qu’il se décide à organiser quand le cœur lui en dit, parfois après deux ans, en monologues ennuyeux, au cours desquels ils parle, tel Dieu le Père aux pauvres pêcheurs que sont les membres du gouvernement, puis se lève et s’en va.