Ngaoundéré : Sali Daïrou impliqué dans un trafic de voitures
Dieudonné Gaïbaï , Mutations 22/05/2008. ''J’ai 11 véhicules
qui sont dans le bateau en ce moment et qui sont convoyés normalement (Ndlr : par Maersk Line). Moi je n’emprunte pas les circuits parallèles, sinon je crois qu’on me jetterait comme un petit
lapin en prison. Les gens n’attendent que ça. " Se défend Sali Daïrou.
Le député indique plutôt qu’il s’agit des véhicules du colonel Achou.
La porosité de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria vient de dévoiler une autre de ses facettes avec la saisie
effectuée la semaine dernière de deux véhicules achetés à Dubaï. Une saisie effectuée à la gare voyageurs de Ngaoundéré par des éléments de la subdivision active des douanes de Ngaoundéré. Et
pourtant, rien n’indiquait qu’il s’agissait de véhicules non dédouanés. Des plaques d’immatriculation ayant été posées selon les douaniers sur les véhicules Toyota, modèle Land Cruiser et Camry,
dernières sorties. Une information confirmée par des sources au Secteur des douanes de l’Adamaoua qui indiquent que, " les véhicules en question ont survolé l’essentiel des barrières douanières
sans que les douaniers en faction n’aient le courage, au regard du luxe des véhicules, de les interpeller ".
Au cours de la semaine dernière en effet, la tentative de faire embarquer par un train de marchandises deux véhicules escortés par deux gendarmes a échoué. Les services de la douane ayant
sollicité avant l’embarquement des engins, les pièces justificatives du dédouanement effectué. Ils se rendront ainsi compte de ce que les frais de dédouanement ont été sous-évalués. On indique au
secteur des douanes que, cinq millions de Fcfa environ ont été déboursés dans les services de douanes de l’Extrême Nord pour faire dédouaner les deux voitures, par ailleurs neuves. Ce qui a
attiré l’attention des douaniers qui ont conduit les véhicules à la fourrière.
Du coup, la nouvelle de la saisie de véhicules appartenant à Sali Daïrou, a fait le tour du septentrion. Ce d’autant plus que plusieurs personnes réputées être proches du député ont été aperçues
dans les bureaux du chef secteur des douanes de l’Adamaoua. C’est le cas d’Alhadji Issa Maroua, Djidji Issa Yaya… Une thèse confortée par la récurrence des périples qu’effectue le membre du
bureau politique du Rdpc à Dubaï dans le cadre de ses activités commerciales. Des arguments qui de l’avis de Sali Daïrou ne justifient pas l’appartenance des véhicules à sa personne.
Prison
" Je suis un homme d’affaires honnête, se défend-il. Je fais effectivement la ligne de Dubaï, mais mes véhicules sont toujours dédouanés au Port de Douala. J’ai 11 véhicules qui sont dans le
bateau en ce moment et qui sont convoyés normalement (Ndlr : par Maersk Line). Moi je n’emprunte pas les circuits parallèles, sinon je crois qu’on me jetterait comme un petit lapin en prison. Les
gens n’attendent que ça. " Mais le député reconnaît que deux véhicules ont effectivement été mis à la fourrière à Ngaoundéré. " Ce sont les véhicules du Dr Achou, directeur de l’hôpital militaire
de Yaoundé. Il y a effectivement un monsieur de Limani qui lui a proposé de transporter ses véhicules de Dubaï pour Yaoundé. Il se trouve qu’il a fait passer les voitures via le port de Cotonou
et a fait sous-évaluer les charges de dédouanement à la frontière avec le Nigeria. "
C’est ainsi qu’une fois à Ngaoundéré, les véhicules ont été saisis du fait de la sous-évaluation des taxes douanières à l’importation. Le secteur des douanes a réévalué les taxes et a exigé selon
Sali Daïrou le paiement de 44 millions de Fcfa. Le Commandant de la légion de gendarmerie de l’Adamaoua appelé dans la foulée n’a pu faire fléchir le chef secteur des douanes. L’entrée en scène
d’Alhadji Issa Maroua pour plaider la cause du directeur de l’hôpital militaire de Yaoundé n’y a rien fait. On signale aussi les tractations qui seraient initiés par l’ancien maire de Ngaoundéré
Djidji Issa.
Le chef secteur des douanes de l’Adamaoua M. Anjounga joint au téléphone ne nie pas la mise à la fourrière des véhicules en question. Il a estimé qu’il n’était pas de bon ton de relayer des
informations comme celles là. " Sinon, chaque fois qu’il y aura des saisies on va faire de la publicité… " Toujours est-il qu’hier encore selon nos sources, les véhicules étaient dans les
services du secteur des Douanes de l’Adamaoua. Pour qui connaît la fréquence des entrées de véhicules via Banki (Amchidé), on image bien les torts causés par les contrebandiers qui visiblement
réajustent leurs techniques de fraude au quotidien.