1er janvier 2009 – 27 octobre 2009 :Paul Biya , 115 jours sur 300 passé à l’étranger
98 jours de séjour privé et 15 jours de séjour officiel.
Le président de la République, Paul Biya, a regagné le Cameroun le 21
octobre 2009. Et pour marquer son retour, le chef de l’Etat a signé le 23 octobre 2009, une décision portant création de nouvelles sections de son parti, le Rdpc.
Au total, il en a créé sept dans le Centre et l'Ouest, notamment. Le même jour, Paul Biya s’est fait présenter le trophée de la coupe du monde de football. Ce
qui a fait dire à un député du parti au pouvoir que son absence a un impact sur l’évolution des activités de la nation. «C’est vrai que au niveau du comité central du Rdpc, le travail est très
bien organisé, son absence ne saurait constituer un blocage. Mais pour les grandes décisions et la marche de la République, il est toujours indispensable qu’il soit présent pour que les choses
avancent. Son absence, qu’on le veuille ou pas, a une influence sur nos activités et sur celles du gouvernement», indique notre interlocuteur, qui souhaite garder l’anonymat. «Il y a près d’un
an, par exemple, que les préparatifs du congrès du parti (Rdpc, ndlr) ont été bouclés mais jusqu’ici, rien ne peut se dérouler sans son accord et surtout sa disponibilité, il se trouve justement
que ses voyages à l’étranger ne lui donnent pas assez de temps pour gérer ce genre de problème », ajoute notre interlocuteur.
Parti de Yaoundé le 18 septembre dernier pour assister à la 64ème assemblée générale des Nations unies à New York, Paul Biya s’était ensuite rendu en Europe le 29 septembre pour un « séjour privé
». Ce dernier séjour hors du Cameroun a duré 33 jours. Du 1er janvier 2009 au 21 octobre dernier, soit 294 jours, Paul Biya a séjourné à l’étranger pendant 115 jours, dont 97 pour des «séjours
privés » et 18 jours pour des visites officielles notamment en France et à New York.
En 2008 déjà, il avait passé près de 130 jours à l’étranger. Le 28 mai 2008, il va quitter le Cameroun pour un «court séjour privé » en Europe qui s’achèvera le 19 juin 2008. Il séjournera pour
les mêmes raisons, toujours en Europe, du 27 août au 10 septembre 2008, avant de rejoindre New York le 18 septembre 2008 pour participer à la 63ème session de l’assemblée générale des Nations
unies. Paul Biya ne reviendra à Yaoundé que le 3 novembre 2008.
30 janvier 2009 : visite officielle à Libreville (sommet extraordinaire de la Cemac)
22 février – 8 mars : séjour privée en Europe
9 avril - 10 mai : séjour privée en Europe
15 – 16 juin 2009 : visite officielle à Libreville (Obsèques du président gabonais Omar Bongo)
21 au 24 juillet : visite officielle en France
24 juillet – 31 juillet : séjour privé en France
15 août – 5 septembre : vacances à la Baule en France
18 au 29 septembre : visite officielle à New York (64ème assemblée générale de l’Onu)
29 septembre – 21 octobre : séjour privée en Europe
Alain Fogue : « Ses absences répétées sont productrices d'inertie»
Quelles analyses faites-vous des absences répétées du chef sur le fonctionnement de l'Etat?
Même en admettant que le chef de l'Etat aurait d'importantes missions à accomplir à l'étranger dans l'intérêt de la nation, on ne peut s'empêcher de penser que ses absences répétées du pays ont
une conséquence négative sur le bon fonctionnement de l'Etat. En effet, nous sommes dans un système politique hypercentralisé où toute action publique majeure émane de la seule personne du
président de la République, par conséquent ses absences répétées - justifiées ou non justifiées- sont productrices d'inertie. Le cas du Cameroun est probablement unique dans le monde car, même
les présidents américains dont le pays est pour des raisons géostratégiques, économiques, diplomatiques voire culturelles les actifs dans le monde ne voyagent pas autant que notre président. Sauf
à faire admettre que plus on est loin du gouvernail mieux on gouverne, il est incontestable que ces absences rejaillissent sur le fonctionnement de l'Etat.
Quel peut être l'impact de ces absences sur la marche des activités de la nation?
Au delà des conséquences de ces absences répétitives sur le bon fonctionnement de l'Etat, les mesures sécuritaires drastiques liées aux absences répétitives du chef de l'Etat affectent le chiffre
d'affaire de nombreux commerçants qui sont obligés de fermer leurs magasins ou des petits vendeurs qui sont contraints de vider les rues pour la circonstance et créé un manque à gagner pour
l'économie nationale qui peut être significatif.
En raison de la pénibilité de la circulation dans Yaoundé aux heures de pointes, les absences répétitives du chef de l'Etat qui parfois coïncident avec les sorties de classe et des bureaux sont
difficiles pour les travailleurs, les écoliers voire des malades.
Dans un système politique où la marge de manœuvre laissée à la haute administration voire aux ministres est très tenue tant et si bien que peu de responsables administratifs et politiques
prennent la parole en publique sans s'assurer d'avoir rappelé qu'ils ne sont que des exécutants, ces absences répétées bloquent la bonne marche de la nation. En effet, peu sont les Camerounais
qui peuvent affirmer n'avoir jamais été coincés dans un commissariat, une sous préfecture, à la préfecture, à la Région ou dans un ministère simplement parce que le patron des lieux est pris par
la " sortie du grand Chef". Souvent leurs collaborateurs répondent aux usagers qui se montrent incisifs sur les raisons de l'absence de leur patron au bureau par cette formule bien connue des
Yaoundéens:"vous ne savez pas que le chef de l'Etat sort aujourd'hui?".