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Publié par Delphine E. Fouda

              Delphine E. Fouda, africanindependent.com 22/06/2008.Qui répondra des crimes crapuleux perpétrés sur les religieux au Cameroun? Le chef d'Etat camerounais saura-t-il répondre aux préoccupations du pape Benoît XVI? Elles se sont pourtant voulues justifiées et circonscrites au cours de son allocution adressée au nouvel ambassadeur plénipotentiaire du Cameroun près le Saint siège, Antoîne Zanga. Ce dernier était reçu en audience par le pape le 16 juin dernier. 

Il est évident que le trafic d'armes exercé par les membres du clan des sécureaucrates Beti devient extrêmement nuisible au peuple camerounais.
Lorsque Benoît XVI en '' appelle à toutes les personnes impliquées dans la vente ou dans le trafic des armes, avec des intérêts souvent très lucratifs, à s’interroger sur ce qu’engendrent leurs comportements''
, le phénomène connaît une telle prospérité que les nombreuses vies humaines sacrifiées ne comptent pas.

Nous ne reviendrons pas sur le massacre des vaillants soldats, tués à Bakassi en novembre 2007 parce qu'ils étaient devenus des témoins embarrassants dont il fallait se débarrasser.

L'exécution du sous-préfet de Kombo Abedimo dans la zone de Bakassi et de cinq autres personnes, dont un officier supérieur de l'armée, le 08 juin dernier témoignent de la détermination des trafiquants à obstruer toute enquête y relative.

Souvenons nous-en, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1988, le prêtre et journaliste camerounais Joseph Mbassi fut assassiné par la mafia du régime alors qu'il menait une enquête sur le trafic d'armes au Cameroun. Son corps avait été retrouvé au matin du 26 octobre dans sa chambre, horriblement mutilé et couvert de sang. Aucun objet n’avait été emporté, il n’y avait rien de touché, ni argent volé.

Fidèle à sa stratégie trompeuse, la présidence de la République s'était alors empressée d'annoncer la création d'une commission d'enquête qui n'a jamais existé. Ceux dont les intérêts étaient menacés par les découvertes du journaliste avaient choisi de l'éliminer. Son arrêt de mort fut signé.

Dans le milieu des hommes d'église et parmi les proches de Joseph Mbassi, on sait parfaitement que le prêtre fut tué par des éléments de la police camerounaise devenus des bourreaux occasionnels. Les commanditaires de ce crime crapuleux sont bien connus, mais un silence conspirateur demeure. Et ça n'est pas un discours du Souverain pontife qui viendra le briser.

Ils sont aussi bien connus, ceux qui avaient également jugé nécessaire d'éliminer le Révérend Père Engelbert Mveng, un prêtre jésuite et savant. Il avait été retrouvé mort au matin du 23 avril 1995 à Nkolafeme, localité située à 07 kilomètres de Yaoundé, sur la route de Zamengoé. Etranglé, couché dans son lit face au plafond, une profonde blessure à la tête. Ce meurtre est resté jusqu'ici inexpliqué, les enquêtes n'ayant jamais aboutis.
Toutefois des sources dignes de foi ont fait allusion à des « groupes mystiques pratiquant des cultes ésotériques proches des cercles du pouvoir, qui procèdent à l'élimination des intellectuels qui dérangent ».


Mais à la vérité, Le Père Engelbert Mveng en savait un peu trop sur des pratiques peu orthodoxes et sataniques auxquelles s'adonnent les hauts cadres de la République du Cameroun. Il ne manquait d'ailleurs pas, de son vivant, de décrier les assassinats perpétrés par ceux qui détiennent le pouvoir dans le seul but de faire taire.

Il dit une fois à cet effet:
« Une des choses qui me font pleurer, je le dis tout haut, c'est que l'Afrique sacrifie chaque jour les meilleurs de ses enfants sous prétexte qu'un tel a dit qu'il n'est pas d'accord avec tel chef d'État. Je ne peux pas comprendre qu'on condamne un homme à mort pour ses opinions ».

Le 20 mars 1998, Mgr Jean Zoa, alors archevêque de Yaoundé décédait subitement à la cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé, en pleine célébration eucharistique à laquelle prenait part le couple présidentiel.

Ce décès survenait un mois après que l'archevêque ait, le 22 février au cours d'une homélie, dénoncé la paupérisation de la société comme étant à l'origine de ce que l'on a appelé la catastrophe de Nsam. En effet, le 14 février 1998, plus de 250 personnes (jeunes et enfants) périssaient dans les flammes causées par une « explosion accidentelle » des citernes de la Société camerounaise des dépôts pétroliers.

Le regretté de mémoire Jean Zoa avait alors déclaré que cet événement était le fruit de la misère, « les morts de la pauvreté ». Des propos que n'avaient pas apprécié les gouvernants, qui abrutissaient plutôt les populations par une thèse de sorcellerie.

Victimes d'un pouvoir dictatorial et totalitaire


Incarner les valeurs fondamentales de justice et de paix sous le règne de Paul Biya est, pour tout homme d'église, une ambition suicidaire.

Le prélat Jean Marc Ela fut contraint à l'exil pour ces motifs.

En 2005, l'archevêque de Yaoundé, Mgr Victor Tonye Bakot s'était évertué à décrier les dérives qui pervertissent la société camerounaise. Au cours de son homélie du 25 décembre, il ne manqua pas de noter:

« Il ne faut pas que l'assassinat des jeunes enfants pour boire leur sang et manger leurs organes, devienne une valeur dans notre société. Ne cédons pas à la dictature du pouvoir et des richesses. Comment expliquer que pour accéder aux postes de responsabilités, des parents pratiquent l'inceste sur leurs propres enfants? De plus, accéder à un bureau après une nomination devient difficile. Ceci parce que beaucoup de hauts responsables se livrent au satanisme ».
Le 27 mars dernier, Mgr Victor Tonye Bakot était victime de ce que l'on appelle communément au pays un accident de voiture qui « a failli lui coûter la vie ». Il s'en est tiré grâce à une évacuation sanitaire sous le ciel français.

Il n'est pas inintéressant de noter que Mgr André Wouking, successeur de Jean Zoa et prédécesseur de Victor Tonye Bakot, avait quant à lui réprimandé les prêtres qui ne s'adonnaient plus à leur ministère et qui de surcroît s'acoquinaient avec les milieux du pouvoir.

Quelques uns avaient en effet emprunté le sentier des cultes sataniques, facilitant ainsi à leurs amis hauts placés l'accès dans les églises aux activités cléricales. N'a-t-on pas vu certains parmi eux s'attribuer le titre de laïc engagé? Se substituant parfois aux ministres de cultes, ils occupaient les places de choix ainsi que des fonctions au sein des Conseils paroissiaux.

Ceci au grand mépris de la Sainte Congrégation pour la Doctrine de la Foi
qui, sous la signature du Cardinal Ratzinger (aujourd'hui Benoit XVI), publiait en 1983 la déclaration suivante sur les sectes occultes :

« Le jugement négatif de l'église sur la franc-maçonnerie demeure inchangée, parce que ses principes ont toujours été considérés comme incompatibles avec la doctrine de l'église; c'est pourquoi il reste interdit par l'église de s'y inscrire. Les catholiques qui font partie de la franc-maçonnerie sont en état de péché grave et ne peuvent s'approcher de la Sainte communion''.


Mgr Wouking n'aura pas eu suffisamment de temps pour séparer le bon grain de l'ivraie. Il mourra des suites d'un « malaise » le 10 novembre 2002 à Paris, où il avait été évacué le 08 novembre.

Le Pape, qui ne saurait se taire sur
« le décès tragique de Mgr Yves Plumey, du Père jésuite Engelbert Mveng, et plus récemment du Frère clarétain allemand Anton Probst », dénonce cette culture du crime qui continue de prospérer.

Le 03 septembre 1991, Mgr Yves Plumey, évêque à la retraite du diocèse de Ngaoundéré, avait été sauvagement assassiné dans sa maison à Marza dans l’extrême Nord. Selon certaines indiscrétions, il était détenteur des mêmes informations que les religieuses de Djoum.

Les sœurs Marie Germaine et Marie Léone furent retrouvées, un mois plus tôt, dans une mare de sang, complètement enfouies dans les broussailles à Djoum. Les assassins recherchaient visiblement à arracher des informations aux religieuses, car celles-ci avaient été odieusement torturées, y compris violées, avant d'être abattues.
A ce tableau macabre s'était ajouté le décès survenu dans des circonstances mystérieuses du Père Amougou, du diocèse de Sangmélima, en 1992. La mort de ces quatre religieux serait en rapport, selon des sources concordantes, avec la défunte première dame Jeanne Irène Atyam épouse Biya. L’ancienne première Dame s’était confiés aux religieux avant sa mort de toute apparence par assassinat.
En 1985 Mgr Jean Kounou, vicaire général et curé de la cathédrale Notre Dame du Saint Rosaire du diocèse de Mbalmayo, ainsi que son vicaire, l'abbé Materne Bikoa, étaient eux aussi retrouvés baignant dans leur sang un matin. On parlera de deux voleurs qui cherchaient de l’argent. Mais les réels motifs du crime sont restés jusqu’ici inconnu ; une véritable enquête n’ayant jamais été menée.

L’abbé Barnabé NZambo, curé de Mbang, dans l’archidiocèse de Bertoua, est mort le 24 mars 1989, empoisonné par quelqu'un « qui voulait se venger », de quoi? On ne le saura jamais.

De même, l’abbé Apollinaire Claude Ndi, curé de Nkol-Tobo par Awaé, est assassiné à Yaoundé dans la nuit du 20 au 21 avril 2001 à Nkolndongo, par un inconnu. Selon les premiers éléments des enquêtes recueillis sur les lieux du drame le 21 avril, le défunt avait été frappé à la nuque. Le rapport d`autopsie ne constatera pas une mort par strangulation comme le laissait entendre le présumé meurtrier qu'exhibèrent aux yeux du public les hommes du commandant du Gso.
Après plusieurs mises en scène, amplement diffusées sur la télévision nationale, Robert Romuald Ndoumbè Elimbi avait si aisément et trop bien reconstitué « son meurtre » que la page fut vite tournée.

Les évêques camerounais avaient alors dénoncé le meurtre de ce prêtre comme « un assassinat qui allonge la liste des ouvriers apostoliques tués pour des mobiles et circonstances jamais éclaircis par les enquêtes de police ».


C'est donc un Souverain Pontife très au fait de l'actualité de notre pays qui « invite tous les camerounais à avoir une conscience toujours plus aiguisée du bien commun », rappelant aussi au passage qu'un « des devoirs fondamentaux des Responsables politiques est sans aucun doute d’offrir à leurs concitoyens une situation sociale pacifiée et la concorde, s’attachant à mettre fin aux tensions et aux mécontentements, qui engendrent régulièrement des conflits ».

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