Gabriel Mballa Bounoung : « Ntaba est mon domaine privé »
D’où vient le nom Ntaba ?
Originellement, Ntaba c’est une rivière qui a finalement donné son nom au territoire qu’elle traverse.
Comment s’est opérée l’implantation des populations à Ntaba ?
Ntaba appartient à un grand territoire qui est Djoungolo. Mon père, en tant que chef, était le propriétaire de la majeure partie du territoire. D’ailleurs, une bonne partie de Ntaba lui
appartenait. Lorsque je suis né il y a 82 ans, mon père avait installé une fabrique de briques sur l’actuelle parcelle de Ntaba. Les premiers habitants étaient donc des ouvriers de
cette briqueterie, à qui mon père a attribué des lopins de terre. C’étaient d’abord les autochtones. Ensuite, mon père a recruté d’autres ouvriers qui venaient de partout au Cameroun. Après sa
mort, en tant qu’héritier, j’ai continué à attribuer du terrain aux personnes qui m’en demandaient. Et là, ce n’était plus seulement les travailleurs car, plus tard, l’usine a
disparu.
Comment est-on arrivé aux constructions anarchiques qui prévalent aujourd’hui à
Ntaba ?
Il est clair que Ntaba s’est fait sans plan de lotissement. J’attribuais des parcelles de terre aux gens qui allaient construire à leur guise.
Est-il vrai que vous exigiez des sommes d’argent, des biens en nature et un loyer
annuel aux personnes qui vous demandaient du terrain ?
Je gérais mon bien à ma guise. Je donnais du terrain à qui je voulais. Je n’ai jamais vendu de terrain à personne. Je suis le seul propriétaire des terres de Ntaba. J’ai d’ailleurs un titre
foncier. En tant qu’homme politique, j’attribuais gratuitement des parcelles aux personnes qui devenaient de fait mes potentiels électeurs. Si quelqu’un dispose d’un titre foncier,
j’aimerais bien le voir. Tout comme j’attends de voir ceux qui prétendent que je leur ai demandé de l’argent ou des biens en nature
Avez-vous été consulté par la Communauté urbaine qui a décidé de démolir des
habitations à Ntaba?
Je n’ai jamais été consulté. Et je réaffirme que Ntaba est mon domaine privé. L’Etat ne peut donc pas y faire ce qu’il veut. Si c’est le cas, je prendrais les mesures qui s’imposent.