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Publié par Delphine E. Fouda

Madeleine Afîté, ACAT Littoral,20/08/2008.La prison centrale de Douala, située au quartier New Bell, face à la sous préfecture de l’arrondissement de Douala 2ème, construite vers les années 1930 pour une capacité d’accueil de 700 à 800 places, est aujourd’hui peuplée d’environ 3 600 détenus, dont les 2/3 sont des prévenus.


LES FAITS
Mercredi, le 20 Août 2008, aux environs de 4h30’ du matin, un grave incendie a déclenché au quartier « REGIME », réputé garder les bandits de grand chemin, dont la
surveillance requiert beaucoup d’assiduité. Ce quartier est composé de six (06) cellules (01, 02, 03, 04, 05 et 06) regorgeant de ce fait, chacune pas moins de deux cents (200) détenus.
Cet incendie, parti de la
cellule 03 (un hangar touffu et insalubre) a complètement brûlé tout le quartier, et occasionné, dans la fuite désespérée des flammes par des détenus en furie, l’effondrement des murs des cellules 04 et 05.

En ce moment, le bilan provisoire fait état de :
- Dix (10) décédés sur le champ ;
- Une trentaine de brûlés et d’étouffés évacuée vers certains hôpitaux de la ville en l’occurrence l’hôpital
Laquintinie de Douala, l’hôpital Général de Douala et la Garnison Militaire de Douala ;
- Une trentaine de brûlés légers, sous soins à l’infirmerie de la prison centrale de Douala.
Durant les opérations d’interventions, les dépouilles gardées à l’infirmerie de cette prison, ont été bloquées par les
détenus en colère qui manifestant bruyamment, ont cassé les bureaux du chef de
bureau de la discipline et du chargé de
la discipline, emportant ainsi son
arme qui se trouvait dans son bureau ; néanmoins, cette arme a été remise grâce à
l’intervention musclée du Groupement Polyvalent d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN) qui est une
unité antiterroriste et d’
élite de la Gendarmerie, qui est entré dans l’ enceinte carcérale à 09h50’ pour ressortir vers
09h58’, après que tous les corps aient été sortis.


LES CAUSES DE L’INCENDIE
Selon les informations recueillies sur place, il s’avère que depuis la dernière tentative d’
évasion du 29/06/2008 qui s’est
achevée par la mort de 17 détenus ; les autorités de cette prison ont décidé de recaser tous les bandits de grand chemin
dans le quartier Régime réputé être de haute
sécurité. Il semble que cette façon de faire n’a pas plu à ces derniers, qui
auraient décidé d’en découdre autrement avec l’administration de cette prison, d’où les évènements de ce jour.


CONCLUSION
La prison centrale de Douala est totalement dépassée par les usages actuels : elle est surpeuplée, la sécurité des catégories des détenus n’est plus
garantie par ce trop plein de détenus, les conditions de détention sont inhumaines, dégradantes et cruelles ; le quotidien des détenus de cette prison est fatal et tragique. La prison centrale de Douala a, depuis longtemps, cessé d’être cetteenceinteoùlasociétérecase des personnes ayant enfreint l’ordre social établi.La prison centrale de Douala est plutôt devenue ce moule à criminels et un mouroir où on n’est pas du tout sûr de sortir sans préjudice physique ou moral.


RECOMMANDATIONS
Afin d’éviter ce genre de tristesses déjà assez récurrentes, il serait urgent que :
- L’Administration suive à la lettre toutes les propositions du CAT faites au gouvernement camerounais,
depuis 2003, qui ont débuté avec le rattachement de l’administration pénitentiaire au ministère de la justice
(resté sans effet escompté à cause des pesanteurs politiques) ;
- La prison centrale de Douala soit délocalisée ;
- L’Etat du Cameroun construise une prison de haute sécurité pour les bandits de grand chemin à Douala ;
- Les Magistrats traitent les dossiers judiciaires des personnes en détention avec célérité (comme ceux de
l’opération dite épervier) ;
- Les prisons camerounaises deviennent humainement vivables.



Fait à Douala, le 20 août 2008
Madeleine AFITE
Coordinatrice de l’ACAT-Littoral
Présidente de la MDHC
Déléguée Afrique de l’OMCT
Chevalier de l’Ordre du Mérite
Français

 

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