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Publié par Delphine E. Fouda

 Jean Marc Soboth, 25/08/2008.Le directeur de cabinet du Premier ministre est accusé d’instituer une officine de corruption à grande échelle à l’immeuble Etoile au travers de tripatouillages sur les marchés publics. Objectif : s’enrichir rapidement avant un éventuel limogeage de son mentor.
A la commission spécialisée des marchés publics, l’instance qui chapeaute les structures déconcentrées de passation des marchés et qui est logée dans les locaux de l’Agence de régulation de marchés publics (Armp) à Yaoundé, on cache à peine « une préoccupation profonde contre une véritable entorse à la réglementation des marchés ». A la Primature, il s’est, en effet, créé, progressivement, un goulot qui s’impose désormais de facto à toute la chaîne de la mise en œuvre des marchés et des maîtres d’ouvrage, en l’occurrence les ministres et autres hauts responsables de l’administration qui octroient lesdits marchés publics. Ce goulot a pour nom Paul Njie Meoto, l’ineffable directeur de cabinet du Premier Ministre, Chief Ephraïm Inoni…

C’est que, le Premier ministre, chef du gouvernement, Chief Inoni, est, au plan légal, l’Autorité suprême en matière de marchés publics. Il est le destinataire et l’arbitre ultime des contestations survenues dans le processus d’attribution desdits marchés. Il peut décider de l’octroi d’un marché de gré à gré à la demande d’un maître d’ouvrage. Il dispose, en l’occurrence, de pouvoirs léonins dans les procédures de réattribution des marchés litigieux. Dans le cas actuel, le Premier ministre Inoni a délégué cet important pouvoir à son directeur de cabinet, Paul Njie Meoto, un professeur de lycées dont le bureau à l’immeuble Etoile ne désemplit plus.

Limogeage imminent.


Problème, depuis que se répand dans la capitale la rumeur de l’imminence d’un limogeage du mentor Chief Inoni, son entourage se débande. Et l’homme, pressé, « se bat comme il peut ». Il est accusé dans les milieux de la commission spécialisée des marchés d’obstruer illégalement la chaîne, et de « vouloir s’enrichir le plus vite possible avant qu’il ne soit trop tard ».

D’après un cadre de la commission qui a requis l’anonymat, « Il veut incarner personnellement toute la chaîne réglementaire de l’attribution/exécution. Il fausse les données à la base, bloque les procédures en cours et procède à des nouvelles attributions de marchés entièrement arbitraires puisqu’il ne figure nulle part dans la chaîne. Il reçoit à longueur de journées des prestataires et offre en fonction de l’enveloppe.

A cet effet, il met toute la chaîne des maîtres d’œuvre (ministres, etc.) en difficultés parce que, in fine, il n’a aucune responsabilité juridique codifiée et ne répondra le moment venu de rien sur les questions de capacité à exécuter l’ouvrage et des desideratas qualitatifs des maîtres d’oeuvre qui sont à l’origine des marchés ». Des proches du Premier ministre, interrogés, ont confirmé cette délégation de compétence et l’activité ex officio.

D’après un cadre de l’Armp interrogé, « l’attribution d’un marché de gré à gré n’est pas en soi illégale. Elle procède de l’article 29 du Code des marchés publics. Le problème se pose à partir du moment où elle se fait dans le bureau d’un fonctionnaire. » D’autant que cette « entorse à la procédure induirait sur le terrain une situation compliquée dont la moindre enchevêtre n’est pas un abus de fonction qui réduit la marge de manœuvre des gestionnaires de marchés, et surtout la capacité de la même « autorité » à contrôler les ouvrages de manière indépendante ».

Toujours est-il que la situation actuelle crée des tensions, qui se prolongent dans les milieux des prestataires lésés dont certains envisageraient déjà une action auprès du Premier ministre, chef du gouvernement et d’autres instances compétentes.

Des sources à la Primature qualifient, en effet, cette activité de corruption fort rémunératrice au cabinet du Premier Ministre. Des mauvaises langues sont allées plus lojn.

« M. Njie Meoto est un bon ‘éperviable’, affirme sans ambages un attaché à la Primature. Il tutoie le milliard de francs Cfa avec son activité. Il se constitue ainsi un petit trésor de guerre en cas de départ du Premier Ministre. Il n’est pas bête, c’est pourquoi il se dépêche… »

Coup de poing


Seulement, une vraie action coup de poing des « victimes » contre le dircab ne demeure, jusqu’à lors, qu’au stade de la simple gestation. Interrogés à cet effet par téléphone, les plus hauts responsables du Mouvement des Entrepreneurs, fournisseurs et prestataires de services de l’Etat (Medec) à Yaoundé ont reconnu que cette activité au cabinet du Premier ministre était « potentiellement amplificatrice de corruption » mais ont refusé « de faire une déclaration supplémentaire sur la question à la presse ».

Nous avons tenté, en vain, de joindre M. Njie Meoto par téléphone hier, par courriel et au travers d’un proche collaborateur du Premier ministre pour requérir son avis sur la question. Ils n’ont pas jugé utile de décrocher leur téléphone, ni de nous répondre et encore moins nous rappeler. La boîte électronique d’icelui, sans doute pleine, a également renvoyé tous les messages que nous lui avons envoyé.

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