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Publié par Delphine E. Fouda

             Claude Zéba, L’Effort Camerounais 08/09/2008. C'est au moment où le rapace  se montre de plus en plus dangereux que les ennemis de la République affichent leur détermination à vider les caisses de l'Etat.

" A voir ce qui se passe au Cameroun aujourd'hui on est tenté de conclure que l'Opération épervier lancée le 21 février 2006 avec l'arrestation spectaculaire de quelques barons du régime, n'émeut plus personne, ou du moins on serait en train de passer à côté de la plaque ", lance amère un habitant de Douala accouru comme de nombreux autres à la Trésorerie générale le 20 juillet dernier pour s'enquérir de la situation qui prévaut en ce lieu au lendemain de la nouvelle de la disparition du caissier principal de cette institution avec près de trois milliards dans sa gibecière.

Mise sur pied dans le but d'assainir les mœurs publiques et par delà, dissuader d'éventuels candidats aux détournements des fonds publics, l'" Opération Epervier " dite également " Opération mains propres " continue, certes, à planer telle une épée de Damoclès sur la tête des gestionnaires indélicats de la fortune publique. Mais elle n'a jusqu'ici pas produit l'effet dissuasif escompté, de l'avis des Camerounais.

Nourrissant leur argumentaire du fait que les gestionnaires des deniers publics ne manquent toujours pas de se servir au détriment du contribuable camerounais quand l'occasion se présente. Quoique la tactique ait quelque peu évolué ou changé : on se sert et on prend tranquillement la poudre d'escampette. Contrairement à ce qui avait cours avant l'avènement de l'opération mains propres initiée par le Président Paul Biya, sous la pression, disent certains, des bailleurs de fonds. Jadis ces voleurs de l'Etat se servaient et se mettaient à narguer impunément le bas peuple.

Un mal profond

Ce qui intrigue le plus, dit un expert comptable basé à Douala, c'est le fait que l'" Opération Epervier " ou le " Tsunami " à la camerounaise, continue de faire son petit bonhomme de chemin avec à son actif des dizaines d'interpellations des détourneurs des biens de l'Etat dont celles de Jean Atangana Mebara, ancien ministre et ex-SG de la Présidence

de la République, Polycarpe Abah Abah, ancien ministre de l'Economie et des Finances, Urbain Olanguena Awono, ex-Minsanté, Alphonse Siyam Siwé, ancien ministre de l'Eau et de l'Energie, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, le tout-puissant ex-DG du FEICOM, Gilles Roger Belinga, ancien Directeur de la Société immobilière du Cameroun, Joseph Edou, ancien Directeur général du Crédit Foncier, Dr Maurice Feuzeu, ancien Coordonnateur du Comité National de Lutte contre le Sida, etc. Avec en prime  le départ pour les prisons centrales de Kondengui (Yaoundé) ou New-Bell (Douala) d’une soixantaine de personnalités, selon une liste récemment publiée par Jeune Afrique économie.

Malheureusement, rien, absolument rien ne semble détourner les compatriotes de Paul Biya de la tentation de puiser dans les caisses de l'Etat. Des actes de détournements, de faux et usage de faux perdurent comme si de rien n'était, poursuit-il. En effet, de février 2006 (date du déclenchement de l'Opération Epervier) à  nos jours, on a enregistré de nombreux cas de vols de la fortune de l'Etat. De même que les Camerounais ont assisté au démantèlement de réseaux de salaires fictifs, grâce à l'opération assainissement du fichier solde de l'Etat sur les rails depuis quelques années.

Les plus saillants de tous ces coups tordus restent incontestablement : le détournement il y a un an (en juillet 2007) d'une somme d'environ 260 millions de Fcfa destinée à l'organisation de l'examen national du Brevet de technicien supérieur (Bts) par le Directeur du développement de l'enseignement supérieur, Norbert Ndong ; le vol le 10 mai 2008 de 100 millions de Fcfa par l'agent comptable de l'Office céréalier de Garoua, Alioum Bappa Issa, qui a par la suite a eu tout le loisir de traverser la frontière et de se réfugier dans un pays voisin selon des témoignages dignes de foi ; la distraction par des procédés dont seuls les auteurs ont la maîtrise,  de  244 millions de francs CFA détournés à la trésorerie générale d'Ebolowa au début du mois de juillet dernier.

A la Trésorerie générale de Ngaoundéré, c'est un réseau de salaires fictifs qui a été mis à nu il y a quelques mois. Aussi, M. Etogo Mbézélé, trésorier payeur général de Yaoundé n'a-t-il pas été arrêté en mars 2008 à Yaoundé en compagnie de son patron et mentor Abah Abah pour malversations financières ?

Et pendant qu'on épiloguait encore sur ces cas, voilà qu'à la Trésorerie générale de Douala, c'est, selon des sources proches du dossier, un trou d'environ trois milliards de francs CFA découvert lors des opérations de contrôle menées ici depuis le mois de janvier qui est constaté. Et le caissier principal, Alhadji Toukour Ibrahim, reste introuvable depuis que le pot aux roses a été découvert le 19 juillet dernier. Selon des sources proches de l'enquête, l'infortuné et ses complices auraient réussi à entrer dans le serveur de la Trésorerie générale pour y effectuer des opérations en utilisant les noms d'autres employés impliqués ni de près ni de loin à toutes ces machinations.   
                                   
Que des interrogations ! 

Du coup, quelques interrogations subsistent. Notamment celles de savoir si l'argent public est  mal gardé au point d'être à la portée du premier venu. Qu'est-ce qui explique la recrudescence de ces actes répréhensibles, alors même que sévit plus que jamais l'oiseau vorace ?  S’interroge ce doctorant à l'Université de Douala : " comment voulez-vous que les choses changent, ou que les Camerounais adoptent des comportements plus responsables face à la fortune publique ?

Quand on sait que ceux qui ont été mis sous mandat de dépôt  pour indélicatesse avec les biens de l'Etat, en dehors de la privation de liberté, voient leurs affaires tourner  à mille à l'heure,  et occupent des cellules dotées de tout le confort possible. A cette allure, n'importe qu'elle famille sacrifierait un des siens pour sortir de la pauvreté au détriment de la masse ". Et de conclure sous forme de proposition " il faut que le gouvernement durcisse encore les sanctions, et surtout confisque et rapatrie les biens illégalement acquis". 

Selon les chiffres officiels, environ 2 000 milliards de CFA  ont été détournés par la corruption au Cameroun entre 1997 et 2004. De l'argent qui aurait permis, selon les experts financiers, d'acheter au moins un bœing 777, construire 3 barrages hydroélectriques, 50 stades de football, et 100 gymnases sportifs, lancer deux satellites de communication, offrir un ordinateur à tous les étudiants réussissant le baccalauréat ou le GCE, construire 10 hôpitaux de référence, construire 1000 écoles primaires, accorder une bourse de 75 000 CFA par mois à tous les étudiants de l'enseignement supérieur.


Affaire Albatros
Claire Nyangan et l’ambassadeur Jérôme Mendouga toujours attendus à la Pj

La chargée de mission de la présidence de la République qui représentait les intérêts du palais à la Camair doit répondre de son rôle dans la firme Aircraft Portfolio Management (APM). Il en est de même de l’ancien ambassadeur du Cameroun à Washington D.C.
James Nkell Mpakoua, 25 Aug 2008


Convoquée à la sous direction des enquêtes de la Direction de la Police judiciaire depuis quelques semaines déjà pour répondre de son implication dans l’affaire Aircraft Portfolio Management (APM)/Camair, la chargée de mission de la présidence de la République, Claire Nyangan née Ongolodo, n’a toujours pas déféré à l’interpellation de l’enquête préliminaire.

De source exclusive, la chargée de mission qui fut, alors, considérée comme une proche de l’ancien secrétaire général de la présidence, Jean Marie Atangana Mebara, a dû faire l’objet, du fait de sa résistance présumée, d’une descente d’éléments de la police à son domicile à Yaoundé. L’on s’est rendu compte qu’elle n’y était pas.

Selon des sources à la police, l’administrateur du travail de la présidence – celle là même qui représentait les intérêts de la présidence à la compagnie aérienne nationale – a quitté, sans prévenir, Yaoundé pour Paris en France où elle se trouverait aux dernières nouvelles « en vacances ».

L’interpellation de Claire Nyangan à la police judiciaire est intervenue après la décision de mise sous mandat de dépôt de Atangana Mebara par le parquet d’instance de Yaoundé, et surtout celle de l’ancien directeur général adjoint de APM, Hubert Otélé Essomba, la pierre angulaire de APM au Cameroun.

D’après des indications fournies par des documents administratifs de la firme APM à la disposition de la Police, Claire Nyangan a joué un rôle prépondérant dans l’infiltration au palais de l’Unité de la firme britannique enregistrée aux Îles vierges britanniques.

Le directeur général anglais de la firme nébuleuse, l’Anglais Kevin J. Walls, fut notamment considéré comme un proche de Mme Nyangan. Il l’avait, en conséquence, chargée en octobre 2002 de proposer à la présidence camerounaise l’offre d’achat d’un Boeing Business Jet (BBJ) « immédiatement disponible ». Une activité qui ne fut évidemment pas bénévole, même si elle ne put aboutir, la présidence ayant décidé d’effectuer directement l’achat à Washington.

D’après les indications de APM, ledit aéronef VIP, appelé à être l’ersatz de l’appareil proposé par l’ancien administrateur directeur général de la Camair, Yves-Michel Fotso, disposait d’une capacité de 18 passagers et devait coûter 56,75 millions de dollars US, auxquels devait être inclus le coût de la configuration intérieure.

M. Kevin J. Walls en a personnellement discuté à Yaoundé avec Claire Nyangan, d’autant que le patron de APM promettait sa livraison pour fin 2002.

APM a, du reste, indiqué à Claire Nyangan que la firme était prête à réaliser le montage financier de l’achat de l’aéronef.

Madame Nyangan a également été impliquée dans les engagements financiers portant paiement des loyers des avions Camair auprès des loueurs, lesquels loyers ont obtenu, au préalable, l’accord de la présidence qu’elle incarnait sur le terrain, et qui ont dû transiter par APM.

Au four et au moulin

Autre complice de l’affaire Albatros recherché par la direction de la police judiciaire : Jérôme Mendouga, le désormais ex ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis d’Amérique est inscrit aux abonnés absents.

Ce dernier, qui a tenté en quelques semaines moult opérations de lobbying auprès d’amis dans le sérail, avait déjà fait l’objet d’une première audition à la police judiciaire récemment sur son rôle dans l’achat de l’Albatros, du patronyme du cercueil volant acheté aux Etats-Unis sur instruction de l’ancien secrétaire général de la présidence, Atangana Mebara.

Transformé en l’espace d’un crochet affairiste en spécialiste Ubu de l’aéronautique, Jérôme Mendouga, fut chargé par Etoudi de contacter et finaliser avec Boeing Capital Corporation l’achat du Boeing 767 devant remplacer le BBJ que proposait YMF. Le diplomate camerounais fut donc au four et au moulin dans l’opération achat de l’Albatros.

La conjoncture politico-judicaire aidant, on a vite fait de lui coller l’étiquette « diabolique » de membre du G11 suite au « vol inaugural » catastrophique dudit appareil en avril 2004.

La police envisagerait, en ce qui les concerne, de les contraindre à déposer à nouveau, sans délais, à la Police judiciaire. Dans la pratique, il faudrait peut-être mettre en branle la coopération internationale en matière de po

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