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Publié par Delphine E. Fouda

            Ndzana Seme, africanindependent.com, 09/09/2008. Les détournements s'intensifient, constate Claude Zeda de l’Effort Camerounais ; tandis que Jean Marc Soboth signale un « éperviable » à l’Immeuble Etoile abritant le premier ministère du Cameroun.  Inoni Ephraïm et son complice Paul Njie Meoto auront en effet engrangé, rien que pour l’année 2007 et pour les marchés de plus de 500 millions qu’ils ont accordés de gré à gré, au minimum 18 milliards de Francs CFA sous forme d’enveloppes de corruption.
L’Opération Epervier, censée frapper les auteurs de corruption et des détournements publics en réponse aux pressions internationales exigeant une lutte musclée contre la corruption, a plutôt été montée par Paul Barthélemy Biya comme une arme redoutable de liquidation de ses adversaires politiques au sein de son propre régime. De tels ennemis de l’intérieur seraient prétendument regroupés sous le nom de Génération 2011 (G11).

Le but caché de l’Opération Epervier étant désormais clair dans tous les esprits au sein du gouvernement régi par la rumeur, chacun a tranquillement repris son sport favori, à savoir l’enrichissement individuel sans cause par la corruption et les détournements qui fondent le pouvoir Biya depuis bientôt trois décennies. A moins tout simplement que la corruption et les détournements des fonds publics soient facteurs d’addiction comme les drogues.

Toujours est-il que partout au Cameroun actuellement, les biens publics, fruit des contributions de tous les Camerounais, sont dépouillés, vandalisés, volés au quotidien.

Les antipatriotes au gouvernement n’hésitent plus quand il s’agit de vider les caisses du trésor public ou de vendre les services publics de l’Etat. Ils fuient systématiquement pour se réfugier, soit dans les pays voisins, soient dans les pays où ils ont accumulé le trésor de leurs vols perpétrés depuis des décennies.

Le fait qui restait jusqu’ici le moins croyable, c’est que le Premier Ministre, chef du gouvernement et second au sommet de l’Etat, puisse se livrer à un tel exercice de corruption effrénée et de détournement des fonds publics. Le conseiller exécutif de la FIJ, Jean Marc Soboth, vient de lever un pan de voile sur la gestion apparemment désastreuse du premier ministre, et nous avons envoyé nos amis locaux pour vérifier ses informations.

Des sources fiables auprès de l’ARMP confirment en effet que le Premier Ministre Inoni Ephraïm aurait en effet établi un système sans précédent de corruption à l’Immeuble Etoile, qu’il fait diriger par son directeur de cabinet, le nommé Paul Njie Meoto.
L’ARMP est l'Agence de Régulation des Marchés publics. Elle est l'organe chargé de s'assurer du respect des règles d'équité et de transparence dans le processus de passation et d'exécution des marchés entre les acteurs de l'administration (que sont les administrations publiques et assimilés, les établissements publics à caractère administratifs, et les collectivités territoriales décentralisées) et les opérateurs économiques qui sont les co-contractants de l'administration et exécutants des marchés publics.

En principe, l'ARMP n'intervient pas dans le processus de la passation des marchés. Elle assure cependant la publication des avis d'appels d'offres sur tout le territoire national. Elle veille surtout au respect du Code des marchés et renforce les capacités des acteurs par des séminaires d'information et des appuis techniques. L’ARMP adresse chaque année une note au Président de la République sur l'efficacité du système des marchés publics.

« Il va sans dire que lorsque le système que l'on s'accorde à reconnaître qu'il a été bien conçu développe en son sein des dysfonctionnements graves au plus haut niveau comme c'est le cas, sans réaction aucune de qui que ce soit, on peut se poser des questions sur les pratiques en cours aux étages inférieurs... », s’écrie notre source, qui évoque particulièrement le silence de Paul Barthélemy Biya après sa saisine par une note de l’ARMP au sujet du système de corruption en cours au premier ministère.

En effet, pendant que le même Premier Ministre vient de sortir une note circulaire sur la recrudescence des demandes de gré à gré par les Maîtres d'ouvrage que sont les ministres et assimilés, il se sucre plutôt depuis plus d’un an de plus en plus sur les marchés publics passés de gré à gré, sans passer par l’appel d’offre publique.
Pour accorder un marché public de gré à gré, c’est le bon vouloir du Premier Ministre qui compte. Il peut donner un tel marché à qui il veut. Et c’est ce pouvoir discrétionnaire que Inoni Ephraïm marchande aujourd’hui aux bénéficiaires des marchés publics, à qui il vend sa signature d’accord à coups de millions ; que son directeur de cabinet se charge de percevoir comme condition d’accès à la signature d’accord du PM.

Il est évident que lorsqu’un opérateur économique bénéficie d’un marché public passé de gré à gré après avoir payé aux fonctionnaires des enveloppes de corruption, son exécution du marché sera entachée de deux genres de vices. Soit il gonfle démesurément le montant du marché à payer par l’Etat, en y ajoutant les sommes payées sous formes d’enveloppes au premier ministère, au ministère et à la multitude des fonctionnaires qui chacun réclame son enveloppe personnelle pour faire passer le dossier ; soit alors il bâcle le marché en l’exécutant partiellement ou au mépris du cahier de charges.

Dans tous les cas de figure, c’est l’Etat qui se retrouve saigné, soit en payant de loin  plus qu’il ne faut pour le marché, soit en se trouvant dans l’obligation de créer de nouveaux marchés pour compléter les travaux non effectués par le précédent saboté par la corruption. Par conséquent, la corruption n’est rien d’autre qu’un détournement des fonds publics, difficile à détecter dans les livres comptables.

Les montants exacts des sommes engrangés par Inoni Ephraïm et son complice ne sont pas connus et ne le seront certainement pas. Ce qui est cependant connu, c’est le montant de tous les marchés octroyés par le PM ces deux à trois dernières années.

Pour estimer les montants que Inoni et son complice auraient déjà accumulés dans un tel trafic de corruption au sommet de l’Etat, il faut tout simplement appliquer un pourcentage sur le montant des marchés.

Dans tous les réseaux de corruption au sein de l’administration camerounaise, le pourcentage payé sous forme de corruption en contrepartie de l’obtention d’un marché public est généralement supérieur à 10%.

Certains des chiffres de l’ARMP qui auraient été portés à l’attention de Paul Barthélemy Biya font état de ce que, entre 2005 et 2007, soit au cours des trois dernières années,

a) 385 marchés passés de gré à gré, compris entre 30 et 500 millions chacun, ont été enregistrés à l'ARMP, pour une valeur totale de 20,2 milliards de francs, dont 16 milliards accordés par le PM pour la seule année 2005 ;
b) 67 marchés de gré à gré, d'un montant de plus de 500 millions chacun, ont été enregistrés pour une valeur totale de 250 milliards, dont 177 milliards accordés par le PM pour le seul exercice 2007.
Le nombre des marchés de gré à gré accordés par le Premier Ministre est ainsi passé du simple au double entre l’année budgétaire 2005-2006 et l'année 2007. Une accélération sans précédent des attributions des marchés de ce type qui inquiète l'ARMP, d’autant plus que cette Agence éprouve des difficultés pour retrouver les traces ou pour vérifier que les principes d'objectivité et de transparence ont prévalu dans leur accord, conformément à la réglementation en vigueur.
Selon notre estimation, Inoni Ephraïm et son complice Paul Njie Meoto auront engrangé, rien que pour l’année 2007 et pour les marchés de plus de 500 millions qu’ils ont accordés de gré à gré, au minimum 18 milliards de Francs CFA sous forme d’enveloppes de corruption.
Un montant qui devrait donner des sueurs froide à Biya, dès lors qu’en l’espace d’à peine deux ans, Inoni est devenu financièrement aussi puissant que Abah Abah, Siyam Siwé, et bien d’autres qu’il a pressenti comme les plus grandes menaces pour son pouvoir à cause de leur fortune.

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