Les Néo Nazis Du Cameroun
Moussy Aimé Mathurin, in www.icicemac.com,06/10/2008.
En quelques mois, de
janvier à juillet 1933, la République de Weimar bascule dans la dictature et la terreur.Le 11 mars 1933, Hitler nomme Goebbels ministre de l'Information et de la Propagande. Son rôle: « que la
presse soit organisée avec une telle finesse qu'elle soit en quelque sorte un piano sur lequel puisse jouer le gouvernement » et « la critique n'est autorisée qu'à ceux qui n'ont pas peur d'aller
en camp de concentration ».La mise en garde et les menaces proférées par le ministre de la communication suite à l’interview accordée à YM Fotso, n’en dit-il pas long ? Et, par ailleurs la
fermeture de certains médias, sans oublier le refus de remettre une autorisation à Freedom FM ne sont-elles pas des méthodes d’une autre époque ? Un des précurseurs de cette méthode opère aujourd’hui comme
ministre du gouvernement de Paul Biya.
En quelques mois, de janvier à juillet 1933, la République de Weimar bascule dans la dictature et la terreur, cette époque, bien que
lointaine n’est pas loin de ce que les camerounais vivent au quotidien :crise politique, économique, sociale et culturelle.
Le 11 mars 1933, Hitler nomme Goebbels ministre de l'Information et de la Propagande. Son rôle est très important dans la mise en place de la dictature nazie et de la diffusion des mots
d'ordre.
Selon lui : « l'idéal, c'est que la presse soit organisée avec une telle finesse
qu'elle soit en quelque sorte un piano sur lequel puisse jouer le gouvernement » et « la critique n'est autorisée qu'à ceux qui n'ont pas peur d'aller en camp de concentration », sommes-nous si
loin de ce mode opératoire ?La mise en garde et les menaces proférées par le ministre de la communication suite à l’interview accordée à Yves Michel Fotso, n’en dit-il pas long ? Et, par ailleurs
la fermeture de certains médias, sans oublier le refus de remettre une autorisation à Freedom FM de Pius Njawé ne sont-elles pas des méthodes d’une autre époque ?
C'est le ministère de Goebbels qui régente et censure la presse écrite, la radio, le cinéma, l'art…
Le 21 mars 1933, c'est lui qui organise la Journée de la Propagande dite de Potsdam peu avant le vote de la loi des pleins pouvoirs par le Reichstag. C’en est de même lorsque le pouvoir s’est vu dans l’obligation de travestir la réalité à propos de des événements malheureux de février ; la censure effectuée contre les journaux et médias audiovisuels-fermeture de Magic FM, EquinoxeTV,-dans l’optique de faire passer sous cape la modification de la Constitution, instituant la présidence à vie à Paul Biya.
Dès septembre 1933, une loi oblige à adhérer à une Reichskulturkammer (chambre
nationale de la culture) pour pouvoir exercer une profession artistique ou celle de rédacteur en chef d'un journal. Aujourd’hui, pour être journaliste au sens absolu du terme, avec une certaine aisance financière, il faut soit être membre de diverses connexions du pouvoir ou proches d’elles. Raison pour laquelle des artistes, journalistes contestataires sont voués aux gémonies, le cas
« Joe la Confiance » et « Lapiro de Mbanga » sont là , pour illustrer cette pratique ; nous ne saurions citer le nombre de journalistes en exil….
L’ambassadeur d’ Hitler à Paris, Otto Abetz, jouit d’importantes entrées dans le monde parisien. À la fin de 1935, ses efforts débouchent sur la fondation d’un « Comité France-Allemagne » qui, grâce à une liste de membres prestigieux réussit à atteindre un cercle assez large et diversifié de la vie publique française. Ces jours, Paul Biya passant le clair de son temps en Europe a pu , par ses réseaux créer des amitiés dans les cercles culturels et intellectuels français, pour bâillonner, tous ceux qui de l’étranger voudraient apporter un autre son de cloche à sa lecture des événements. Les journaux panafricains proches de celui-ci en disent long sur les accointances. Les non-dits des intellectuels français, sous regardant sur les droits de l’homme, montre combien, un axe de mal est concocté contre les camerounais. Maître Vergès reçu par Paul Biya, par dans les consciences de tous ceux qui veulent relever le niveau de vie de ce pays.
Les intellectuels et la collaboration
Parmi les intellectuels qui collaborèrent citons Bertrand de Jouvenel ou Drieu La Rochelle.
De nouveaux journaux sont fondés, la direction étant souvent confiée à ses hommes de confiance, tels Jean Luchaire, Jean Fontenoy, Henri Jamet ou Jacques de Lesdain. Il en est de même au Cameroun, de ces journaux qui sont crées à tour de bras, comme pour montrer que la démocratie est effective. Paul Biya sait pertinemment que pour faire fonctionner un journal, il faut beaucoup d’argent, et pour cela , ceux qui voudront continuer de vivre seront obliger de lui faire des courbettes. Cette subtilité a trouvé ses théoriciens, dans les années 1994-1995, certains hommes d’affaires proches du pouvoir font une OPA sur la presse. Un de ces précurseurs dans la presse opère aujourd’hui comme ministre du gouvernement de Paul Biya.
A l’instar de la propagande du gouvernement de Pétain, il s’agit désormais de créer
l’illusion d’une vie « normale » qui fait oublier la présence d’une armée étrangère sur le sol français. Il s’agit dans contexte de donner l’illusion que tout roule dans
le meilleur des mondes, et qu’une caste d’irréductibles a fait main basse sur l’économie. Le Cameroun est au plus bas, tant sur le plan de la santé, l’éducation, que la
culture.
Pour gagner la sympathie des écrivains et leur soutien à la politique de collaboration vichyste, ceux-ci deviennent l’objet d’une attention toute particulière. Voyons quel traitement de valeur les intellectuels collabos sont traités au Cameroun, de triste mémoire l’appel des intellectuels et universitaires , en 2004 à voter Paul Biya. De triste mémoire aussi dans l’histoire contemporaine, les intellectuels pourfendeurs du conservatisme.
De nombreux écrivains sont alors disposés à s’engager en faveur de l’idée d’une collaboration avec l’occupant, tels que Alphonse de Châteaubriant ou Louis-Ferdinand Céline, voyons sans fermer les yeux, comment certains écrivains, musiciens, jadis défenseurs des laissés-pour- compte, sont devenus les chantres d’un pouvoir de plus en plus violent et insoucieux.
Louis-Ferdinand Céline, écrivain d’abord perçu comme un Zola moderne, célébré par la gauche française, rendu célèbre par son roman le plus connu « Voyage au bout de la nuit » reçoit le prix Renaudot en 1932. Souvenons-nous de ce musicien qui se déclarait être le libérateur du peuple camerounais, qui, à l’odeur de quelques liasses, s’est retrouvé en train d’animer la caravane d’une prédatrice de l’économie camerounaise, une incarnation du monolithisme.
Déçu il rédige un court texte antisoviétique qui se vendra bien. Tout comme dans le cas du Cameroun, il y a des myriades de Céline, ceux qui n’ont pas cru au changement, ou qui ont pensé que le changement se ferait du jour au lendemain, ont vite fait de passer chez l’adversaire.
Céline aura alors l'idée de rédiger des pamphlets où il écrira à l’instar de «
L'École des cadavres » en 1938 :
« Les juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides, des loupés tiraillés qui doivent disparaître. [...] Dans l’élevage humain, ce ne sont, tout bluff à part, que bâtards gangreneux,
ravageurs, pourrisseurs. Le juif n’a jamais été persécuté par les aryens. Il s’est persécuté lui-même. Il est le damné des tiraillements de sa viande d’hybride. »
N’a-t-on pas vu des propos similaires être déversés par des universitaires en 1991, avec le mouvement « autodéfense de l’université de Yaoundé », et, plus proche de nous le rappel à l’ordre des élites de Yaoundé qui déclaraient en mars 2008 que : « Ceux qui veulent mettre la capitale à feu et à sang, rentrent chez eux…. ».Ces propos n’ont pas été dénoncés par le pouvoir en place.
Les intellectuels Du Réveil
Louis Aragon est lui aussi, avec Paul Éluard et quelques autres, parmi les poètes qui prennent résolument parti, durant la Seconde Guerre mondiale, pour la résistance contre le nazisme. Au Cameroun aussi il y a des écrivains bien que rares, qui ont pris sur eux de résister :Mongo Beti, Eboussi Boulaga, Sindjoum Pokam, etc.
Louis Aragon vivra une rupture avec son ami Pierre Drieu La Rochelle, qui après avoir « hésité entre communisme et fascisme » se tourna vers le nazisme. Sorte de suicide intellectuel, qui le poussera à vraiment se donner la mort à la libération. Il ya beaucoup de personnages dans l’aréopage du pouvoir en place qui étaient des chevilles ouvrières du changement, qui sont passées du changement au conservatisme ; kodock, etc. Pourront-ils se donner la mort si le changement s’opérait un jour au Cameroun, comme le fit Pierre Drieu le Rochelle à son époque ?
Elsa Triolet, Albert Camus,jean-Paul Sartre on joué un rôle prépondérant dans la
résistance française.A cette heure où la classe résistante a vieilli, et qu’il faille un renouveau tant culturel que politique, serions-nous en droit de compter sur une génération qui sache dire
non aux sirènes du pouvoir et de l’argent ?
Contribution des intellectuels Camerounais à la préparation du débarquement alliés
Outre les militaires et autres volontaires, des intellectuels, comme Maurice Schumann, René Cassin et Jacques Soustelle, avaient également rejoint Londres où de Gaulle a constitué le gouvernement en exil. Dans le contexte camerounais, et si on se réfère aux grands mouvements qui ont conduit aux révolutions contemporaines, ne faudrait-il pas un peu de niaque à la diaspora et tous ses intellectuels, pour qu’elle forme un gouvernement en exil ?Paul Biya a échoué !
Misant sur l'intelligence et les capacités de Jean Moulin, le général de Gaulle le
charge d'unifier les mouvements de résistance et tous leurs différents services (propagande, renseignements, sabotage, entraide) sur le territoire français. Il serait aussi temps, dès lors que
les forces camerounaises de l’étranger sont dispersées et éparses qu’un rassemblement fédérateur se forme dans l’intérêt du peuple camerounais. Comme à la préparation du débarquement en
Normandie, cette fédération des intelligences camerounaises, sera chargée de créer le Conseil National de la Résistance qui contribuera de manière forte à rendre possible le débarquement des
forces de changement, pour redonner au mot indépendance tout son sens.