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Publié par Delphine E. Fouda

Edouard Tamba, Le Messager, 21/10/2008. Cipriano Nguema Mba est en prison à Malabo, selon un parti politique guinéen. Révélations sur son enlèvement au Cameroun.

Où se trouve Cipriano Nguema Mba, l’officier équato-guinéen enlevé au Cameroun le 8 octobre dernier ? Il est détenu à “ Black Beach ”, selon un communiqué de l’Union pour la démocratie et le développement social (Udds), un parti politique équato-guinéen. Il s’agit d’une prison située sur l’île de Bioko à Malabo, la capitale de la Guinée-Equatoriale. La prison en question tient une lugubre réputation, malgré les démentis du président Teodoro Obiang Nguema. “ Nous venons même de réhabiliter et moderniser la prison de Black Beach. C’est désormais un hôtel cinq étoiles ! ”, affirmait-il à l’hebdomadaire Jeune Afrique en 2007. Le communiqué signé du secrétaire général du Udds, le 10 octobre 2008 et l’agence Europa Press, révèle des détails de l’enlèvement.
Ces détails indiquent que l’exilé équato-guinéen vivait au quartier Etoudi à Yaoundé. Dans la matinée du mercredi 8 octobre 2008, il aurait été approché par des “ clients ” qui souhaitaient acheter un véhicule. Ne se doutant de rien, il les reçoit et les négociations s’ouvrent. Les clients invitent Cipriano Nguema Mba à tester le véhicule à une dizaine de kilomètres de la capitale camerounaise. D’autres véhicules les suivent durant le parcours. Le lieutenant-colonel se retrouve alors cerné par des hommes armés. Ces derniers lui lient les poignets, les pieds et lui injectent un somnifère. Une fois la besogne exécutée, le “ colis ” est acheminé par route jusqu’à la frontière entre le Cameroun et la Guinée-Equatoriale à Kye-Ossi après une escale à l’ambassade à Yaoundé. Selon le “ communiqué de dénonciation très urgent ” de l’Udss, Cipriano Nguema Mba est récupéré par un “ véhicule officiel ” venu de la ville de Ebibeyin en Guinée-Equatoriale.

Incarcéré …
L’officier se trouverait “ actuellement à la tristement célèbre prison de Black Beach ”, révèle le secrétaire général de ce parti d’opposition. Il en profite pour appeler le gouvernement camerounais et l’Ong Amnisty international à “ intervenir urgemment pour éviter l’exécution de Cipriano Nguema Mba par le dictateur Teodoro Obiang Nguema (…) ”. Le porte-parole de la présidence de la Guinée-Equatoriale dit ignorer le rapt d’un de ses compatriotes. Relevant le 9 octobre dernier qu’il s’agit d’un supposé enlèvement d’un individu que personne ne connaîtrait. Mais deux policiers camerounais ont été interpellés dans le cadre de cette affaire le même jour. Les sieurs Ndam Ibrahim (inspecteurs de police de 1er grade) et Ndam Amadou (gardien de la paix de 2e grade) sont en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé depuis le 16 octobre dernier.
En attendant d’être jugés et de passer devant le conseil de discipline de la Sûreté nationale, ils font l’objet d’une mesure de suspension d’une durée de trois mois à compter du 17 octobre 2008. Ces deux policiers auraient exécuté l’enlèvement pour 15 millions de Fcfa. S’ils sont officiellement accusés d’“ arrestation irrégulière de réfugié ”, le crime d’intelligence avec les services de renseignement étrangers plane également sur leurs têtes. L’opération aurait été menée avec l’appui de l’ambassade de la Guinée-Equatoriale à Yaoundé. Approchée hier par Le messager, cette représentation diplomatique a souhaité être saisie par écrit. Et a préféré garder silence.

Contradictions
Cipriano Nguema Mba occupait les fonctions de payeur général de l’armée de son pays, jusqu’en 2003. Année à laquelle son oncle, le général Agustin Ndong Ona, est rentré dans la liste noire de Teodoro Obiang Nguema. L’officier prend donc la fuite en direction du Cameroun, avec une mallette contenant la rondelette somme de 762 000 euros, soit environ 500 millions de Fcfa. Depuis lors, il jouit du statut de réfugié auprès du Haut-commissariat des réfugiés (Hcr) au Cameroun. Tandis que la justice de son pays l’a condamné par contumace en 2005 à 30 ans de prison pour tentative de coup d’Etat. Pourtant le même gouvernement affirmait en 2004 que “ la détention ou fuite de certaines personnes n'obéit pas à des motivations politiques ou des menaces contre la sûreté et la stabilité de l'Etat. Il s'agit simplement d'une question de détournement d'argent de l'Etat destiné aux salaires du personnel des forces armées ”. Affaire à suivre…
 

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