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Publié par Delphine E. Fouda, in Africanindependence.com

« Les catholiques qui font partie de la franc-maçonnerie sont en  état de péché grave et ne peuvent s’approcher de la Sainte Communion ». Dixit Benoît XVI sous la signature du cardinal Ratzinger en 1983. Or,  le Cameroun et ses dirigeants  que l’on sait en accointance avec des obédiences maçonniques s’apprêtent à recevoir l’auteur de ces écrits, qui d’ailleurs précisait clairement dans la sainte congrégation pour la doctrine de la foi que le jugement  négatif de l’Eglise sur la franc-maçonnerie demeure inchangé parce que ses principes ont toujours été considérés comme incompatibles avec la doctrine de l’église. Il n’est pourtant pas un secret pour personne  que ‘’le Cameroun est un haut lieu de la franc-maçonnerie’’* où une multitude d’autres sectes foisonnent et prospèrent à tous égards. Au delà des raisons pastorales de cette visite papale, émises par le clergé interrogeons-nous sur les enjeux d’une telle visite au Cameroun.
Par Delphine E. FOUDA


Benoît XVI se taira t-il face à celui qui prétend l’avoir invité ? Osera-t-il lui dire : « Il faut que ça change ici ! »
? On le sait pourtant rigide et rigoureux, attaché aux valeurs chrétiennes profondes.
Le Souverain pontife  foulera le sol camerounais pour la première fois le 17 mars prochain. Chrétiens et non chrétiens se préparent certainement à lui réserver un accueil des plus chaleureux, tout comme ce fut le cas pour son prédécesseur Jean Paul II.

Une visite qui survient alors même que les camerounais sont aux prises avec les démons de la gestion chaotique infligée par le régime de M. Paul Biya.

Si pour les chrétiens catholiques, l’arrivée de leur plus haute autorité est signe de bénédiction, il convient toutefois de rappeler que l’annonce de la visite de Benoît XVI au Cameroun a suscité moult discussion. Elle continue d’ailleurs de faire les choux gras de la presse locale, laissant ainsi entrevoir l’indécision des camerounais face à cette troisième visite papale.

L’on s’interroge aussi bien sur la nécessité d’une telle visite d’autant plus que celles effectuées par son prédécesseur ne parvinrent pas à susciter chez l’amphitryon d’Etoudi plus d’humanisme dans la gestion de l’Etat.

De Jean Paul II à Benoît XVI…


Au cours de son premier voyage au Cameroun en 1985, le pape Jean Paul II disait des jeunes qu’« ils veulent un monde dans lequel il y aura respect de l'homme, de sa liberté et de sa conscience. Ils veulent un monde de vérité, sans hypocrisie ».

Or de la jeunesse camerounaise pour laquelle Jean Paul II s’était voulu défenseur et conseiller, on retiendra qu’au fil des ans le système oligarchique lui a fait perdre tout espoir. En instituant un népotisme qui a poussé un bon nombre à « la passivité, la débauche, le brigandage, la drogue ou la violence ». Comme le précise si bien le regretté Jean Marc Ela, « le régime de M. Paul Biya est de ceux qui, en Afrique, ont manifesté le plus de mépris pour l’intelligence et pour l’intelligentsia »
.

Dix ans plus tard, en 1995, Jean Paul II  se retrouvait à nouveau au Cameroun avec cette fois-là  un document explosif : Ecclésia in Africa. Pour la première fois, dans un document officiel de l’Eglise il était fait mention des maux dont souffre l’Afrique. Jean Paul II épinglait par des mots durs, les gouvernements africains qu’il accusait de corruption et de vol. Il condamnait par ailleurs le tribalisme et le népotisme.

Curieusement ce document fut signé à Yaoundé le 14 septembre par le pape lui-même. Quatorze ans plus tard, alors que le successeur de Jean Paul II s’apprête à lui emboîter le pas, la situation n’est guère plus reluisante.

Point n’est besoin d’énumérer les affres de l’incertitude et du désespoir qu’offre le bilan désastreux  du régime au pouvoir. Un régime qui se targue d’être le garant de la paix et de la stabilité sociale dans un contexte où insécurité et malaise social sont perceptibles. Les évènements de février 2008  sont la preuve même de ce contexte explosif.

A cela s’ajoute l’épineux problème anglophone. Bien que les revendications portées par le Southern Cameroons National Council
(SCNC) soient originellement  similaires aux requêtes faites par tous les camerounais qui croupissent sous cette dictature néocoloniale, le constat reste évident.  Paul Biya tout comme son prédécesseur Amadou Ahidjo, s’est illustré par un refus d’accorder à ces populations une attention particulière.

Le Pr Maurice Kamto  disait à cet effet « ce qui frappe et inquiète tout à la fois, c’est la légèreté  des analyses officielles  de cette situation et l’absence de formulation de réponses pensées et adaptées aux interpellations (…) »
. Ces « dossiers noirs » sur le Cameroun  sont connus de toute la « communauté internationale » et bien plus du Vatican.

Seul un silence conspirateur continue de régner au nom des sacro saints principes de la diplomatie ! La « communauté internationale », y compris donc le Vatican, soutient ainsi un dictateur qui un jour de 1984 avait tout simplement décidé, par un simple coup de crayon redonnant redonnant au Cameroun Uni l’ancien nom du territoire français République du Cameroun, d’enlever aux Camerounais d’expression anglaise leur statut de minorité défavorisée, qui seul leur avait fait voter pour l’union avec Cameroun sur une base fédérale, et non pas pour joindre le Nigeria.

L’Eglise du Cameroun, franc-maçonnerie et  Benoît XVI


La maçonnisation de l’espace politique camerounais a considérablement soumis les églises chrétiennes à une dictature occulte. Malgré la publication de la Sainte congrégation  pour la doctrine de la foi sur la franc-maçonnerie, l’Eglise catholique au Cameroun s’est retrouvée au cœur des infiltrations maçonniques.

La main mise des hauts cadres  de la République néocoloniale appartenant à des cercles d’initiation ésotériques sur l’Eglise ne fait plus de doute. L’attitude complaisante du clergé vis à vis de ceux qu’ils ont longtemps considéré comme étant en état de « péché grave » laisse sans voix.

N’a-t-on pas vu ces « frères de lumière » occuper des places privilégiées dans les églises, exercer des fonctions au sein des conseils paroissiaux ; d’aucuns parmi eux se sont même vus décerner le titre de laïc engagé.

A Yaoundé  par exemple, la paroisse de Mfoundi Assi et celle du Monastère du Mont Febe étaient devenues des lieux de rencontres dominicales pour les « fraters ».

Lors de sa seconde visite en terre camerounaise, Jean Paul II n’avait-il  pas procédé à la bénédiction du palais de l’Unité et n’avait-il pas lui-même, selon certaines indiscrétions, baptisé le fils premier-né du couple Chantal et Paul Biya ? L’Eglise catholique se présente comme « un océan de miséricorde »
, a-t-on coutume d’entendre.

Si beaucoup s’attendent à ce que Benoît XVI  vienne « insuffler un renouveau spirituel »
, l’on est en droit de s’interroger sur la nature du message qu’il adressera aux dirigeants camerounais francs-maçons qui, selon toute vraisemblance, revêtent la peau de l’agneau au sein de l’Eglise et commanditent les meurtres des hommes de Dieu pour préserver leurs intérêts, pillent les ressources du pays, avilissent les populations et se servent de la répression pour imposer le silence.
Au lendemain de la visite de Benoît XVI, la situation des camerounais aura-t-elle bougé d’un seul iota ? L’euphorie de la visite papale ne viendra assurément pas exorciser les vieux démons.

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