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Publié par Le Messager

Monsieur le ministre de la Communication, Je me suis permis de vous appeler sur l’un de vos nombreux téléphones portables vendredi après-midi, après avoir lu dans le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune et dans le quotidien privé Le Jour, le papier que vous avez commis en réaction à un article paru le 13 mai dernier dans… Le Messager. Malheureusement, vous avez refusé de décrocher, avant d’éteindre votre téléphone par la suite.

M’obligeant ainsi à vous laisser un message dans lequel je vous promettais une réaction ce lundi. J’ai lu en effet avec un intérêt certain vous vous en doutez, ce pamphlet dans lequel vous vous attaquez gratuitement et inopportunément au Messager, à l’un de ses journalistes, à son comité éditorial, à son directeur de publication et à l’ensemble de la presse camerounaise, au sujet d’un article de notre correspondant à New-York, Célestin Ngoa Mballa, sur le récent séjour de Chantal Biya aux Etats-Unis d’Amérique.

Dans cette lettre d’opinion intitulée    « Peut-on empêcher les étoiles de resplendir ?», vous accusez Le Messager d’avoir inopportunément utilisé le terme « fréquentation » pour exprimer les relations (éphémères ?) entre Chantal Biya et des artistes d’une autre classe – dont l’actrice pornographique Paris Hilton – à New-York aux Etats-Unis lors d’une soirée de gala des premières dames d’Afrique à l’Hôtel Hilton de Hollywood le 22 avril 2009. Vous dites que ces dernières se sont retrouvées nez à nez avec l’épouse du chef de l’Etat camerounais et ont sollicité une pause photographique que Mme Biya n’avait pas le droit de refuser. Vous concluez sur ce point en affirmant que dénoncer cela, au nom de la très haute idée que nous avons de la première dame (de surcroît ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco), c’est « jalouser une étoile qui resplendit au firmament ».
 
Vous poursuivez votre chef-d’œuvre en mettant en relief l’importance que le comité éditorial du Messager aurait donné à cette attitude de Mme Biya. Et pour vous, « cette importance laisse clairement entrevoir […] la main du directeur de publication soi-même ». Comme quoi cet article a été commandé à dessein par le comité éditorial et que Célestin Ngoa Mballa, son auteur, s’il n’est pas un prête-nom, ne serait qu’un instrument aux mains de Pius N. Njawé. Et puis vous passez du coq à l’âne en évoquant « un entretien privé » que nous aurions commencé à Douala au sujet du parti pris politique de la presse au détriment du journalisme. Vous dites précisément que la presse ignore tout ce qui se fait bien ou jette l’opprobre sur tout ce qui se fait de bien. Et puis, vous concluez en déclarant que notre correspondant que vous qualifiez d’éphémère et de volatile n’a pas produit plutôt un reportage sur la fameuse soirée de gala parce qu’il n’était pas là. Votre lettre d’opinion – elle ressemble fort curieusement à un faux droit de réponse, à un droit de rectification déguisé, ou alors à une mise au point travestie – a été publié vendredi dernier dans Cameroon tribune, Le jour, et à la Crtv-Poste national (radio et télé).

Cela témoigne de l’importance que vous y accordez. Mais je constate simplement que vous ne l’avez pas envoyée au Messager comme le prescrit la déontologie d’un métier dont vous avez fui la pratique quotidienne. L’intention était-elle vraiment de corriger ?

Monsieur le ministre de la Communication, avant de penser à nous offrir un dictionnaire pour nous renseigner sur le mot fréquentation, vous feriez mieux d’en acheter déjà pour vous-même pour vous renseigner suffisamment sur certains termes que vous utilisez abusivement dans ces diatribes dont vous êtes devenu un champion ? Le Messager aurait pu vous en offrir, mais il ne vous manque pas de l’argent pour cela ; les caisses noires du ministère et autres allocations spéciale comme par exemple les 750 millions de la visite du pape, ne sauraient souffrir d’un prélèvement pour l’achat d’un dictionnaire au Mincom. Ceci étant, Célestin Ngoa Mballa n’est pas un correspondant éphémère. Il n’est non plus volatile ! Ephémère signifie en effet, dans le plus commun des dictionnaires, «qui ne dure qu’un jour » ou « qui dure peu ».

Volatile, quant à lui, veut dire « qui se transforme facilement en vapeur, en gaz ». Au sens figuré, le terme renvoie à fluctuant. Monsieur le ministre, soit vous ne connaissez pas Le Messager, soit vous voulez trompez Chantal Biya, ou alors le peuple camerounais. Célestin Ngoa Mballa a longtemps travaillé au Messager à Yaoundé, avant de s’envoler, mobilité sociale et professionnelle oblige, pour les Etats-Unis d’Amérique où il est notre correspondant permanent à New-York. Si vous n’étiez pas plus occupé à écouter les ragots, vous vous seriez rendu compte qu’il nous envoie permanemment des articles pour toutes actualités qu’il trouve intéressantes pour Le Messager.

Quant aux fréquentations dont vous parlez, je voudrais croire que vous n’avez pas le monopole de la lecture de dictionnaires. Une fréquentation est une relation sociale habituelle. On peut aussi avoir de fréquentes relations avec quelqu’un, avec un genre de personnes. Est dit fréquent ce qui arrive souvent, ce qui se répète. Pour le cas d’espèce, Mme Biya a rencontré Paris Hilton à New-York. Mais la même artiste pornographique affirme que la première dame du Cameroun l’a invitée en personne au Cameroun. La relation, à ce moment, devient suivie. Tout va se répéter. Y a-t-il fréquentation, du moins une perspective de fréquentation ou pas, monsieur le sorcier du français ? Dites-nous, Jean-Pierre Biyiti bi Essam : est-ce « jalouser les étoiles qui resplendissent au firmament », que de dire aussi simplement les choses récoltées par l’observation du comportement des personnages ?

C’est l’occasion ici de vous rappeler que le comité éditorial du Messager n’est pas là pour commander des articles, ou faire des titres à la une, mais pour donner les grandes orientations semestrielles ; et les autres gèrent le reste au jour le jour. Par ailleurs, je suis un directeur qui sait ce que veut dire déléguer des responsabilités.

Quand je nomme des collaborateurs, ils assument pleinement leurs fonctions en toute liberté, quitte à en répondre devant leur hiérarchie qui, à son tour, assume devant les tiers.  Interrogez n’importe quel responsable du journal, ancien ou nouveau, il vous le dira. Je sais que de là où vous êtes, vous télé dirigez des rédactions, notamment à Mvog-Mbi, Longkak et Mballa 2, où siègent les médias d’Etat dont vous abusez si souvent. Sachez qu’il ne s’agit que de méthodes moyenâgeuses que Le Messager ne pourrait tolérer. Au Messager, nous avons le tort de dire ce que nous pensons et la joie d’avoir des ennemis. Donc, nous n’avons pas besoin de nous cacher derrière des prête-noms pour critiquer les tares de notre société ; d’où l’un de nos slogans :  « Quand on a du caractère, on l’affiche ! » 
 
De plus, affirmer que nous ignorons royalement tout ce qui se fait de bien en parlant notamment de Chantal Biya est d’une inexactitude tendancieuse ; puisqu’à plusieurs reprises dans les colonnes du Messager, nous avons mis en « Coup de châpeau » l’épouse du président pour des choses qu’elle avait faites de bien. Au demeurant, il en est de même pour des membres du gouvernement et autres commis de l’Etat.
Mais là où vous vous rendez détestatble, c’est quand vous osez mettre des entretiens privés sur la place publique. Vous auriez dû alors avoir le courage de révéler aux Camerounais tout le contenu de cet entretien privé que nous avons eu ! Voyez-vous, cher ex-confrère : si j’étais comme vous un petit esprit, je ferais comme vous en révélant ici même tout ce que vous m’avez dit au cours de cet entretien privé, et, croyez-moi, cela vous précipiterait certainement vers la sortie de la mangeoire. Mais je ne vous suivrez pas dans la félonie, parce que cela n’est pas professionnel.
 
Tout ceci témoigne bien du genre de journaliste que vous avez été. Cette anti qualité transparaît d’ailleurs un peu partout dans votre texte, lorsque vous prêtez des intentions aux gens, prononcez des sentences sans juger, énoncer des faits sans recoupez, etc. Voyez-vous, c’est exactement ce que vous reprochez à ceux qui ont encore le courage d’exercer ce métier, puisque vous l’avez fui depuis longtemps en vous réfugiant dans la sécurité prébendière d’un système liberticide. Feriez-vous alors de la projection ?

Vous masquez probablement vos desseins pour ce que vous appelez le parti pris. Mais rappelez-vous, Jean-Pierre, qu’un journal sérieux a toujours un parti pris. Le nôtre découle du parti pris de l’humanité contre les misanthropes. Pratiquement, nous sommes attachés à tout ce qui nuit à la République, dans le sens où comme de tradition, seul le train qui arrive en retard intéresse le journaliste. C’est ce train-là qui l’intéresse parce que son souhait est que le train n’arrive jamais en retard.

On vous comprend, pauvre Jean-Pierre, mais soyez souvent modestes. Le contexte dans lequel vous faites cette sortie médiatique vous donne des insomnies. Vous êtes désormais un ministre qui fait profil bas. Vous avez transformé votre ministère en pandémonium pour l’essentiel de vos collaborateurs qui prient nuit et jour pour que le remaniement ministériel arrive au plus vite et que l’on vous ôte de leur vue. Vous avez des démêlées avec la justice qui veut savoir clairement comment vous avez géré l’argent de la visite du pape. Vos arguments, que seul Le Messager a suffisamment relayés, ne semblent pas toujours convaincre. Selon certains de vos collaborateurs, vous vous trouvez dans une posture de reconquête de la confiance du couple présidentiel. Vous êtes donc prêt à user de tous les moyens. Ici convient bien la fable de La Fontaine selon laquelle « tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute », et vous espérez que cette leçon vaudra sans doute le sauvetage de votre strapontin ministériel. Pensez-vous que les attaques contre Le Messager, son reporter et même l’ensemble de la presse soient les lieux idoines pour faire démonstration de votre capacité à défendre les hérésies présidentielles ? 
  
Monsieur le ministre de la Communication, Chantal Biya ne vous sauvera pas. Même si vous êtes maintenus dans vos fonctions pour combien de temps encore je ne sais, vous finirez par être livré à la vindicte de l’opinion. Quand on vous a nommé ministre, seuls les naïfs et les hypocrites ont applaudi ; aujourd’hui eux-mêmes sont exaspérés et le jour où on vous chassera de là, ils applaudiront probablement plus fort que tout le monde. Jour après jour, vous tombez progressivement le masque, vous révélant pour ceux qui ne vous connaissaient pas encore bien comme un assassin du journalisme, un ennemi de la communication, et un adversaire des autres administrateurs de la communication. Et, pour tout dire, un obscur défenseur de l’ordre inique établi.
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