GENÈVE - CAMEROUN : LES LAURÉATS DU PRIX MOUMIÉ RECEVRONT LEUR RÉCOMPENSE CE SAMEDI 30 MAI À GENÈVE
L’Addec, Madame Madeleine Afité, Feu René Jam Afane et Feu Minkio-Bamba les principaux lauréats de l’édition 2009 du Prix Moumié recevront leur prix ce samedi 30 mai à Génève. A cette occasion, une procession sera organisée, comme tous les ans, sur le chemin qui mène au « Plat d’argent » Rue des Paquis (actuellement Grand Rue) où Félix Roland Moumie « fut empoisonné ».Contrairement à l’édition passée qui avait connu un succès indicible avec la présence de Mboua Massock le premier lauréat de ce prix , une marche se fera en compagnie de Pius Njawé, de Franck Garbely, Madame Mongo Beti, la famille Jam Afane, Shanda Tonme, Enow Meyomesse etc.
Selon la cellule de communication de la Fondation Moumié, l’ambassadeur de la Guinée à Génève sera présent à la cérémonie, accompagné du Docteur Pomenta, le médecin qui s’occupait de Moumié jusqu’à son décès le 3 novembre 1960. Plusieurs autres personnalités sont attendues y compris des médias nationaux et étrangers.
Flash back sur les principaux lauréats de l’édition 2009 du Prix Moumié
Madeleine Afité Militante des droits de l’Homme, 51 ans, Cameroun
Elle poursuit son combat pour l’amélioration de la situation des droits humains au Cameroun. Responsable
de l’organisation non gouvernementale de défense des droits de l’Homme, « la Maison des droits de l’Homme » et représentante de la branche locale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la
torture (Acat) Litoral, Mme AFITE est un des principaux acteurs de la véritable lutte pour les droits humains. Elle est l’une des artisanes du rapport publié récemment par l’ONDH sur la «
répression sanglante » des émeutes contre la vie chère de la fin du mois de février 2008 au Cameroun.
La fondation Moumié la récompense apprend-on pour son indépendance d’esprit qui la place au dessus des joutes politiques et des cercles de pouvoirs ; pour son abnégation, son opiniâtreté, et son
courage extraordinaire. Ses dénonciations des tueries du mois de février 2008 et des arrestations massives des citoyens protestataires du même mois ont été plusieurs fois citées par les leaders
d’opinion qui l’ont choisie.
ADDEC
L’association de Défense des Droits des Etudiants du Cameroun (ADDEC), puissant lobby estudiantin, s’est souvent illustrée dans plusieurs mouvements de revendication. Se forgeant ainsi une redoutable et sulfureuse identité qui lui a valu d’être banni par les autorités mais admiré par les étudiants.
Aujourd’hui encore, l’Addec continue de faire parler de lui. L’un de ses combats actuels, c’est l’application des prix homologués des loyers estudiantins par les bailleurs. Il ne s’est pas passé une heure sans que le reporter n’ait constaté la visite des étudiants venus au siège de l’association pour se plaindre de diverses manœuvres orchestrées par les bailleurs à leur encontre. Sans que cela soit visible donc, l’Addec commence à s’imposer comme un véritable interlocuteur entre les autorités et les étudiants. Et ses combats ne manquent pas de porter des fruits. C’est à cette association que l’on doit le paiement des droits universitaires en deux tranches et à plusieurs autres concessions faites par le pouvoir.
Même s’il est toujours difficile de faire admettre par celui que l’association estudiantine y aura contribué. Pour les membres de l’Addec, le combat ne fait que commencer. Même s’il faut payer le prix lourd. Un combat qui commence aussi à gagner une reconnaissance internationale.
Pour justifier le prix décerné à l’Addec, Clarice Hansen, présidente de la fondation écrit sur le blog de la fondation : si l’on considère que les associations estudiantines sont et ont toujours été aux avant postes du changement en Afrique, si l’on considère que de nombreuses figures politiques camerounaises sont passées par l’action syndicale estudiantine (par exemple Castor Ossende Afana, Francois Sengat-Kouoh, etc.), il est important de soutenir les actions de l’ADDEC, surtout par la mobilisation de la communauté Internationale en faveur de leurs actions.
L’Addec recevra en effet le prix Félix Roland Moumié le 30 Mai 2009 à Genève et sera représenté par son leader historique Mouafo Djontu. De quoi provoquer un réarmement moral pour les épreuves futures
Minkyo-Bamba et René Jam Afane
L’histoire retiendra aussi que René Jam Afane, compositeur des paroles et Samuel Minkyo Bamba, compositeur de la musique comme principaux auteurs de l’hymne national du Cameroun.
En 1928, Foulassi est l’une de nombreuses stations de la Mission Presbytérienne américaine au Cameroun.
Cette petite localité abrite une Ecole normale qui forme en trois ans des instituteurs. Cette année là, comme nous l’apprend Antoine Edo (Cf. Fleurs du nationalisme Camerounais Vol.1 FMPS.Ebwa,
pp.110-113), l’école est dirigée par un pasteur de nationalité française, le révérend Camille Armand Chazeau. Il fut proposé aux élèves de fin de formation un devoir d’instruction civique au
titre évocateur : « exprimer leur espoir en l’avenir du Cameroun ».
« Les élèves se mettent au travail dans la salle d’étude qui leur sert en même temps de bibliothèque. Le lendemain matin, en classe, chacun lit son devoir à haute voix. Les meilleures phrases
sont portées sur le tableau noir.
Certains élèves qui s’intéressent à la poésie, comme René Jam Afane, le plus doué de tous ces poètes en herbe, fait la synthèse de toutes les phrases et sort finalement des paroles qui sont contenues dans les deux strophes ( version originale) de notre hymne national. Il leur donne le titre de « chant de ralliement camerounais. Après la lecture de ces paroles devant tous ses camarades de promotion.[…] Il est alors question de composer une mélodie devant accompagner ces paroles, les camarades font appel aux trois musiciens de la promotion : Michel Nkomo Nanga, Moïse Nyatte Nko’o et Samuel Minkyo Bamba. Les trois musiciens se mettent au travail, séparément. » (Cf.P-P23-24, Le Cameroun. Arts, histoire et traditions de Bernard Puepi et Henri Njomgang, Ed l'Harmattan)
Selon la même source, ces compatriotes musiciens vont travailler assidûment et sans arrêt pendant deux mois. Leurs œuvres seront auditionnées et celle de Samuel Minkyo Bamba retiendra l’attention des deux autres musiciens et des camarades de promotion
Selon les propos de Samuel Minkyo Bamba diffusés en 1991 lors d’une émission de la télévision nationale la CRTV, il se devait dès lors d’enseigner cette chanson à ses camarades. Ce chant de ralliement fut ainsi enseigné dans toutes les écoles du Cameroun et fut adopté par la première assemblée législative (1957-1959) comme hymne national du Cameroun (loi n°57 -47 du 5 novembre 1957)
Quand à Samuel Minkyo-Bamba et René Jam Afane, la présidente de la fondation les présente comme deux génies qui ont eu l’inspiration éternelle de l’Hymne National du Cameroun, mais qui sont tous les deux morts dans un dénuement insultant, et dont la Mémoire éternelle sombre aujourd’hui comme hier dans l’oubli total des faiseurs de destins qui dirigent le Cameroun. Leurs tombes sont abandonnées dans une broussaille dans le Sud du Cameroun, et l’Ecole de Foulassi où ils ont écrit l’Hymne se trouve dans un état de délabrement qui tue pour la deuxième fois leurs Mémoires constate t-elle. La fondation Moumié entend d’ailleurs lancer une campagne pour la réhabilitation de la Mémoire de ces deux « grands hommes », et appelle « le gouvernement camerounais à prendre ses responsabilités ».
Lé cérémonie de la remise des prix de la fondation Moumié aura lieu le samedi 30 mai prochain à l’Hôtel Ramada à Genève. Une initiative allant dans le sens de la perpétuation de la mémoire de René Jam Afane décédé dans les années 80 et Samuel Minkyo Bamba décédé en 1995. A côté de ces deux héros, seront également honorés, l’association ADDEC (Association pour la défense des droits des étudiants camerounais) et Madame Madeleine Afité de l’Acat Littoral pour leur indépendance d’esprit qui les place au dessus des joutes politiques et des cercles de pouvoirs. Le prix Moumié est à sa deuxième édition, Camille Parfait Mboua Massok étant le premier lauréat en 2007