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Publié par Le Messager

Abba_Aboubakar040310236.jpgLe préfet du Mfoundi a renouvelé le séjour de ces hommes politiques et leaders d’association en salle de sûreté. Ce n’est pas au babillard de la direction de la police judiciaire (Dpj) qu’on peut avoir l’information. Il faut remuer l’entourage du préfet du Mfoundi et les arcanes des services de sécurité pour le savoir. Abba Aboubakar, président du Rcpu Bouba Michel, président national du Rrdc tous deux candidats a l’élection présidentielle de 2011 ; Nyamsi Patrick Roy et Dibonji Bruno, respectivement directeur national chargé du marketing directeur national chargé des affaires protocolaires du Rrdc ; M. Essomba et quelques anciens membres de l’Addec sont maintenus depuis le 20 févier 2011 pour certains et quelques jours après pour d’autres, en garde à vue administrative. Ladite mesure prise par le préfet du Mfoundi a été renouvelée en fin de semaine dernière. Cette nouvelle marque une évolution dans le dossier de “ l’enlèvement ” d’Abba Aboubakar et de ces coreligionnaires. Car, depuis la date du 20 février, ils n’ont pu être en contact avec leurs familles respectives. Mais de l’avis de plusieurs experts des questions pénales, il s’agit ni plus, ni moins d’un enlèvement si jusque-là sa famille et ses avocats ne peuvent les voir. Toute chose que corrobore maître Magloire Mben, avocat d’Abba Abboubakar. Joint au téléphone, il assure qu’il soupçonne que son client soit détenu à la direction de la surveillance du territoire puis à la police judiciaire, il n’a jamais pu le rencontrer. Ses multiples demandes formulées auprès des autorités compétentes sont restées lettre morte. “ Je n’ai plus jamais vu Abba Aboukar ou aucun de ses camarades d’infortune depuis qu’ils sont détenus. Hors, même s’il s’agit d’une garde à vue administrative comme je l’ai moi aussi appris, ils ont droit à la visite tout au moins de leurs avocats ”, commente- t- il. Ritournelle Une expérience, au demeurant similaire à celle vécue par le reporter de le Messager. Rendu au commissariat central de Yaoundé sis derrière T. Bella hier, comme le jour des premiers cris de détresse de l’épouse d’Abba Aboubakar, il apprend qu’aucun homme politique n’y est détenu. C’est la même ritournelle qui est servie à la direction de la police et même à sa direction régionale pour le Centre : “ On ne connaît pas d’Abba Aboubakar ici. Allez le chercher ailleurs ”, menace – t – on. Mais selon nos indiscrétions, ces hommes politiques, leaders d’associations et de syndicats, seraient exploités par les services de sécurité pour leurs rôles supposés dans les appels au soulèvement du 23 février dernier relayés par des tracts diffusés à Yaoundé quelques jours avant. Les mêmes sources rapportent que depuis ce 20 février, d’autres hommes politiques et leaders syndicaux ont été enlevés puis relaxés. Il en est ainsi de Foulla Dambaldi ou de Djibondji Bruno et d’autres opposants arrêtés alors qu’ils tentaient de rendre visite aux personnes enlevées. Ces indiscrétions sont pour le reste accréditées par le ministre de la communication. Issa Tchiroma a en effet affirmé sur les ondes de Radio France internationale (Rfi) qu’Abba Aboubakar notamment a été interpellé pour avoir balancé des tracts à Yaoundé. Une version que refute l’épouse de ce dernier. Marie Gisèle Abba Abboubakar conteste la participation de son époux au projet de soulèvement programmé dont elle-même a pris connaissance dans les journaux. Nonobstant le fait qu’elle reconnaît que son mari avait demandé publiquement que Paul Biya saisisse l’occasion de l’anniversaire des émeutes de 2008, pour ouvrir le débat autour de son départ du pouvoir, elle subodorait au cours d’une rencontre avec la presse à leur domicile du quartier Kondengui le 03 mars dernier, que le rôle joué par Abba Aboubakar dans la visite de la Commission des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine récemment à Yaoundé peut lui valoir ces représailles. Pour l’instant, chez les Aboubakar, c’est le silence total. Le domicile familial est désert. Tous les téléphones sont fermés.

 

© Le Messager : Rodrigue N. TONGUE

 

 Le cri de détresse de Madame Abba Aboubakar

 

L’épouse du président de la Révolution camerounaise du peuple uni (Rcpu) enlevé par la police depuis une quinzaine de jours supplie le régime de la laisser voir son mari.

“ Par la présente déclaration, je souhaite vous fournir assez d’éléments en rapport avec l’enlèvement, mieux, la prise d’otage de mon mari et de quelques autres personnes, par les forces spéciales de l’Etat du Cameroun ”, adresse d’entrée de jeu Marie Gisèle Afana, épouse Abba Aboubakar à la foule de journalistes ayant pris d’assaut son domicile du quartier Kondengui le 03 mars 2011. Celle qui a convié les hommes et femmes de médias au domicile familial pour transmettre sa “ demande d’intervention et de dénonciation de l’enlèvement de [son] mari et sept autres leaders politiques syndicaux par les forces de sécurité de l’Etat du Cameroun, depuis le dimanche 20 février 2011 ” est presque en larmes. Car, selon des informations en sa possession, son époux serait détenu dans le plus grand secret dans les cellules de la police judiciaire (Pj) à Yaoundé, après un précédent séjour à la direction de la surveillance du territoire (Dst).

Sur les évènements qui ont précédé l’ “ enlèvement ” du président du Rcpu, Mme Abba Aboubakar rappelle que son époux a quitté leur résidence le dimanche 20 février 2011 après avoir reçu pour une réunion, une délégation de leaders politiques (dont certains venaient de Douala). Le conclave tenu avait pour but de faire le point sur le plaidoyer entamé depuis 2009 et qui a abouti à la visite de la commission des droits de l’homme de l’Union africaine au Cameroun en 2011. A la suite de cet échange, une rencontre était annoncée avec les leaders syndicaux présents à Yaoundé.

Après quoi,  vers 18 heures, son mari est  sorti à bord de son véhicule, légèrement vêtu, en compagnie de ses coreligionnaires pour une autre rencontre syndicale quelque part en ville. Depuis lors, affirme Mme Abba Aboubakar, elle n’a plus posé les yeux sur son époux. Juste a-t-elle eu un échange téléphonique avec lui vers 2 heures, cette nuit-là. Son mari lui confiait alors être détenu à la Dst avec plusieurs leaders syndicaux et politiques.

Désemparée et l’air très affaiblie lorsqu’elle parle à la presse, Marie Gisèle Abba Aboubakar “ dénonce de toutes [ses] forces l’enlèvement arbitraire et la détention abusive, illégale de [son] époux et des autres compatriotes ”. En outre, elle réclame “ la libération immédiate et inconditionnelle de tout ce monde, sans paiement de rançon ni d’engagement de paiement de rançon ”, puisque c’est ainsi, selon elle, que se soldent souvent les prises d’otage.

En outre, Mme Abba Aboubakar jure, la main sur le cœur, que  le président Rcpu n’était ni de près, ni de loin impliqué dans la rédaction des tracts appelant au soulèvement le 23 février 2011. Toute chose qui n’est pas de l’avis du ministre de la Communication. Issa Tchiroma a en effet affirmé sur les ondes de Rfi que les leaders politiques et ses camarades sont exploités sur le rôle qu’ils auraient joué dans ces appels à l’insurrection. Une volte-face totale du reste. Car quelques jours avant, le Mincom assurait l’opinion que Abba Aboubakar n’était pas arrêté.

© Source : Le Messager
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