Communiqué de presse /affaire Michel Thierry ATANGANA : comment un ressortissant français est sacrifié sur l’autel des bonnes relations franco-camerounaises
Le 12 mai 1997, voilà 13 ans, Michel Thierry ATANGANA, citoyen français, était arrêté au
Cameroun alors qu’il rentrait chez lui au volant de son véhicule.
13 ans après, il est toujours détenu dans une prison non officielle : les sous-sols du Secrétariat d’Etat à la Défense à Yaoundé.
Quelques semaines après son arrestation, il a été jugé, avec Titus EDZOA, candidat à
l’élection présidentielle contre Paul BIYA, et condamné à 15 ans d’emprisonnement pour
détournement de fonds publics dans le cadre de la gestion du COPISUR (Comité de pilotage et de surveillance des travaux routiers) dont il était le président.
Ce jugement a été prononcé à l’issue d’une enquête expéditive et d’une procédure n’obéissant à aucun des critères d’un procès équitable, à savoir des juges impartiaux et un respect des droits de la défense.
Son arrestation, sa condamnation et les 13 ans de calvaire qui ont suivis sont directement liés à son soutien à Titus EDZOA qui avait osé, en avril 1997, présenter sa candidature à
l’élection présidentielle camerounaise d’octobre 1997.
Toute la presse internationale avait fait le lien à l’époque entre la présidentielle et l’arrestation. Dans un rapport sur le Cameroun publié en 2006, le Département d’Etat
américain considère qu’il y existe deux prisonniers politiques : Michel Thierry ATANGANA
et Titus EDZOA. D’ailleurs, jusqu’à la candidature de M. EDZOA, les modalités de financement et de gestion du COPISUR n’avaient jamais été contestées. C’est cette candidature, et uniquement elle, qui a déclenché les poursuites judiciaires initiées par le
pouvoir politique.
M. ATANGANA paie, depuis 13 ans, son soutien en 1997 à M. EDZOA, mais le prix ne
paraît pas encore assez élevé aux yeux des autorités camerounaises.
En effet, comme le terme des 15 ans d’emprisonnement se rapproche, il a été décidé de juger à nouveau MM. ATANGANA et EDZOA pour des faits qui auraient été commis, il y a 15 ans, entre 1994 et 1996, toujours dans le cadre du COPISUR. L’objectif est clair : ils ne
doivent pas pouvoir sortir un jour de leur sinistre lieu de détention. Ce nouveau procès, au
dossier vide, fixé une première fois en septembre 2009, est depuis renvoyé d’audience en
audience sous différents prétextes.
Face à cette situation, les autorités françaises ont adopté un profil bas alors qu’un citoyen
français est privé de liberté depuis 13 ans en violation de ses droits les plus élémentaires. Les autorités camerounaises se permettant même de refuser au consul général de France à Yaoundé de visiter son propre ressortissant dans son lieu de détention, sans que la France n’ose émettre une forte protestation.
La défense de M. Atangana demande aux autorités françaises de s’intéresser au sort d’un de leurs ressortissants, abandonné depuis 13 ans dans les mailles d’une justice camerounaise aux ordres, sacrifié sur l’autel du maintien des bonnes relations franco-camerounaises.
A Paris, le 13 mai 2010.
Rémi Barousse
Avocat à la Cour