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Publié par ENOH MEYOMESSE

Le 1er octobre 2014, le Cameroun a adressé un chaleureux message de félicitations à la République Populaire de Chine, pour les 65 ans de sa révolution, le 1er octobre 1949. Le même 1er octobre 2014, il a également adressé un tout aussi chaleureux message de félicitations à la République de Chypre, située au fond de la mer méditerranée, pour sa fête nationale. Même chose pour le Nigeria voisin. Puis, le 4 octobre 2014, un autre message de félicitations a été adressé au Lesotho pour sa fête nationale. Et le 9 octobre, c’était au tour de l’Ouganda de recevoir nos félicitations. A vrai dire, si l’on peut comprendre que nous adressions des flatteries à la Chine en sa qualité de puissance mondiale en passe de détrôner les Etats-Unis d’Amérique d’ici la fin du siècle, au Nigeria avec qui nous partageons une longue frontière commune, en revanche, Chypre … C’est à peine si 1% des Camerounais ont même déjà entendu prononcer ce nom… Mais, dans le même temps, aucune évocation n’a été faite, sur le plan officiel, de ce même 1er octobre 1961 au Cameroun. Et pour-tant… Et pourtant, le combat pour la réunification a été le tout premier qu’ont livré nos grands-parents dès le lendemain de la partition de notre pays le 4 mars 1916 en deux zones d’occupation, la « zone anglaise » à l’ouest, et la « zone française » à l’est. Puis, ils ont catégoriquement rejeté l’orthographe nouvelle qui était imposée à la dénomination de notre pays, à savoir, « Cameroun », en «zone française », et « Cameroon » en « zone anglaise ». Ils ont maintenu l’orthographe « Kamerun », jusqu’en 1961, et même au-delà. Par ignorance, de nos jours les gens s’exclament spontanément, en présence de l’écriture « Kamerun », « Cameroun allemand ». Non, cela n’est point exact. Si « Kamerun » signifie « Cameroun allemand », alors « Cameroon » devrait de la même manière signifier « Cameroun britannique », et « Cameroun », « Cameroun français ». Et le 22 août 1952, les Camerounais des deux « zones » ont signé un document capital à Tiko, dans lequel ils réitéraient leur désir de reconstitution de leur patrie dans les frontières d’avant le 4 mars 1916. Ils ont donné pour titre à ce document : « Proclamation de Tiko ». Ce document a été signé en réponse aux conclusions de la Mission de visite des Nations Unies quelques temps auparavant qui alléguait que les Camerounais ne désiraient nullement la réunification de leur territoire. Naturellement, la Mission de visite n’avait fait que reproduire les thèses des colonialistes, et rien d’autre. Lorsque le 11 juin 1961, la partie nord de la « zone anglaise » a été rattachée au Nigéria, quel n’avait pas été le deuil dans toutes les familles du pays, au point où l’ambassade de Grande-Bretagne sise au quartier Hippodrome à Yaoundé avait été criblée de cailloux par la population. Puis le 11 juin avait été décrété jour de deuil national et célébré des années durant, avant d’être, comme toutes les dates marquantes de l’histoire de notre pays, passé aux oubliettes. Aujourd’hui, bien moins de 0,1% de Camerounais ont connaissance de cette date…En tout cas, les intellectuels camerounais ont du pain sur la planche pour reconstituer notre passé…

Ce jour-là… Le 1er octobre 1961 avait été un dimanche. Je me souviens, tout gosse que j’étais, que ce jour-là, tout Yaoundé était en fête. Dans pratiquement tous les foyers, des mets spéciaux avaient été cuisinés pour la circonstance, et les « tourne-disques » aboyaient de la musique de manière tonitruante à travers toute la ville. Mes parents habitaient le quartier Messa dans le « camp de fonctionnaires » aujourd’hui disparu, et j’avais vu des gens passer à vélos en train de scander à tue-tête, « Réunification, oyééé ! Réunification, oyééé ! » Qu’aujourd’hui, il n’y ait plus trace de tout cela, est vraiment dommage pour notre pays. Rien de surprenant, dans ces conditions, que l’ennemi du Camerounais soit devenu à ce jour … le Camerounais d’une autre tribu… Ce jour-là, pourtant, il n’y en avait aucune.

Enoh Meyomesse

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