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Publié par Delphine E. Fouda

             

 Mère éprouvée et épouse combattante, Sidonie Peka vit désormais en cavale. Et pour cause, la flicaille de Paul Biya est à ses trousses. Après Icicemac.com, c’est au tour du confrère de Mutations de s’intéresser au cas de l’épouse de l’artiste Joe la conscience. Celui-ci est écroué à la prison centrale de Kondengui pour avoir exercer son droit  de citoyen en manifestant contre la modification de la constitution. Tout comme Lapiro de Mbanga artiste lui aussi, qui paie cash son engagement dans la lutte pour la liberté dans les geôles de Mbanga.

 

     Mutations 29/04/2008 Sidonie Peka : "Des militaires ont forcé l`entrée de mon domicile à Loum" 

L`épouse de l`artiste Joe la Conscience incarcéré accumule les convocations de la police et dit être en cavale.

Vous avez rendu visite dimanche dernier à votre époux, Kameni alias Joe La Conscience, incarcéré à la prison de Kondengui depuis plusieurs semaines. Comment l`avez-vous trouvé ?

Depuis deux mois je vis cachée, mais j`ai quand même pris le risque de rendre visite à mon époux hier [Ndlr dimanche dernier] à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Je l`ai trouvé dans un état préoccupant.

Il est asthmatique, il a des douleurs à la gorge et il a perdu beaucoup de poids. De savoir que sa famille vit en clandestinité n`arrange rien à sa situation. Quand il m`a vue, il m`a demandé comment j`ai fait pour arriver à la prison. Je dois vous confier qu`il a pratiquement pleuré. Il continue de demander la libération des jeunes arrêtés pendant les émeutes et dénonce surtout leurs conditions d`incarcération notamment la malnutrition et les maladies. Il m`a confié que dans ces conditions difficiles, certains pourraient mourir.

Comment vos enfants et vous vivez depuis l`incarcération de Joe La Conscience?

Je vis dans le stress en l`angoisse. Les enfants ont été traumatisés par le meurtre de leur frère, l`incarcération de leur père est venue aggraver les choses. Ils ont arrêté l`école parce que nous avons dû fuir la ville de Loum, en raison des menaces que je recevais. Ma famille vit un véritable drame.


Pourquoi vous avez quitté la ville de Loum ?

Pendant les émeutes, alors que je m`étais déplacée, des militaires ont forcé l`entrée de mon domicile à Loum. A mon retour, des voisins m`ont raconté ce qui s`est passé. J`ai pris peur, je me suis demandé ce qu`ils venaient chercher chez moi, alors même que mon mari était incarcéré. Lorsque je me suis renseignée, on m`a confié que je risquais d`être arrêtée à tout moment. Et justement, depuis que je suis partie, les nouvelles qui me parviennent confirment mes craintes. Je sais que le sous préfet et le commissaire de la ville sont passés me chercher. Trois convocations ont été déposées à mon domicile. La dernière date du 16 avril dernier.


Avez-vous un appel à lancer aux autorités de votre pays ?

L`appel que je lance aujourd’hui, c`est de libérer tous ces enfants qui sont incarcérés dans les prisons du Cameroun depuis les émeutes de fin février dernier. Je demande aussi protection pour mes enfants et moi. Nous n`avons rien fait de mal. Vivre en cavale c`est très difficile, surtout lorsque vous devez trimbaler des enfants avec vous. Je n`arrive pas à joindre les deux bouts.

 

 

 

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