Assassinats de religieux : Benoît XVI demande des comptes au Cameroun
Jean Francis Belibi, Mutation 18/06/2008. Le Saint Père a reçu
lundi dernier, les lettres de créances du nouvel ambassadeur du Cameroun accrédité auprès du Vatican.
C’est finalement lundi dernier que Antoine Zanga, désigné le 25 janvier dernier comme ambassadeur du Cameroun auprès du Saint Siège dans l’Etat du Vatican a présenté ses lettres de créances au
Pape Benoît XVI. Le Saint Père, dans une communication dont l’intégralité a été publiée par Radio Vatican s’est d’emblée réjoui de ce que Antoine Zanga est " le premier ambassadeur (du Cameroun
accrédité auprès du Saint Siège) résidant à Rome ".
Le Pape Benoît XVI s’est appesanti sur les difficultés économiques auxquelles font face aujourd’hui de nombreux Etats au rang desquels le Cameroun " Votre pays, comme de nombreux autres,
notamment dans le continent africain, souffre tout particulièrement de la conjoncture économique actuelle, qui touche de nombreuses familles n’ayant pas le minimum pour survenir à leurs besoins
les plus fondamentaux et qui ne favorise pas la croissance nationale… " Tout en faisant remarquer que dans le cas du Cameroun, des éléments internes peuvent contribuer à ralentir la
croissance.
S’il n’est pas allé plus loin dans sa réflexion à ce sujet, le Sait Père a relevé que "Toute nation doit rechercher la stabilité économique et sociale, s’attachant sans cesse à s’organiser par
ses propres moyens et dans le respect de ses propres institutions… ". Benoît XVI invite ainsi à favoriser le développement des micro projets " qui engagent localement des hommes et des femmes,
ainsi que de lutter efficacement contre les trafics illicites et les phénomènes de corruption ", avant de se faire plus précis " J’invite donc tous les Camerounais à avoir une conscience toujours
plus aiguisée du bien commun ".
Le Saint Père est revenu sur les conflits armés qui minent la sous région et qui amène le Cameroun à accueillir ces " personnes qui doivent laisser leur terre d’origine, souvent en raison des
conflits armés ", et d’inviter " les nations de la région à
répondre toujours plus aux exigences de sécurité et de paix, pour faire face aux différents foyers de violence, dont l’ensemble de la population innocente, et l’Eglise elle-même sont
malheureusement souvent les victimes… ".
Morts oubliés
Occasion aussi pour le Souverain pontife de revenir sur ces nombreux assassinats de religieux au Cameroun : " Comment ne pas rappeler le décès tragique de Monseigneur Yves Plumey, du Père jésuite
Engelbert Mveng, et plus récemment du Frère clarétain allemand Anton Probst… ". Il rappelle notamment aux autorités camerounaises que l’ " Un des devoirs fondamentaux des responsables politiques
est sans aucun doute d’offrir à leurs concitoyens une situation sociale pacifiée et la concorde… ". Ces trois responsables religieux sont morts dans des conditions tragiques respectivement en
1991, 1995 et 2003, les enquêtes diligentées pour faire la lumière sur ces drames n’ont jamais rendu leurs verdicts. Des morts qui s’ajoutent à celles de l’Abbé Joseph Mbassi, Mgr Jean Kounou,
les sœurs Germaine Marie et Marie Leone, l’Abbé Apollinaire Ndi…tous disparus dans des conditions similaires. Le clergé, les familles et la communauté nationale attendant toujours que la lumière
soit faite.
Benoît XVI en profite pour appeler " toutes les personnes impliquées dans la vente ou le trafic des armes avec des intérêts souvent très lucratifs ", à s’interroger sur les conséquences de leurs
activités. L’un des dossiers sur lequel devra s’en doute travailler le nouvel ambassadeur du Cameroun auprès du Saint Siège, comme l’a d’ailleurs indiqué le Pape Benoît XVI concerne la
préparation d’un " Accord plus organique entre le Saint Siège et le Cameroun (qui) pourrait favoriser le développement de l’activité ecclésiale pour l’éducation et l santé de tous ". Le Souverain
pontife a par ailleurs tenu à remercier les autorités camerounaises pour la reconnaissance des titres universitaires délivrés par l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac) installée à
Yaoundé. Un accord signé le 17 août 1995.