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Publié par Delphine E. Fouda

   Souley ONOHIOLO, Le Messager, 05/08/2008.Le gouvernement camerounais n’est pas tout à fait certain d’être dans les délais de la mise en place d’Elecam d’ici la fin de l’année.

Pour la première session ordinaire du « dialogue politique structuré entre le Cameroun et l’Union européenne », la salle des actes du ministère des Relations extérieures a réuni jeudi 31 juillet, les acteurs politiques des deux camps. La partie camerounaise était conduite par le ministre des Relations extérieures Henri Eyebe Ayissi qu’entouraient, entre autres personnalités, Amadou Ali, le vice-Premier ministre, ministre de la Justice…, et Emmanuel Edou, ministre délégué auprès du Minatd. L’Union européenne, quant à elle, était représentée par les chefs de missions résidents des pays membres. Il revenait à SE Georges Serre, l’ambassadeur de France au Cameroun, de la conduire, en sa qualité de président local de l’Union européenne. Les échanges ont porté sur l’appui de l’UE à la mise en œuvre de la réforme judiciaire au Cameroun, la mise en place d’Elections Cameroon (Elecam) et l’examen de la matrice des réformes. « Si Elecam avait été mise en route à la fin du mois de juin, son fonctionnement serait grippé. Avec les six mois supplémentaires, Elecam naîtra avec un « bon trousseau », explique Emmanuel Edou.

Les civilités diplomatiques n’ont pas empêché l’UE de dire sa déception par rapport aux six mois de prolongement de la mise en route d’Elecam. « Nous avons fait état d’une certaine déception du fait qu’on s’attendait à voir Elecam en place comme la loi le prévoyait dès la fin du mois de juin. Hélas. Du côté du Minatd, on nous donne les assurances qu’il ne s’agit pas d’un changement de volonté politique. La préparation de la mise en place d’Elecam exigeait un délai un peu plus long. Les 18 mois prévus par la loi n’étaient pas suffisants. Ils ont expliqué au président de la République pourquoi il fallait nécessairement une rallonge de six mois » commente le chef de file des plénipotentiaires de l’Union européenne. Très peu convaincus par les arguments du gouvernement camerounais sur ce report, ses homologues et lui souhaitent voir la mise en chantier des progrès. « Nous attendons d’ici la fin de l’année la nomination : des membres du conseil électoral, du directeur général et du directeur général adjoint, mais aussi un début de mise en place d’Elecam avec l’élaboration d’un budget et le démarrage effectif de certains démembrements », conclut-il.

Bakassi s’invite au débat
Interrogé sur l’évidence d’une mise en place définitive d’Elecam d’ici la fin de l’année, conformément à la prorogation de six mois du délai initial, le gouvernement camerounais répond positivement, mais sans convaincre. « Techniquement, nous n’étions pas prêts. Au départ nous avions demandé 24 mois, mais le chef de l’Etat nous en avait donné 18. A partir du moment où les six mois supplémentaires nous sont rétrocédés, nous manquerions d’argument si nous n’étions pas prêts. Mais imaginez vous qu’en décembre, nous ne soyons pas prêts de démarrer avec Elecam, on fait comment ? » s’interroge Emmanuel Edou. Dans sa revendication de l’obligation morale du Cameroun à respecter le délai supplémentaire, se lit un sentiment de doute et d’incertitude. Henri Eyebe Ayissi invite l’opinion et l’UE surtout, à « dissiper la psychose de l’obsession et l’incertain ». Selon lui, l’Onel est encore capable de conduire une élection. « Il y a nécessité à dissiper le doute sur le fonctionnement des institutions républicaines en place. S’il y a une élection aujourd’hui, on applique la loi électorale actuelle », affirme-t-il.
Le partage des informations a également porté sur l’échéance du 14 août devant consacrer le transfert d’autorité sur la totalité de la presqu’île de Bakassi au profit du Cameroun. « Sur la question de Bakassi, l’Union européenne réaffirme son soutien et son appui au gouvernement camerounais malgré la conjoncture assez sensible de la transition. Nous espérons que tout va bien se passer le 14 août ; que la rétrocession définitive de la péninsule de Bakassi au gouvernement Camerounais qui en est le légitime propriétaire conformément à la légalité internationale, sera effective », affirme le chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun. A titre provisoire et en attendant la décision de l’Onu, le choix se portera sur l’une des villes de Ikang, Jabani ou Abudja, pour accueillir la cérémonie dudit transfert. Les deux parties ont aussi parlé des appuis de l’Union européenne dans l’amélioration du système judiciaire.

Plus de 6,5 milliards Fcfa pour les prisons et la justice
La 1e session ordinaire du « dialogue politique structuré entre le Cameroun et l’Union européenne » a également permis à l’UE de faire le round up de sa coopération avec le Cameroun, sur la question des interventions dans le domaine de la justice. A travers le programme d’amélioration des conditions de détention et respect des droits de l’Homme (Pacdet II), l’UE parle du 9ème Fed (2007-2011) ayant permis le développement d’une seconde phase dotée d’une enveloppe de 9 830 000 euros, dont 8 000 000 à la charge du Fonds européen de développement et le reste à celle du gouvernement camerounais. Le Pacdet II a pour objectif global d’ « amener le Cameroun vers une situation de respect plus rigoureux des droits de l’homme par l’amélioration du fonctionnement du système carcéral et judiciaire ». Son objectif porte sur « la réduction des dysfonctionnements et des abus liés à la détention, et en particulier la détention préventive » dans les 10 prisons centrales. La mise en œuvre du projet a débuté en mars 2007 pour une durée de 48 mois. Après une phase de démarrage de six mois, durant laquelle l’assistance technique a été mise en place, le projet est aujourd’hui au stade de l’exécution des activités du premier devis programme de 12 mois.

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