Sud-Cameroun : Bataille rangée au cœur du "pays organisateur"
Modeste Mba Talla, Icicemac.com,31/07/2008.Qui a raison dans l'opposition entre Ateba Eyene qui produit un ouvrage et Jacques Fame Ndongo qui lui retourne un journal spécial ? Au moment où la bataille des membres du RDPC et des fils du "pays organisateur" fait rage, nous revenons sur les sept premières revendications de la Province du Sud publiées il y a quatre années par la Nationale, parti politique que dirige le Dr Abel Eyinga. Les revendications de parti implanté à Ebolowa montraient pourtant que la route qui mène vers le développement dans le Sud était fortement encombrée de nombreuses poches de misère.
Cette bataille, qui s'était longtemps limitée à la capitale du Sud, s'est subitement transportée, en 2008, sur la place publique avec la sortie de l'ouvrage "Les Paradoxes du pays organisateur : Élites productrices ou prédatrices : le cas de la province du Sud-Cameroun à l'ère Biya (1982-2007) ".
Un ouvrage vérité de Charles Ateba Eyené qui met à jour les mensonges de l'élite de cette partie du Cameroun. Cet essai, en même temps qu'il met mal à l'aise l'élite de la province du Sud, re-donne raison à Abel Eyinga. Cette audace de Ateba Eyené a provoqué le courroux indescriptible de nombreuses élites auto-proclamées du "pays organisateur", dont la réplique d'une élite de la Mvila en la personne de Jacques Fame Ndongo, dans le numéro de Sud Avenir, le numéro 002 paru en juillet.
Ce numéro confectionné à la hâte ressemble, à se méprendre, à un livret des réalisations du Renouveau national dans la province natale du président Paul Biya. Un livret dont le but premier serait de dédouaner le chef de l'Etat et de montrer que tout est rose dans cette province. N'est ce pas ce qui fait dire à Jacques Fame Ndongo que Paul Biya Bi-Mvondo "a énormément contribué au développement économique, social et culturel de la province du Sud en particulier et du Cameroun en général ", laissant ainsi croire que tout est rose dans le Sud Cameroun.
À l'opposé de ce présent et de cet avenir radieux dont parle l'enfant de Nkolandom près d'Ebolowa, Charles Ateba Eyene aujourd'hui, comme hier la Nationale, dénonce la misère et l'esprit anti-démocratique dans lesquels on a enfermé les populations du Sud Cameroun. Le torpillage de la liberté d'expression dans la province natale du Chef de l'État a atteint dès lors son comble lorsque Ateba Eyené a été interdit d'antenne dans une radio locale d'une cité balnéaire du Sud, en même temps que les autorités municipales lui refusaient l'utilisation de la grande salle des fêtes de l'arrondissement de Kribi 1er, l'obligeant à dédicacer son récent ouvrage sous les arbres! Comme quoi, les réflexes anti-démocratiques ont la peau dure au "pays organisateur".
Nous reproduisons d'ailleurs, ci-contre, les " 7 premières revendications de la Province du Sud ", telles que publiées en juillet 2004, portées par la Nationale et dont Fame Ndongo n'a dit mot dans Sud Avenir! Comme quoi ces revendications n'ont aucune prise sur l'avenir.
I - Le Comice agro-pastoral
Le comice agro-pastoral s'est tenu un peu partout au Cameroun, notamment à Ngaoundéré et à Bertoua où ses retombées économiques et sociales ont été appréciables. Mais lorsque arriva le tour de notre province, dans les années 90, tout se grippa. On nous dit alors que c'était à cause de la crise. Or, depuis 4 ou 5 ans, nous entendons dire que la crise est terminée, que la prospérité est revenue et que la croissance plafonne à plus de 4%. Il n'y a donc plus de raison pour que le comice ne se déroule pas chez nous. Les populations du Sud demandent qu'il se tienne à Ebolowa dans les deux années qui viennent. D'ici 2006.
II - Indemnisation des victimes de la route Mbalmayo-Ebolowa
Depuis 16 ans, 740 de nos concitoyens attendent le paiement de leur indemnisation suite à la destruction de leurs
biens (habitations, plantations, tombes, etc) lors de la construction de la route bitumée Mbalmeyo-Ebolowa en 1988. Il s'agit essentiellement des ressortissants de la zone Mengoñô-Mekalat
(Ebolowa). Les indemnités en question s'élèveraient à environ 600 millions de francs. Des promesses jamais tenues, de la part des autorités, ont été jusqu'ici les seules réponses servies aux
ayants droit chaque fois qu'ils ont posé le problème de leur indemnisation. Le gouverneur de la Province du Sud vient de leur en faire une nouvelle le 6 juillet dernier. Et dire que les
populations de la Vallée du Ntem qui viennent de voir leurs biens détruits (en 2002-2003) suite au bitumage de la route Ebolowa-Ambam, ont déjà été indemnisées !
Nous demandons que justice soit rendue le plus tôt possible à nos concitoyens et qu'ils rentrent sans délai en possession de ce qui leur est dû.
III - Réouverture de Radio Oyenga
Un ressortissant de notre province,
M. Emmanuel Mbiame, avait pris l'excellente initiative de créer une radio libre, qu'il a installée à Ebolowa, notre province étant en état de sous-développement avancé en matière d'équipement de
ce genre. Radio Oyenga a commencé à fonctionner à la satisfaction de tous. Mais à peine une semaine après son inauguration, le ministre de la Communication, M. Jacques Fame Ndongo, est venu
l'interdire en y apposant des scellés sans aucune explication. Depuis plus de deux ans, Radio Oyenga est condamnée au silence. Le ministre n'a pas proposé un autre équipement pour remplacer la
radio interdite. Est-ce l'arriération de notre province qui est en marche ?
Les populations frustrées du Sud demandent la levée de l'interdiction inopportune du ministre Fame Ndongo et la réouverture sans délai de Radio Oyenga.
IV - Le versement des 500 millions de 1997
Pendant la campagne des législatives de 1997, le ministre Oyono Ferdinand Léopold, directeur de la caravane Rdpc venue de Yaoundé, avait déclaré plusieurs fois à la Crtv-Sud que le chef de l'Etat, M. Paul Biya, venait d'offrir un cadeau de 500 millions de francs à la province du Sud. Mais depuis 1997 jusqu'aujourd'hui, 2004, personne n'a encore vu le traître centime de cette somme. Les populations du Sud demandent donc que les promesses officielles d'il y a sept ans soient honorées et que les 500 millions de francs en question nous parviennent enfin.
V - Représentation équitable à l'Assemblée nationale
A l'Assemblée nationale, le Ja-Lobô, moins peuplé que la Mvila, est représenté par 5 députés alors que la Mvila, avec une population d'au moins dix mille habitants plus importante, ne dispose que de 3 représentants. Nous demandons que cette injustice soit corrigée par l'octroi de 6 députés au département de la Mvila, ou alors en inversant les chiffres actuels : cinq députés à la Mvila et trois au Ja-Lobô.
VI - Système routier
Le réseau routier de la province du Sud demeure l'un des plus archaïques et des plus arriérés de ce pays. A
l'exception toute récente de l'axe Ebolowa-Ambam (90 km) qui vient d'être bitumée aux frais de l'Union Européenne, toutes les voies reliant entre elles les villes de la province sont des pistes
de terre dont on connaît la précarité. Nous demandons le bitumage, dans un premier temps, des trois axes routiers suivants :
- Ebolowa-Kribi, par Lolodorf (Mekota Jaman) ;
- Sangmelima-Djoum, par Meyômesi et Endenge ;
- Ebolowa-Ako'okas-Nkôlandôm, par Biwôñ et Mvangan.
VII - Un maire élu pour Ebolowa
C'est en 1958 que la commune urbaine d'Ebolowa a accédé, sous le régime colonial direct, au rang de commune de plein exercice, avec un maire et un conseil municipal élus. Elle s'est alors mise avec enthousiasme à l'école de la démocratie locale. Mais voici qu'en 1996 un décret présidentiel est venu interrompre brutalement cette évolution heureuse en rétrogradant notre commune au stade de ce que l'on appelait, avant l'indépendance, commune mixte. Ce terme désignait une commune avec un conseil municipal élu et un maire nommé par le gouverneur de la colonie. Ledit maire nommé était généralement un fonctionnaire, l'administrateur colonial en poste dans la région.
Depuis 1996, Ebolowa n'a plus de maire élu, mais un personnage appelé "délégué du gouvernement" qui assume les fonctions de maire, personnage nommé d'autorité par le chef de l'Etat parmi les membres de son parti administratif. L'intérêt, pour les populations, de cette évolution à rebours ? Personne, jusqu'ici, ne nous l'a encore montré, mais nous en subissons les inconvénients tous les jours. Faut-il rappeler, par exemple, que l'actuel maire non élu d'Ebolowa (délégué du gouvernement) est un repris de justice, évadé de la prison de Ngaoundéré où il était détenu pour une sombre affaire avec une banque locale, ensuite recherché, jusqu'à sa nomination à la tête de la commune, pour des indélicatesses qu'il aurait commises à la Société Suisse des Palmeraies où il a travaillé quelque temps après sa fuite de l'Adamaoua… Les populations de notre région demandent, avec insistance, que le maire du chef-lieu de la province du Sud redevienne un élu du peuple.