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Publié par ENOH MEYOMESSE

Enoh Meyomesse, 22/09/2008.L’économie camerounaise s’est écroulée aussitôt qu’il a été affecté président de la République par Ahmadou Ahidjo ; il a trituré, à sa guise, trois fois de suite la constitution ; il a fini par se constituer en président à vie ; mais, Paul Biya n’a été, en aucun jour, inquiété par le Rdpc ; ce parti politique prouve, ainsi, qu’il est prêt à le suivre docilement quoi qu’il fasse, et qu’il n’est rien d’autre qu’une machine à fabriquer des motions de soutien.

 Thabo Mbeki poussé à la démission par l’ANC : la nouvelle a réjoui un nombre considérable de démocrates à travers le continent africain au vu, d’une part de la politique éternellement ambiguë de Thabo Mbeki sur le plan continental et international, d’autre part du caractère hardi, et, par voie de conséquence, pédagogique, de la décision de l’ANC. Ce parti politique a démontré, aux yeux du monde, que la démocratie peut également s’exercer pleinement en Afrique noire, au point de voir un parti politique détenant le pouvoir, et non pas les électeurs, décider du départ de celui-ci de son propre militant. Jusqu’à présent, nous étions habitués à ne connaître de telles situations que dans les pays occidentaux, ou dans des pays tels que le Japon ou Israël. Le Nigeria a été le premier à procéder ainsi, lorsque Olusegun Obasanjo avait voulu amender la constitution pour s’éterniser au pouvoir. Ses propres camarades de parti lui ont dit non. Au Sénégal, bien que ce pays soit la plus vielle démocratie d’Afrique noire, le PS, parti d’Abdou Diouf, ne s’est nullement opposé à son projet de levée de la limitation des mandats présidentiels. Par bonheur, ce que les militants du PS n’ont pu faire, le peuple sénégalais, lui, l’a fait : il a déposé Abdou Diouf lors de l’élection présidentielle qui a suivi. La question qui se retrouve, tout naturellement, sur toutes les lèvres camerounaises est celle de savoir pourquoi l’Anc est parvenu à déposer Thabo Mbeki, et le Rdpc, au Cameroun, ne peut  réaliser pareille chose avec son président Paul Biya ?

L’ANC : UN PARTI POLITIQUE AUTHENTIQUE

Le Congrès National Africain, en anglais, African National Congress, ANC, est, avant tout, un authentique parti politique. Qu’est-ce à dire ? Une association d’individus qui a pour but la conquête et l’exercice du pouvoir. L’ANC a vu le jour, en 1947, avec pour but de mettre fin à l’odieux régime de l’apartheid en Afrique du Sud, et, naturellement, pour conquérir le pouvoir. Il a eu à lutter, ainsi, des décennies durant, pour finalement triompher en 1994. L’ANC s’est, tout au long de cette lutte, doté d’une idéologie véritable et acceptée par l’écrasante majorité des Noirs Sud-Africains. Ses militants ont connu la persécution, l’exil, la torture, l’assassinat. Il est ainsi doté d’une histoire héroïque, et tout comme d’un bilan élogieux. Dans une très large mesure, il n’est pas exagéré de considérer l’ANC comme l’âme des Sud-Africains noirs. En conséquence, Nelson Mandela, comme Walter Sizulu, Oliver Tambo, ou Thabo Mbeki, ne sont que des porte-paroles, à un moment donné, de ce parti politique. Ils n’en sont pas les propriétaires. L’Anc tient, régulièrement, des congrès, est animé par de véritables débats internes, des courants politiques, etc.

 LE RDPC : UN PARTI FACTICE

 Le Rdpc, quant à lui, n’est pas une association d’individus qui vise la conquête et l’exercice du pouvoir. Il est, plutôt, une association d’individus dépendant du pouvoir. Le Rdpc, en effet, n’a nullement conquis le pouvoir. Que ce soit sous son appellation actuelle, comme celles antérieures. Son ancêtre, l’Union Camerounaise, UC, a vu le jour après que son créateur avait déjà accédé au pouvoir. Ahmadou Ahidjo a fondé l’UC, à Garoua, le 1er mai 1958, alors qu’il était déjà Premier ministre depuis le 18 février 1958, soit depuis trois longs mois. En conséquence, des deux, à savoir de l’UC et de lui, c’est lui qui a donné vie à l’UC, et non le contraire. Les personnes qui ont adhéré à ce parti politique par la suite, ne l’ont plus fait que par pure opportunisme. Du reste, le mot d’ordre qui circulait à l’époque était : « le parti politique qui permet de boire de la bonne eau fraîche ». Allusion, évidente, aux autres partis politiques dont les militants connaissaient la persécution du régime : Upc, Pdc, Parti Travailliste, etc. Huit ans plus tard, en 1966, Ahmadou Ahidjo a débaptisé l’UC, et l’a nommé UNC, Union Nationale Camerounaise. Le même esprit est demeuré. Il s’est même renforcé, étant donné que l’opposition était devenue illégale au Cameroun. 19 ans plus tard, Paul Biya a débaptisé une seconde fois l’UC, et lui a attribué pour nouveau nom, Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, Rdpc, alors qu’il était déjà président de la République depuis trois ans, à savoir, depuis le 4 novembre 1982. Il n’était d’aucun intérêt, pour lui, de transformer le Rpdc en véritable parti politique. Il y a même plutôt mis fin aux parodies de congrès qu’organisait Ahmadou Ahidjo pour le l’Unc. Actuellement, le Rdpc n’en tient plus que pour le désigner, de nouveau, président du parti. Point. Il a renforcé l’usage que faisait de l’Unc Ahmadou Ahidjo, à savoir, une caisse de résonance à son service. Le Rpdc joue ainsi le rôle de amplificateur de ses faits et geste, de laboratoire de motions de soutiens à sa personne.

 LE DEGRE ZERO DE LA POLITIQUE AU CAMEROUN

 Cette conception de la politique est à l’origine de l’incapacité totale des militants du Rdpc de déposer, un jour, Paul Biya, quoi qu’il fasse, et quel que soit leur mécontentement à son endroit. Ceux-ci ne peuvent que roucouler, telles de poules, et rien d’autre. Il peut même tous les jeter en prison, ils ne feront que lui adresser des motions de soutien indéfectibles. En fait, Paul Biya a réduit tous les militants du Rdpc en adulateurs craintifs et zélés de sa personne. Nous nous retrouvons, ainsi, au Cameroun, au degré zéro de la politique.   

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