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Publié par Delphine E. Fouda

Ndzana Seme, www.africanindependent.com Paul Barthélemy Biya vient de faire présenter par son premier ministre un texte n’ayant qu’un rare rapport avec la gestion réelle des impôts et des resources publiques des Camerounais par ses braqueurs gouvernementaux. Les chiffres de dépenses de personnels révèlent, après calculs, que le salaire moyen serait de 413.000 FCFA à la function publique camerounaise, une preuve que les postes budgétaires sont artificiellement gonflés pour donner aux gestionnaires de quoi voler. Les investissements publics de 2009 portent essentiellement sur les stades de spectacle, afin de mieux amuser la galère populaire. Pourtant le pays a urgemment besoin de lourds investissements en travaux publics pour démarrer l’économie, comme nous le soutenons dans un ouvrage.

Le cirque a été renouvelé lors de la dernière session ordinaire de l’Assemblée Nationale ayant siégé ces derniers jours. Comme de tradition chaque année, le premier ministre Inoni Ephraïm est venu reciter, devant un parterre d’individus corrompus autoinvestis comme “représentants du peuple” lors de comedies électorales, un texte n’ayant qu’un rare rapport avec la gestion réelle des impôts et des resources publiques des Camerounais par les braqueurs gouvernementaux.

Il faut le dire tout de go. Les budgets de Paul Barthélemy Biya ne servent à rien en l’absence d’une décentralisation économique et politique effective au Cameroun. Ses budgets ont toujours été les montants que lui et ses fameuses “elites” prévoient pour se partager le butin que constituent les impôts, les revenues et redevances de l’exploitation minière et notamment pétrolière, et les divers prélèvements opérés par l’Etat sous leur contrôle.

Un budget pour financer rien qu’une lourde administration corrompue

Analysons le dernier budget de Paul Biya, si vous voulez bien, pour bien comprendre notre propos.

Inoni est allé lire que projet de budget de l'Etat pour l'exercice 2009 s'établit à 2 301 milliards de FCFA, contre 2 276 milliards pour l'exercice 2008, soit une stagnation.

Une telle prédiction reposerait sur les ressources internes camerounaises suivantes: 2 054 milliards de F CFA en 2009, contre 2 022 milliards en 2008. Ces ressources, qui représenteraient 89% du budget de l’Etat pour 2009, seront ventilées de la manière suivante:
- les recettes non pétrolières, c’est-à-dire les recettes fiscales et le produit des prélèvements gouvernementaux divers sur les contribuables : 1 535 milliards en 2009, contre 1 429 milliards en 2008 ;
- les recettes pétrolières : 519,4 milliards (contre 593 milliards en 2008), dont 389,4 milliards de redevance SNH et 130 milliards d'impôt sur les sociétés pétrolières.

Les ressources externes sont prévues de se chiffrer à 247 milliards de FCFA en 2009, soit 11% du total, contre 254 milliards en 2008, dont 139 milliards de “prêts-projets” et 108 milliards de dons internationaux.

Paul Barthélemy Biya a envoyé Inoni lire que ce projet de budget sera dépensé pour:
- 59%, soit 1.358 milliards pour assurer les dépenses de fonctionnement de l’administration,
- 26%, soit 598 milliards pour les dépenses d’investissements publics 
- 15%, soit 345 milliards pour le règlement de la dette publique.

Retenons bien ici qu’un pays pauvre a surtout besoin d’investissements publics, afin de pouvoir faire démarrer son économie. Mais nous constatons plutôt, comme il est de coutume chaque année depuis 26 ans, dans un Cameroun plus pauvre qu’en 1950, que le budget de Paul Biya consacre plus de la moitié de ses dotations pour financer le fonctionnement de son administration publique.

Des chiffres grotesques pour menager les voies du vol

Remarquons maintenant que, dans ces dépenses de fonctionnement de l’administration publique, les dépenses de personnels sont prévues de passer de 510 milliards en 2008 à 624 milliards de F CFA, soit 27% du budget total de l’Etat; une part du budget qui à elle-seule est supérieure à cette de tout le budget annuel d’investissement public.

Faisons un simple calcul. Divisons ce chiffre de 624 millards par les 126 000 agents publics que compte actuellement la function publique camerounaise. Nous obtenons un salaire moyen annuel de 4.950.000 FCFA par agent, soit 413.000 FCFA de salaire mensuel par agent de l’Etat.

413.000 FCFA, s’il faut croire de budget de Paul B. Biya, est le salaire moyen à la function publique camerounaise. Demandez aux agents de l’Etat si un tel chiffre est proche de la réalité qu’ils vivent, eux qui savant que le salaire moyen n’atteint même pas 100,000 FCFA au Cameroun, même après l’augmentation présidentielle des salaires de 15% à la suite du soulèvement populaire de février dernier.

Si le salaire moyen à la function publique se trouve axagérément gonflé de cette manière, cela veut tout sinplement dire que les 624 milliards, présentés dans ce budget comme destinés aux dépenses de personnels, ne seront pas utilisés uniquement pour les dépenses de personnels, mais bien pour d’autres choses.

Il s’agit en réalité d’une part des impôts du contribuable que Paul Biya met de coté, sans donner aucune raison veritable, pour que ses gestionnaires du budget de l’Etat y puisent à volonté l’argent qu’ils veulent ou que le régime veut pour des besoins autres que ceux du service public.

La ligne budgétaire des dépenses de personnels est une preuve éclatante de ce que le régime de Paul Barthélemy Biya repose essentiellement sur le vol et le détournement des revenus fiscaux versés à l’Etat par les contribuables du Cameroun.

En ce qui concerne les dépenses d’investissement public, le régime Biya prévoit que celles-ci passeront de 538 milliards à 597 milliards de FCFA, soit 26% seulement du budget total de l’Etat.

Jetons en particulier un coup d’oeil sur les investissements routiers, dont tout pays pauvre a en priorité besoin. Biya prévoit qu’en 2009, il dépensera l’argent des contribuables pour construire:
- 100 km de routes bitumées réhabilitées
- 220 km de routes en terre bitumées
- 1 000 km de routes rurales réhabilitées
- 400 Km de routes de dessertes désenclavées
- 8 ouvrages d’art réhabilités ou construits
- 8 stations de pesages équipées.

Et c’est tout.
Ne parlons plus des problèmes essentiels, tel celui du chômage, qui frapperait actuellement plus de 30% de la population active, soit environ 3 millions de Camerounais. Comme solution pour une telle catastrophe, le gouvernement de Biya dit à l’Assemblée Nationale qu’il a octroyé 491 bourses de formation en 2008. Vous avez bien compris, 491.

Il en est de même des problèmes fondamentaux, tel le soutien dont a besoin le secteur agricole, où le gouvernement vous parle d’un fonds de relance a de 5 milliards de F CFA, ou encore d’une somme de 1,2 milliard pour soutenir la filière avicole. Et c’est tout. 

En ce qui concerne les PME, connues dans toutes les economies du monde comme les premières créatrices des emplois, le régime Biya se félicite de leur avoir apporté en tout et pour tout un appui de 11 milliards de F CFA.

En ce qui concerne l’éducation, le régime vous cite la construction de 1.500 salles de classe en 2008, dont plusieurs articles de presse ont pourtant dénoncé l’inexistance dans plusieurs localités du Cameroun…

La politique du pain et des jeux olympiques


Par contre, suivant la politique bien connue de toutes les dictatures historiques, à savoir celle du pain et des jeux olympiques, le gouvernement Biya a un projet ambitieux d’investissements pour les stades sportifs.

Le “Programme National de Développement des Infrastructures Sportives” a trois phases. La première phase chiffrée à plus de 272 milliards de F CFA permettra, dès 2009, la construction :
- à Yaoundé-Olembé, d’un stade couvert de 60.000 places;
- à Douala, d’un stade de 30.000 places et d’une piscine olympique ;
- à Bafoussam et Limbe, d’un stade de 20.000 places et d’un palais des sports.

La deuxième phase permettra la construction :
      - à Yaoundé-Olembé d’une piscine olympique de 3 000 places assises, et d’un hôtel trois étoiles ;
      - à Garoua, d’un stade de 20.000 places, d’un palais des Sports de 2 000 places et d’une piste de courses des chevaux.

La troisième phase vise l’implantation:
     - des stades de 15 000 à 20.000 places et de palais des Sports de 2 000 places dans les villes de Bertoua, Ebolowa,  Bamenda, N’Gaoundéré, Maroua et Kumba.
     - les villes de Buea et Sangmélima bénéficieront chacune d’un palais des sports de 2 000 places.

Au stade actuel des choses, le Cameroun a-t-il besoin des stades de spectacle ou alors des investissements pourvoyeurs des emplois? Telle est la question qui vient immédiatement à l’esprit de toute personne douée de bon sens.

A moins que, en dehors des 3.000 emplois pompeusement promis par Ahmadou Ali dans son ministère de la justice, ces stades soient l’une des “beaucoup de surprises dans quelques mois” que la française Patricia Balme annonçait le 12 novembre dernier que Paul Biya fera à la jeunesse. La “soigneuse de l’image du president” venait alors d’achever la tournée du pays, dont l’objet était de “toucher du doigt” les problèmes du pays et de voir “tout ce qu’il y avait à faire pour la jeunesse camerounaise”. Tout ceci en lieu et place d’un ministre de la jeunesse et des sports en poste…

Une stratégie postlibération de démarrage de l’économie camerounaise


S’il faut revenir sur les choses sérieuses, nous dirions que les stratégies pour démarrer une économie comme celle du Cameroun ont depuis plus d’une décennie fait l’objet de nos recherches personnelles. Nous écrivions alors sur ce sujet même pendant les moments sombres de notre exil au Nigeria et au Burkina Faso.

Dans notre ouvrage “Communautarisme – Dialectique pour démocratiser le Capital”, encore inédit et en manuscript, nous soutenons que l’investissement public dans les grands travaux de contruction d’une infrastructure routière et ferroviaire moderne est l’instrument de base pour démarrer une économie morte.

Nous sommes heureusement surpris aujourd’hui que, même aux Etats-Unis, les têtes pensantes rassemblées autour du nouveau president Barrack Obama n’ont pas trouvé de solution autre, devant une économie sombrant dans la recession, que l’investissement public intensif dans les travaux publics pour relancer l’économie.

D’après nos etudes, le Cameroun a actuellement besoin de 4.500 kilomètres d’autoroutes, pour un investissement total d’environ 2.000 milliards de FCFA; et de 3.000 kilomètres de voies ferrées, pour un investissement d’environ 350 milliards de FCFA.

Un tel investissement public créera inévitablement environ 1,057 million de personnes-années d’emplois, dont 637.000 personnes-années d’emplois pour les travaux de construction des axes lourds et 420.000 personnes-années d’emplois pour la construction des voies ferrées.

La logique économique fondamentale derrière notre stratégie repose sur l’économie de la demande. Les nouveaux emplois créés par les nouveaux investissements, tout en augmentant les pouvoirs d’achat, augmentent la demande sur les marchés nationaux.

Une augmentation de la demande nationale est automatiquement suivie par la création des entreprises, notamment les petites entreprises, que de nouveux marchés rendent possible.

L’infrastructure routière et ferroviaire est fondamentale pour la survie de telles nouvelles entreprises, notamment pour le secteur agricole qui doit être le poumon d’une économie comme celle du Cameroun.

En dix ans en effet, l’on peut réaliser la construction de tels axes lourds indispensables au Cameroun. Pour financer de tels travaux publics, il suffira de préléver seulement 180 milliards de FCFA chaque année des recettes pétrolières.

Les patriotes qui redémarreront le Cameroun après la tragédie néocoloniale et le cauchemar de Paul Barthélemy Biya, doivent noter qu’un tel projet de grands travaux publics est la priorité, que nous soutiendrions par tous les moyens.

Car c’est un tel projet qui est capable, comme disent les economistes autour d’Obama, de “jump-start” c’est-à-dire de “tchouquer” l’économie d’un pays pauvre comme le Cameroun (à l’image d’une voiture), afin de le placer rapidement sur la voie du bien-être attendu par tous.

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