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Publié par Delphine E. Fouda

En date du 26 Novembre 2008, la communauté estudiantine a pris connaissance d’un communiqué pour le moins curieux par lequel vous intimiez l’ordre aux résidents des Cités Universitaires du campus principal de l’Université de Yaoundé I et de l’Ecole Normale Supérieure d’ « impérativement libérer les chambres au plus tard le mardi 02 Décembre 2008 », en vue de l’accueil des délégations des DIXIADES 2008.


Madame le Recteur
de l’Université de Yaoundé I


Objet : A/S de votre décision d’expulser les résidents de la Cité Universitaire
Madame le Recteur,



Instruite de la situation par les soins des résidents même des dites cités, face au caractère
scandaleux d’une telle décision, l’
Association pour la Défense des Droits des Etudiants du
Cameroun (ADDEC), par la présente note, s’est sentie le devoir de vous dire son indignation et sa colère, de formuler quelques remarques à l’intention de la communauté universitaire et de prendre l’opinion publique à témoin, afin que nul n’en ignore.


Disons le d’emblée. Votre décision d’expulser les résidents de la Cité Universitaire pour cause de « DIXIADES 2008 » vous déshonore par son invraisemblance et son absurdité. Les étudiants aimeraient bien comprendre, Madame le recteur, quelle logique, quelle éthique et surtout quel ordre des priorités peuvent conduire un individu à priori sain d’esprit à concevoir que l’on puisse expulser près d’un millier d’étudiants d’une cité universitaire, en pleine année académique, pour accueillir des délégations sportives engagées dans une manifestation ludique dont on ne voit pas très bien le lien avec l’institution universitaire et sa fonction première qui est la production de l’intelligence. Il nous semble, pour notre part, que seule l’absurde, madame, oui, seule l’absurde propre aux institutions ou aux groupes ayant perdu la pleine conscience de leur propre raison d’être, et l’ivresse de la déraison qui en résulte peuvent expliquer une telle insulte au bon sens et à la communauté estudiantine toute entière.

En outre, à une décision malheureuse et inacceptable qui insulte la dignité et blesse la fierté de la communauté estudiantine, vous ajoutez une absence d’élégance dans la forme qui ne manque pas de choquer. Faut-il croire, Madame le Recteur, que vous n’éprouvez vraiment aucune gêne à n’informer les résidents des Cités U de votre désir de les jeter dans la rue que six (6) jours avant le délai de rigueur que vous fixez pour l’exécution de la décision ?


Comment faites-vous, Madame, pour ne pas être préoccupée par le sort de ceux qui, venus de tel ou tel autre coin reculé du pays, n’ont ni parent ni ami susceptibles de les accueillir pour la durée indéterminée que pourrait connaître votre lubie ? Comment comprendre en effet qu’ayant la charge de l’institution universitaire la plus importante du pays, vous entreteniez toujours une telle intimité avec les manières rustres, les méthodes policières et diverses formes de raideur d’esprit ? Où sont donc chez vous, Madame le recteur, ces charmes de la civilité qui toujours accompagnent les lumières de l’esprit ?


Autant dire, Madame, que le temps avait déjà bien du mal à vous débarrasser de cet attribut
morbide d’adepte de la brimade aveugle contre les étudiants. Voilà que du haut de vos titres
académiques sans doute brillamment décrochés, vous réaffirmez arrogamment votre mépris
pour le
travail intellectuel qu’effectue l’étudiant ; pire encore, la prééminence du ludique, du
festif, du jouissif sur l’utile. Compromission regrettable, mais en cohérence avec votre mutisme et votre inertie imperturbables face à l’enfer que vivent depuis les étudiants dans les zones de
résidence universitaire. Quoiqu’il en soit, sachez, Madame, que nous ne pouvons admettre que des étudiants-résidents


en règle, selon les termes de leur contrat de bail, se retrouvent sans abri chaque fois qu’une
délégation sportive ou un groupe de danse débarqueront dans la ville et que l’envie vous
viendra de jouir du plaisir malsain que, semble-t-il, certains esprits éprouvent à nuire à autrui.
Vous tardez manifestement à comprendre que la présence des étudiants à la Cité U ne relève
pas du régime des faveurs, mais bien du
domaine du droit le plus élémentaire. Ils ne peuvent
être amenés à libérer leurs chambres que dans le respect de la réglementation en la matière et
de la campagne annuelle de réattribution des dites chambres.

Votre communiqué du 26 novembre dernier viole tous les textes et toutes les dispositions
régissant le logement universitaire. C’est la raison pour laquelle nous le déclarons nul et non
avenue. Nous invitons par conséquent les résidents à demeurer sereinement dans leurs
chambres et à s’organiser pour faire échec à vos prétentions staliniennes, avec le soutient actif de l’ADDEC.


Nous vous prions de croire, Madame le Recteur, en l’expression de notre engagement ferme
dans la défense des intérêts de la communauté estudiantine.

BENANG André' Vice Président ADDEC

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