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Publié par Delphine E. Fouda

J.F CHANNON, Le Messager, 28/01/2009.Décédé le 25 décembre 2008, à Vancouver au Canada, le célèbre prélat et sociologue a été inhumé le 27 janvier 2009 au Cameroun.Le vol de la compagnie française Air France, qui avait à son bord le corps de l'abbé Jean Marc Ela est arrivé samedi à l'Aéroport de Yaoundé Nsimalen à 20h10 minutes. Ironie de l'histoire, le président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril qui rentrait d'un voyage à l'étranger, et qui se trouvait dans le même avion, a inconsciemment convoyé la dépouille de l'un des intellectuels les plus redoutés du régime Biya, dont il est l'un des grands pontes.

Très vite, le Pan qui a été accueilli sur le tarmac par un impressionnant cortège, a quitté l'aéroport. Un peu comme s'il ne voulait pas être aperçu au moment où on descendait la grosse caisse contenant le cercueil de l'abbé Ela qui a pourtant longtemps travaillé à Tokombéré, petit village du département natal de Cavaye Y. Djibril. Les hurlements tonitruants des sirènes de son cortège ont ainsi envahi dans cette triste nuit, le hall droit de l'aéroport de Nsimalen, où s'était rassemblée une cinquantaine de personnes affligées par la perte de l'auteur de " Le cri de l'Homme africain ".

Dans un salon du premier étage de l'aéroport, Mgr Jean Mbarga, l'évêque d'Ebolowa, Mgr Owono Mimboé et Mgr Jean Marie Benoît Bala, respectivement évêques d'Obala et de Bafia et des prêtres et religieuses attendaient dans la prière et la méditation, la sortie du cercueil.

Quand arrive Sidonie Zoa, la nièce de l'abbé Jean Marc Ela qui l'avait l'accompagné depuis 13 ans dans son exil canadien qui vient de sortir de l'avion, les pleurs et hurlements gagnent en intensité.

L'émotion atteint son paroxysme lorsque le cercueil est exposé. Le service du protocole est pratiquement débordé. Il faut prier. Mgr Jean Mbarga la voie teintée d'émotion prend la parole pour ouvrir le rituel de la célébration d'accueil à l'aéroport de Yaoundé Nsimalen : " Jean-Marc, je te dis merci d'avoir accepté de nous rejoindre ici au Cameroun, ce pays que tu as beaucoup aimé et à travers le Cameroun, toute l'Afrique, ton continent bien aimé. Je te remercie pour cette générosité qui nous permet aujourd'hui de t'accompagner jusqu'à la terre de tes ancêtres où tu vas te reposer en Dieu ". On chante, et chacun, à la fin, peut venir regarder le visage de l'abbé Ela. Après quoi, le cortège s'ébranle en direction de " La ville aux 7 collines ".

Réveil à Ndzong Melen

A la paroisse Saint Paul de Ndzong Melen, l'accueil est chaleureux. Les paroissiens bougies en main se sont alignés à l'entrée de l'église déjà pleine. Ils chantent en ch?ur. Le Nkul, le grand tam-tam des peuples beti de la forêt équatoriale, installé autour d'un grand feu annonce dans la nuit l'arrivée du " Grand prêtre ". Le curé de la paroisse, l'abbé Mbarga qui à l'époque où l'abbé Ela officiait à Ndzong Melen était encore en classe de 6è au séminaire sainte Thérèse de Mvolyé, accueille la dépouille avec des paroles émouvantes.

L'archevêque métropolitain est aussi là. On peut également apercevoir dans la foule nombreuse Pius N. Njawe le directeur de publication du Messager qui était très lié à Jean Marc Ela. La notion de " Grand prêtre ", qui est longuement développé dans le pentateuque de la Bible est évoquée par l'archevêque de Yaoundé qui préside la messe pontificale qui précède la veillée.

Pour Mgr Simon Victor Tonye Bakot, " Jean Marc Ela a été un serviteur dévoué et fidèle. Il était détaché des biens de ce monde. Dans sa chambre à Vancouver, on n'a trouvé ni télévision, ni radio, ni téléphone portable. Mais Dieu seul sait combien il était généreux vis-à-vis des autres ".
  
Après cette première nuit de veillée à la paroisse de Ndzong Melen, la dépouille a été transportée hier (Lundi Ndlr) en matinée à l'Université catholique de Nkolbisson. Il faut savoir que lors de la visite du Pape Jean-Paul II au Cameroun en 1985, l'abbé Jean Marc Ela et le regretté père Engelbert Mveng et leurs amis du Forum des universitaires chrétiens étaient les premiers à revendiquer la création d'un Institut catholique au Cameroun. Le Saint père a consenti à la revendication.

Mais Jean Marc Ela, tout comme Engelbert Mveng n'ont pas eu le temps d'enseigner à l'Université catholique. À l'Université de Yaoundé (aujourd'hui éclatée), où le défunt a disséminé un savoir intellectuel des plus lumineux, un hommage académique lui a été rendu à l'amphi 700. Ceci avant l'étape d'Ebolowa. Bon retour, monsieur l'abbé. Et bon voyage...

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