Publication: Le retard de la démocratie en Afrique centrale,le cas du Cameroun
Publication, Enoh Meyomesse, 11/02/2009. De toutes les régions que compte l’Afrique Noire, celle qui, à ce jour, accuse le plus grand retard, en matière de démocratie, est, de toute évidence, l’Afrique Centrale. Il s’y trouve cinq chefs d’Etat qui battent, actuellement, des records mondiaux de longévité au pouvoir. Cette situation n’est pas sans conséquence. Elle est probablement à l’origine du grand retard qu’accuse, également, cette sous région d’Afrique, sur le plan de l’intégration politique et économique, en comparaison avec celle de l’Afrique de l’Ouest.
Dans le cas du Cameroun, nous nous retrouvons, au bout de 49 ans d’indépendance, avec seulement, deux présidents de la République, là où, sous d’autres cieux on en compte parfois dix, comme c’est le cas aux Etats Unis d’Amérique.
Au Cameroun, la thèse qui prévaut est celle de la nécessaire « stabilité » pour promouvoir le développement. Celle-ci, naturellement, ne résiste nullement à l’analyse. Car, si tel était le cas, les Etats Unis d’Amérique seraient, à pas de géants, en train de se sous-développer, eux qui ont connu, pendant la même période, six fois plus de présidents de la République. De même, il suffit de visiter d’autres pays africains ayant connu une « instabilité politique », pour se rendre compte combien il est erroné de penser que le changement périodique de président de la République est un facteur de régression. Le Ghana, à ce jour, en est à plus de sept changement au sommet de l’Etat, mais, dans le même temps, en matière de développement, ce pays se situe très loin devant le Cameroun. Tous les Camerounais qui ont eu le bonheur de le visiter à l’occasion des deux Coupes d’Afrique des Nations qui y ont été organisées ces derniers temps, en sont rentrés ahuris. Ils n’en croyaient pas leurs yeux. Que dire alors du Nigeria voisin où, non seulement des chefs d’Etat ont été assassinés, mais en plus, une effroyable guerre civile s’y est menée ? Ce pays, tout comme le Ghana, se retrouve, malheureusement, bien loin devant le Cameroun, en matière de développement.
Notre conviction profonde est que, contraire-ment à la propagande officielle, la longévité au pou-voir est un puissant facteur de régression. Le Zimbabwe de Robert Mugabe en est, à ce jour, un par-fait exemple.
Dans les pages qui suivent, nous nous efforçons de décrire les méthodes utilisées, d’abord par Ahmadou Ahidjo, puis Paul Biya, pour se maintenir si longtemps au pouvoir. Notre ambition n’est nulle-ment d’intenter quelque procès que ce soit à ces deux personnages, mais, tout simplement, de révéler, aux Camerounais, la manière dont nous sommes gouvernés, depuis le premier jour de notre indépendance.
Omar Bongo Ondimba, du Gabon, d’abord Albert Bernard Bongo, puis Omar Bongo tout court, et, à présent, Ondimba, trône, au pouvoir, depuis …42 ans ! José Edouardo Dos Santos, d’Angola, depuis 32 ans ! Teodoro Obiang Nguema, de Gui-née Equatoriale, depuis 30 ans ! Paul Biya, du Cameroun, depuis 27 ans ! Denis Sassou Nguesso, du Congo Brazzavile, depuis 25 ans ! Chacun de ces recordmen mondiaux de durée au pouvoir, peut se targuer d’avoir vu défiler, sous son règne, plusieurs chefs d’Etats et chefs de gouvernements occidentaux.
De 1967 à 2009, Omar Bongo Ondimba, en a vu défiler, comme présidents de la République, 9, aux Etats-Unis d’Amérique : 1- Lyndon B Johnson, 2-Richard Nixon, 3-Gerarld Ford, 4- Jimmy Carter, 5- Ronald Reagan, 6- Georges Bush, 7- Bill Clinton, 8- Georges W. Bush, 9- Barack Obama. En France, il en a vu défiler 8 également : 1- Charles de Gaulle, 2- Alain Poher (président par intérim), 3- Georges Pompidou, 4- Alain Poher (président par intérim), 5- Valéry Giscard d’Estaing, 6- François Mitterrand, 7- Jacques Chirac, 8- Nicolas Sarkozy.
De 1982 à 2009, Paul Biya, de son côté, en a vu défiler 5, aux Etats-Unis : 1- Ronald Reagan, 2- Georges Bush, 3- Bill Clinton, 4- Georges W. Bush, 5-Barack Obama ; 3 en France : 1- François Mitterrand, 2- Jacques Chirac, 3- Nicolas Sarkozy ; 3 Chanceliers en Allemagne : 1- Helmut Kohl, 2- Gerhard Schroder, 3- Angela Merkel ; 3 Premiers ministres, en grande Bretagne : 1- Margaret Tacher, 2- Tony Blair, 3- Gordon Brown ; 3 Premiers ministres en Espagne : 1- Felipe Gonzalez, 2- José Maria Aznar, 3- José Luis Zapatero, etc…
En 1967, lorsque Albert Bernard Bongo accédait au pouvoir (c’est ainsi qu’il se dénommait a-lors), Nicolas Sarkozy, l’actuel président de la République française, était encore … au lycée, en classe de sixième ! A présent, tous les deux sont des « homologues ». Pis encore, Omar Bongo Ondimba, se fait un point d’honneur de rappeler, à qui mieux-mieux, qu’ils sont « amis », et même, qu’ils se tutoient, lui le vassal, et Nicolas Sarkozy, le suzerain.
De même, lorsque Paul Biya était nommé président de la République, le même Nicolas Sarkozy venait, à peine, de quitter les bancs de l’université.
Fait de la plus haute importance à relever, ni Omar Bongo, ni Denis Sassou Nguesso, ni Paul Biya, ni José Edouardo Dos Santos, ni Teodoro Obiang Nguema, personne parmi eux, ne laisse même poindre, à l’horizon, l’ombre d’un probable dauphin. Ils maintiennent les ténèbres les plus opaques sur cette question. « J’y suis et j’y reste », semble être leur mot d’ordre. Ce n’est pas tout, Paul Biya, descendant de l’avion après que la rumeur de sa mort eut parcouru de bout en bout le Cameroun, n’avait pas pu s’empêcher de déclarer, tout goguenard, aux Camerounais : « rendez-vous dans 20 ans ! » Naturellement, ceux-ci lui avaient rétorqué, du tac au tac : « tu es Dieu ? »
N’empêche. Cela traduit, véritablement, le fond de sa pensée : « je suis encore là pour bien longtemps, n’en déplaise à vos esprits jaloux ».
Il va sans dire que si le président de la République se permet de tenir de tels propos à son peuple, c’est bien parce qu’il sait à quel point il est venu à bout de la démocratie, au Cameroun, combien il a apprivoisé celle-ci, combien il lui a brisé les reins, lui qui en avait ressenti une profonde frayeur, au dé-but, c’est-à-dire en 1990, après que François Mitterrand l’eut contraint à l’instaurer, au point où il lui répugnait, même, de prononcer, simplement, le mot « multipartisme ». On se souvient, en effet, de son ultime phrase, lors de son discours de clôture du congrès de son parti, au mois de juin 1990 : « attendez-vous à une éventuelle concurrence… »
Mais, comment Paul Biya en est-il arrivé à se bomber le torse, au sujet de la démocratie, c’est-à-dire à ne plus en éprouver quelque frayeur et à s’en proclamer champion toutes catégories, actuellement ?
L’ordonnance d’Ahmadou Ahidjo portant répression
de l’opposition et instaurant la délation
L’arrestation de la chanteuse Koko Ateba
L’arrestation d’Ekané Anicet, Maître Yondo Black, Henriette Ekwé
Le contournement des revendications populaires
La politique du renouveau ou la fin de l’ouverture démocratique
Paul Biya au garde-à-vous devant François Mitterrand
La raison des arrestations sous le régime du renouveau
de 1982 à 1990
La dictature sous le multipartisme
Les « élites » : chiens de garde du régime
Les « élites » : merveilleux boucs émissaires du régime …
Les contrebandiers et fraudeurs fiscaux intégrés au comité
central du Rdpc
Le Rdpc : un « machin » sans intérêt
Les « élites » : véritables militants du Rdpc
L’extermination physique des opposants sous Ahidjo
Le discours d’Okala à la suite de l’assassinat de Moumié
L’arrestation de quatre députés en 1962
L’extermination physique des opposants sous le renouveau
L’embastillement d’opposants sous couvert de
détournement de fonds publics
L’humiliation des « élites » pour les rendre dociles
La création d’une bourgeoisie commerçante pour démoraliser
l’opposition
La création d’une bourgeoisie administrative complice du régime
La création d’une bourgeoisie militaire protectrice du régime
La marginalisation des élus
La mise k.o. des syndicats
Le roi-président et la reine-première dame
Prix du livre : 1500 F CFA
Vente : kiosques à journaux
Déjà disponible à Yaoundé en librairie
Librairie Editions Clé