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Publié par Thierry AMOUGOU in camer.be

Lorsque le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) voit jour sous l’égide du Renouveau National, le Cameroun est encore un pays à revenus intermédiaires. Il est alors considéré avec la Côte-d’Ivoire comme une des économies les plus solides de l’Afrique au sud du Sahara. C’est aujourd’hui un espoir déçu et évanoui. En effet, après plus d’un quart de siècle de règne sa partage du RDPC et de son régime, le pays est devenu non seulement pauvre, mais aussi et surtout très endetté.

Cette situation aurait pu être réelle et compréhensible si après des crises, tout le pays et tous ses habitants étaient indifféremment pauvres et très endettés. Tel n’est pas le cas. Le grand paradoxe de cet état de choses réside dans le fait que le Cameroun est dit pauvre et très endetté tandis que le RDPC, le parti au pouvoir, se distingue comme un parti richissime.

Sans remonter plus loin, quelques faits actuels permettent de le démontrer. Alors que le Cameroun est dit en crise économique et qu’il vient de contracter un prêt supplémentaire de près de 70 milliards de Fcfa auprès du FMI, les militants du RDPC ont plutôt des problèmes pour gérer l’abondance de millions de Fcfa dont ils sont abreuvés par le Renouveau National. Il en résulte inéluctablement deux Cameroun. Un qui, majoritairement populaire, manque de ressources et se bat au quotidien contre de multiples carences. Et l’autre, composé de hauts militants et dirigeants du RDPC qui se battent sur le partage des tonnes de millions qui proviennent de la présidence de la république. Le but ici est de doper la propagande d’un régime discrédité afin de mobiliser des soutiens artificiels à travers le monde lors des déplacements du chef de l’État.

Aux disputes autour de la répartition des 13 millions de Fcfa donnés par le président camerounais au RDPC-Canada lors de sa dernière visite dans ce pays, s’ajoutent ces derniers temps les empoignades et les éclats de voix entre RDPCISTES locaux et ceux de Paris-Nord au sujet de la gestion des 86 millions de Fcfa donnés par le Renouveau National pour mobiliser les militants et éclipser les manifestations de la diaspora camerounaise résolue de dénoncer la dictature camerounaise lors de la visite de Paul Biya en France du 21 au 25 juillet 2009. Par voies de conséquences, alors que le peuple camerounais vient de se ré-endetter pour son futur et celui de ses enfants auprès du FMI par l’entremise des 70 millions de Fcfa que la pays vient de recevoir de cette institution, certains privilégiés d’entre eux ont plutôt des problèmes de gestion et de répartition des immenses ressources du parti au pouvoir. Le Cameroun est endetté pour l’avenir par le Renouveau National quant les militants du RDPC se battent pour gérer l’abondance de millions gagnés on ne sait dans quelle activité lucrative par le parti au pouvoir.

Il en résulte inéluctablement des questions dans la gouvernance d’un pays que ceux qui sont au pouvoir qualifient d’Etat de droit. Le fait que le parti au pouvoir soit richissime alors que le pays est désormais dit pauvre et très endetté est-il un signe de justice sociale, d’équité dans la souffrance et de bonne gestion des deniers publics ? Si le pays est pauvre et très endetté, d’où viennent les tonnes de millions que le président camerounais distribuent à la pelle aux militants du RDPC étant donné qu’aucune Banque Centrale ne se trouve ni à Nvomeka’a ni Etoudi et qu’il n’avait pas autant d’argent quand il arrivait à la magistrature suprême en 1982 ? Le RDPC pouvait-il être aussi riche s’il n’avait pas été le parti de l’actuel président ?

Qu’on le veuille ou non, un minimum d’objectivité prouve que les réponses à ces questions confirment ce que le Cameroun est effectivement. C’est à dire :

Un pays où être président donne le droit d’être irresponsable de ses actes par la Constitution ainsi qu’un libre accès aux ressources publiques.
 
Pas un pays pauvre et très endetté, mais un pays riche et surtout mal géré depuis plus d’un demi siècle de Renouveau National.

Pas un Etat de droit mais un pays ou règne tous azimuts le droit du Renouveau National.

Pas un pays ou les Camerounais sont tous pauvres et très endettés, mais un Etat où certains Camerounais le sont alors le RDPC est trop riche et distribue les millions à quiconque veut mouiller son maillot pour l’équipe en place.

Cette évolution en opposition de phase entre l’appauvrissement généralisée de la majorité de la population camerounaise, et l’enrichissement exponentielle du parti au pouvoir, reflète la polarisation sociale entraînée par le Renouveau National depuis 1982 : Au Cameroun il y a d’un côté les très très riches et de l’autre, les très très pauvres. Rien ne lie les premiers aux seconds si ce n’est le fait d’être des Camerounais de deux conditions sociales divergentes. De ce fait, une fois qu’on décide d’être un peu lucide, on remarque très vite que tous ceux qui ont été mis en prison par « l’opération épervier » ont soit donné des millions de Fcfa au RDPC, soit travaillé à un moment ou à un autre à sa gloire avec de l’argent détourné des caisses de l’Etat.

Si on y ajoute les biens mal acquis et les millions qui pleuvent actuellement lors de chaque voyage à l’étranger du prince, on se rend compte que le RDPC, ses hauts dirigeants et ses ressources sont hautement « éperviables ». Et si on met bout à bout les centaines de millions de Fcfa détournés que révèle « l’opération épervier », les millions distribués actuellement par le chef du RDPC et les montants financiers des biens mal acquis, on peut légitimement se poser la question de savoir si un Cameroun bien géré aurait eu besoin de s’endetter de façon récurrente auprès du FMI avec autant de ressources.

Ceci étant, un des défis majeurs du Cameroun de demain est de clarifier les modalités de financement des partis politiques et de soumettre les ressources de ceux-ci à des mécanismes d’audit et d’évaluation indépendants. La kyrielle de millions distribuée par le chef de l’Etat camerounais aux différentes sections extra nationales du RDPC montre que le Cameroun est encore à mille lieux de là étant donné que cet argent est un bien mal acquis supplémentaire. Tout ceci est machiavélique car le régime cherche à avoir de son côté la sympathie des grands (Sarkozy) tout en donnant l’illusion au peuple à coups de millions que ces grands avec lesquels il fait alliance ne l’oppressent pas.

© Correspondance : Thierry AMOUGOU, UCL, Belgique
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