Cameroun-Feuilles de la résistance
Les fondements de la résistance
armée
A cause de la flagrante incapacité du gouvernement de Paul Biya à apporter le bien-être demandé par le Peuple, et surtout à cause de la multitude de ses actions souvent terroristes pour
empêcher toute alternance au pouvoir, tout Camerounais et tout observateur attentif sait qu’il ne reste plus au Peuple camerounais que la résistance ou insurrection, plus ou moins violente, pour
accomplir la volonté populaire. Seulement, pendant que certains ne voient que le coût en vies humaines d’une résistance violente et sombrent aussitôt dans le désespoir, et que d’autres concluent
que le pouvoir de Biya est tout puissant et invincible, soutenu qu’il est par une France, et que toute action de résistance est vouée d’avance à l’échec, bien d’autres comme la Diaspora
Patriotique Camerounaise ont dépassé ces deux premières craintes pour apporter des réponses à la question fondamentale : comment le Peuple doit-il organiser sa résistance afin d’atteindre une
victoire qui minimise le coût en vies humaines et assure la défaite des forces de répression ?
Les feuilles de la résistance sont les conclusions et/ou résolutions adoptées par la
Diaspora Patriotique Camerounaise au sujet des voies et moyens à utiliser afin de libérer le souverain Peuple camerounais des carcans paupérisants du régime néocolonial en place.
Les articles que nous publierons sous la série « Feuilles de la Résistance » sont le résultat des années de débats et de recherches que nous avons menées dans le but de mettre le Peuple
camerounais à l’abri de la terreur du régime dictatorial. Ceux-ci offrent au Peuple les moyens d’exercice de sa souveraineté, que la dictature au pouvoir le veuille ou non.
Le premier et plus élémentaire de tels pouvoirs de souveraineté populaire est le pouvoir de résistance à l’oppression, qui doit être effectif afin de rendre possible tout pourvoir populaire de
changer les gouvernants et les institutions, de s’autogouverner, et même de légiférer. Sans de tels pouvoirs de souveraineté populaire, il n’y a point de démocratie ; tout simplement parce que
les mauvais gouvernants, les dictateurs et les groupes dominants vont toujours écraser le peuple, qui est la source de la démocratie.
Par peur individuelle viscérale ou alors comme démonstration inconsciente de leur soumission à l’endormissement pendant 50 ans des esprits par la terreur d’Etat, certains rejettent toute solution
qui doterait les populations camerounaises de la capacité de résister violemment à l’oppression néocoloniale.
Le constat est pourtant sans appel. Toutes les fois que les populations camerounaises ont voulu faire entendre, autrement qu’à travers la voie dite facifiste des élections toujours fraudées, la
réponse du gouvernement néocolonial a toujours été le déploiement de la terreur d’Etat.
Dans une société où le Peuple est regardé par les gouvernants comme le plus grave danger pour leur maintien au pouvoir, l’assertion du révolutionnaire français, Louis Antoine de Saint Just, selon
laquelle « Un peuple n'a qu'un seul ennemi dangereux. Son gouvernement », est d’actualité au Cameroun.
A cause de la flagrante incapacité du gouvernement de Paul Biya à apporter le bien-être demandé par le Peuple, et surtout à cause de la multitude des actions de ce gouvernement visant à empêcher
toute alternance au pouvoir, tout Camerounais et tout observateur attentif sait qu’il ne reste plus au Peuple camerounais que la résistance ou insurrection, plus ou moins violente, pour accomplir
la volonté populaire.
Seulement, pendant que certains ne voient que le coût en vies humaines d’une résistance violente et sombrent aussitôt dans le désespoir, d’autres concluent que le pouvoir de Biya est tout
puissant et invincible, soutenu qu’il est par une France toute puissante, et que toute action de résistance est ainsi vouée d’avance à l’échec, d’autres comme la Diaspora Patriotique Camerounaise
ont dépassé ces deux premières craintes et se sont attelés à apporter les réponses appropriées à la question fondamentale : comment le Peuple doit-il organiser sa résistance afin
d’atteindre une victoire qui minimise le coût en vies humaines et assure la défaite des forces de répression.
Nous allons montrer pourquoi le Peuple doit disposer des moyens de résister aux actions de répression gouvernementale, examiner les mauvaises stratégies pour venir à bout des réseaux de la
Françafrique dirigeant nos pays, et passer en revue la nature des forces de répression et la manière la plus efficace de les affronter.
Si tu veux la paix, prépare la guerre
Selon un proverbe romain, Si vis pacem, para bellum, c’est-à-dire, Si tu veux la paix, prépare la guerre.
Ceci est une définition de la guerre impériale ou étatique, où l'attaquant se bat pour élever son niveau de vie au détriment des pays étrangers. Cette théorie pose qu'un conflit armé est « la
suite logique d'une tentative d'un groupe pour protéger ou augmenter sa prospérité économique, politique et sociale au dépens d'un autre ou d'autres groupe(s) » (Marvin Harris, 1977,
Cannibals and Kings, The Origins of Culture, Vintage, New York, p. 54).
Selon le théoricien prussien Carl von Clausewitz (1780-1831) : « la guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens ». Le premier moyen étant la diplomatie, qui garantit
la victoire la plus intéressante : celle qui ne se voit pas, l'adversaire n'ayant pas perdu la face. Par une telle continuité politique, la guerre est aussi un élément incontournable des
relations humaines, et donc une chose à laquelle il faut être prêt.
Cette définition rejoint les antiques idées de la civilisation chinoise, selon lesquelles la guerre n'est qu'un des moyens pour imposer sa volonté à un groupe ou à l'inverse y résister. Ce qui
fut retraduit par l'aphorisme de Nicolas Machiavel : « une guerre prévisible ne se peut éviter, mais seulement repousser ».
Par contre, le pacifisme radical ou théorie de la non violence refuse absolument toute guerre : la guerre étant perçue comme ce qu’il y a de pire et doit être évité à tout prix. La voie proposée
étant le refus de l’affrontement, le refus du conflit.
Les pacifistes non violents assument que préparer la guerre pour « défendre » la paix, c’est combattre le mal par le mal, ce qui conduit finalement à la guerre. Par contre, prôner la non violence
et le pacifisme, c’est enclencher la logique inverse : à savoir que si les Etats refusent le recours à la guerre, la paix est garantie.
Les limites et le danger d’une telle doctrine de non violence sont cependant évidents. Le principe de non violence appliqué, ne serait qu’au niveau individuel seulement, réintroduit la guerre.
Car, être démuni c’est s’exposer à l’agression de l’autre et l’inciter à une guerre victorieuse.
Pour ce qui concerne le Cameroun, le Peuple est justement exposé et soumis à l’agression de la dictature en place, parce qu’il a été contraint au seul choix de la non violence. Cette dictature
célèbre sa victoire dans sa guerre contre nos populations.
Le régime néocolonial applique en effet efficacement sur nos populations la logique du « Si tu veux la paix, prépare la guerre », une logique efficace de l’administration coloniale d’antan, qu’il
perpétue en tant qu’héritier fidèle et bon serviteur de la Françafrique. Le résultat actuel d’un peuple camerounais terrorisé, paupérisé, et de plus en plus éloigné de tout espoir de bien-être,
est une évidence que tout le monde peut voir.
Le pacifisme radical n’est donc qu’une utopie ; parce qu’il suppose un renoncement de tous les Etats à la guerre et de tous les peuples à la résistance violente, sans aucune autre garantie que la
bonne volonté des ennemis. Le pacifisme attendu du peuple camerounais repose en effet sur l’assomption selon laquelle le régime néocolonial en place est de bonne volonté et assurera la protection
et le bien-être de ses populations. Une fausse assomption évidemment.
L’exemple de la condition misérable actuelle des populations camerounaises montre bien que le pacifisme radical revient, s’il n’est pas adopté par les dirigeants, au choix de l’esclavage.
Saignées par une dictature corrompue et par des actes de terrorisme d’Etat visant à les maintenir dans un « ordre public » qui prévient toute insurrection, ces populations goûtent actuellement
aux fruits amers de la misère et du désespoir.
Le coût humain de la guerre que le régime dictatorial mène au quotidien contre le Peuple camerounais est inestimable. Des morts par milliers dans des hôpitaux par manque d’assurance santé et des
moyens financiers pour se soigner, aux centaines de morts et milliers de blessés du mouvement de février 2008, des soulèvement dans nos universités, du « commandement opérationnel », des « villes
mortes » et d’autres mouvements de mécontentement populaires tous écrasés systématiquement dans le sang par les escadrons de la mort gouvernementaux, en passant par les humiliations et autres
violations des droits l’Homme couverts d’impunité, la liste est longue pour estimer un tel coût humain, appelé à s’alourdir si rien n’est fait pour stopper la répression et la dictature en
place.
Car, la vraie paix n’est pas un sommeil léthargique, l’oubli de soi, une lâcheté frileuse. La vraie paix ne peut avoir peur de la mort. Si personne n’est prêt à mourir pour défendre la paix dans
une société, le danger qui en découle est qu’une telle société ne soit rien, ne représente rien pour ses membres. Elle n’aurait pas de héros. Ce serait une société condamnée à disparaître, une
société frileuse, morte, qui manque de dynamique ; car elle refuse de se donner les moyens d’affirmer sa singularité, qu’on trouve souvent dans la confrontation.
Les faits ne contredisent d’ailleurs pas cette assertion, puisque les Camerounais sont aujourd’hui le contraire de ceux des années 1960 et 1970 qui étaient jalousement fiers de leur nouvelle
nation. Ils sont plutôt devenus ceux qui fuient un « berceau de (leurs) ancêtres » de misère et de désolation, pour aller chercher les prés verts ailleurs qu’au Cameroun. Pour ces Camerounais de
plus en plus nombreux qui voient que le bonheur se trouve seulement ailleurs, le Cameroun leur semble comme une société condamnée à disparaître, une société frileuse, morte, qui manque de
dynamique et d’espoir.
Il revient que, pour ce qui concerne les Etats, la possibilité de la paix ne peut résider qu’à un niveau mondial, le seul moyen de garantir la paix étant un nouveau contrat social conclu entre
les Etats dans le cadre d’un droit international.. Seul le droit international œuvre en effet pour que soit vrai l’assertion selon laquelle : pour garantir la paix, il faut éviter la guerre.
Mais le problème reste cependant entier en ce qui concerne la guerre que les dictatures font à leurs peuples, les Nations Unies restant incapables de garantir la paix aux peuples en leur évitant
la guerre permanente des groupes dirigeants et dominants qui, pour régner, appliquent le si vis pacem, para bellum sur les peuples.
En conclusion, si un Peuple entend garantir la paix, il doit se doter des moyens similaires à ceux dont disposent les dirigeants et puissants qui l’oppressent, les moyens de préparer la
guerre.
Tout comme un Etat qui entend assumer sa souveraineté – et nous avons vu l’horreur auquel aboutit autrement un pays privé des moyens d’exercice de sa souveraineté en Haïti essentiellement à cause
d’un embargo international - doit se doter d’une armée, des services de renseignements et des services de sécurité, malheureusement retournés contre un peuple sans défense sous les
dictatures, le peuple doit se doter des moyens de guerre pour garantir sa paix et assumer sa pleine souveraineté.
Les mauvaises stratégies de la résistance contre la Françafrique
Nous avons entendu un peu de tout en matière de libération de nos peuples des
carcans des réseaux de la Françafrique à la tête des Etats de l’Afrique francophone.
La première solution, celle qui vient le plus souvent dans les esprits, mais qui est aussi la moins populaire, donc moins démocratique, est le coup d’Etat. Cette stratégie est attrayante parce
qu’elle est supposée être rapide et de courte durée, avec un potentiel de diminuer le coût en vies humaines. Parfois, son coût financier est aussi faible.
Tout le monde garde en esprit le coup d’Etat du 6 avril 1984, qui en lui-même s’était déroulé sans effusion de sang. Un acteur de cette mutinerie d’un groupe de l’armée avait un moment nourri les
espoirs de beaucoup de Camerounais. Mais de tels espoirs ont pu s’évanouir à l’épreuve du temps.
A moins d’une surprise, reposant au demeurant sur une probabilité très infime, l’hypothèse d’un coup d’Etat réussi contre le régime de Biya doit être écartée.
Depuis le 6 Avril 1984, le régime néocolonial s’est, si on peut dire, blindé contre les coups d’Etat. Les services de renseignements français sont particulièrement omniprésents au sein de l’armée
camerounaise, où ils ont instituée un lourd réseau d’agents de renseignements parmi les troupes et les officiers, et dans tous les corps de l’armée.
Ces réseaux de renseignements ont été étendus, non seulement à travers les forces de sécurité de la police et de la gendarmerie, mais aussi dans la société à travers les partis politiques, dont
le premier dans ce domaine, mais pas le dernier, est évidemment le RDPC.
Le gouvernement néocolonial s’active également énormément pour s’assurer la collaboration des voisins afin qu’aucun de ceux-ci n’assure la base arrière à tout groupe ou armée rebelle qui viserait
à le renverser.
La deuxième stratégie de libération, beaucoup plus populaire, est celle dite de Laurent-Désiré Kabila. Elle consiste, à partir d’une unité rebelle en mouvement vers Yaoundé, à rallier les
populations et une partie de l’armée pour les intégrer au sein du mouvement général, sous la forme d’une armée populaire toujours croissante.
Si cette stratégie est attrayante à cause de son caractère spectaculaire, la première de ses faiblesses en est que le Cameroun n’a aucun Kabila prêt en ce moment. L’autre faiblesse particulière
en est que, contrairement à Kabila qui bénéficiait du soutien ougandais, même s’il y avait un tel Camerounais, il manquerait essentiellement d’un pays de soutien voisin.
De plus, cette stratégie n’est qu’une variante de celle de la constitution d’une armée de libération ; que le régime néocolonial de Yaoundé, appuyé par l’armée française, avait su écraser assez
facilement dans le sang et les massacres. L’on n’en finit pas d’épiloguer sur la naïveté intellectualiste d’un Ossendé Afana ou sur l’incapacité d’adaptation et de préemption d’un Ouandié Ernest
par rapport aux nouvelles situations imposées par l’ennemi. Toujours est-il que la solution d’une armée de libération en tant que telle est aussi à écarter.
De plus, toute stratégie reposant sur une armée rebelle repose sur un lourd budget financier, nécessaire pour soutenir la formation, l’équipement et la logistique d’une telle armée. Des exigences
financières qui ne sont pas faciles à remplir.
Nature des forces de répression et la manière la plus efficace de les
affronter
S’il faut donc écarter autant la solution du coup d’Etat que celle à la Kabila,
parce qu’elles sont toutes difficilement réalisables au Cameroun, il ne reste plus au Peuple camerounais que la solution de l’insurrection générale à mesure d’être à volonté transformée en
résistance armée.
En effet, le Peuple camerounais doit éviter les stratégies contre lesquelles le régime Biya et ses patrons français sont bien préparés. Il doit adopter celles qui lui permettent de s’adapter
rapidement aux nouvelles situations que lui imposera le régime néocolonial.
Le Peuple doit surtout adopter une stratégie où les forces combattantes de la résistance sont imbriquées en son sein, de sorte que vaincre ses forces de la résistance signifie toujours vaincre le
Peuple entier, massacrer les forces de la résistance revient toujours à massacrer le Peuple entier.
Car, les forces de la résistance doivent devenir les forces de sécurité et de défense du Peuple, créées et administrées par le Peuple. De telles forces de résistance populaire sont
essentiellement invincibles, malgré ou à cause des massacres que le gouvernement cherchera à commettre.
Comment organise-t-on les forces de résistance populaire ? La réponse, c’est que le monde pilule des expériences de résistance populaire et offre une mine de stratégies et de méthodes dans
laquelle le Peuple camerounais peut puiser pour se donner les pouvoirs d’exercice de sa souveraineté dont il a besoin pour imposer la démocratie dans son pays.
Beaucoup de leçons d’échecs et de succès peuvent en effet être tirées des Tupamaros de l’Uruguay, des guérilleros cubains en Bolivie, des FARC de Colombie, des Huks de Philippines, de l’Action
pour la Libération Nationale du Brésil, des Mau Mau au Kenya, d’Abu Sayyaf aux Philippines du Sud, des Moujahidines tchétchène au Nord Caucase, de la Guérilla des USA/Filipino des Philippines, de
L’armée populaire révolutionnaire du Mexique, de la fraternité/armée républicaine irlandaise, ou du Hezbollah du Liban.
Toutes ces expériences mondiales de résistance populaire montrent une même chose qui répond à l’autre importante question : quelle est la nature de l’ennemi que la résistance populaire doit
combattre ?
Contrairement à la perception courante qui voit l’ennemi du Peuple seulement à travers soit la personne de Paul Biya, soit les exécuteurs armés comme les brigades d’intervention rapide (Bir) que
le régime envoie sur le terrain pour commettre les massacres, l’ennemi réel sur lequel il faut focaliser le plus d’attention est la machine qui envoie des groupes armés comme le Bir exécuter des
missions précises de répression.
Cette machine infernale liguée contre le Peuple camerounais, ce sont les services de renseignements du pouvoir néocolonial. Ce sont eux que les forces de la résistance populaire doivent affronter
au quotidien, afin de les démanteler et les détruire, afin de pouvoir affaiblir le régime néocolonial en lui rendant tout gouvernement du Peuple impossible.
Nous expliquerons, dans un prochain article, la nature des services de renseignements du Cameroun, pourquoi ils sont l’ennemi le plus dangereux de notre Peuple, et comment ils peuvent être
démembrés plus ou moins facilement.