Cameroun : Les raisons de la détention arbitraire de l'écrivain Enoh Meyomesse
ACCENTUER LA LUTTE POUR LA CHUTE DE PAUL BIYA ET DE SON REGIME
La coutume veut que l’avènement d’une nouvelle année s’accompagne de vœux aux parents, aux amis, et, pour les militants politiques, aux camarades de lutte. C’est pourquoi nous formulons, dans les lignes qui suivent, les nôtres à l’intention des innombrables Camerounais qui luttent pour que notre peuple sorte, enfin et définitivement, de la servitude dont il n’était pas parvenu à se débarrasser, ni le 1 er janvier 1960, date de la proclamation de l’indépendance, ni le 1 er octobre 1961, date de la proclamation de la reconstitution partielle de notre patrie (divisée arbitrairement le 4 mars 1916 par les franco-britanniques), à travers la réunification qui s’était produite, sans le Northern Cameroons, ni le 6 novembre 1982, date du limogeage d’Ahmadou Ahidjo par la France et l’affectation de Paul Biya à sa place.
LES 3 VICTOIRES DE 2008.
Les Camerounais en lutte pour la liberté ont remporté, au cours de l’année qui s’achève, trois victoires décisives sur le régime en place.
1- Le réveil de l’avant-garde révolutionnaire au mois
de février 2008.
Comme tous les pays du monde, notre pays est constitué de trois grandes classes sociales qui luttent entre elles. Il s’agit de la classe populaire, de la classe moyenne, et des riches. La classe populaire est constituée des masses paysannes, des gagne-petits des villes, des journaliers de l’administration publique, des petits agents de bureaux, des bayam-sellam, des petits commerçants, des petits boutiquiers, des pousseurs, des vendeurs d’eau, de goyaves, de papayes, d’ananas, des coiffeurs
au bord des routes, des vendeurs à la sauvette, des conducteurs de taxis de ville et de brousse, des nanga boko, des laveurs de voitures, des call-boxeurs, du personnel domestique, des tâcherons du Bâtiment et des Travaux Publics, des ouvriers dans les usines, des chômeurs, et, naturellement, des étudiants.
La classe moyenne, quant à elle, est constituée des fonctionnaires moyens, des cadres de l’administration publique et privée, des hauts fonctionnaires et hauts cadres du secteur privé, des professions libérales, pharmaciens, avocats, notaires,
huissiers, architectes, des entrepreneurs divers, des prestataires de services, etc .
Enfin, les riches sont, essentiellement, les membres du gouvernement, les parlementaires, les dirigeants des grandes institutions publiques, les grands cadres de l’administration publique gestionnaires de crédits publics, les gros commerçants
et hommes d’affaires fraudeurs en douane et au fisc membres du Comité Central du Rdpc, les directeurs généraux des sociétés d’Etat, etc.
Comme dans tous les pays du monde, la classe révolutionnaire, naturellement, est la classe populaire. Et au sein de celle-ci, se trouve une avant-garde qui, au Cameroun, est constituée des jeunes désœuvrés des villes, diplômés ou non, des pousseurs, des vendeurs d’eau, de goyaves, de papayes, d’ananas, des coiffeurs au bord des routes, des vendeurs à la sauvette, des conducteurs de taxis de ville et de brousse, des nanga boko, des laveurs de voitures, etc. Cette avant-garde révolutionnaire s’est
réveillée après une hibernation de 17 ans, suite à sa défaite de 1991 pendant les villes-mortes, et a fait une démonstration magistrale de sa puissance et de son énorme capacité à détruire le régime de Paul Biya au mois de février de l’année qui s’est achevée, l’année 2008. Elle a été au front du refus par la population du projet de Paul Biya de s’éterniser au pouvoir à la faveur d’une modification de la constitution. Pendant la chaude semaine de février 2008, le régime a été ébranlé, comme il ne l’avait plus été depuis 1991. Paul Biya en a véritablement pris
peur, et a découvert, abasourdi, qu’une révolte populaire pouvait se produire à Yaoundé, son fief politique tribal, et, en conséquence, renverser son régime. Autrement dit, même les Beti, le groupe ethnique auquel il appartient, sont entrés dans la contestation. Lui, pour se consoler, s’obstine à affirmer que ceux-ci ont été manipulés. Quoi qu’il en soit, que les Beti puissent l’être, si tel avait été véritablement le cas en février 2008, constitue une victoire phénoménale pour les Camerounais épris de liberté, et qui présage de batailles futures dont l’une, inéluctablement, finira par être victorieuse.
2 – La modification de la constitution par le Parlement.
La modification de la constitution par le Parlement, plutôt que par voie référendaire, c’est-à-dire populaire, a constitué une défaite cuisante pour Paul Biya face aux Camerounais qui ne veulent plus de son régime. Il va sans dire que les Camerounais
ne disposaient nullement du moyen d’empêcher le président de la République de réaliser ses desseins. N’empêche, ils lui ont, à travers le réveil de l’avant-garde révolutionnaire présentée ci-dessus, craché sur la face leur opposition à son projet. L’histoire l’a retenu.
3- L’extinction de l’opposition gouvernementale.
La plus grande réussite du régime du renouveau, les Camerounais n’en sont pas suffisamment conscients, aura été la manière avec laquelle celui-ci a corrompu toute l’opposition camerounaise, toutes chapelles confondues. Il n’existe, à ce jour, aucun leader de l’opposition, nous insistons bien sur AUCUN, qui n’ait, à un moment ou à un autre, avalé des morceaux de soya bien aromatisés du régime. Le jour, ils abreuvent le président de la République des pires injures qui soient. La nuit, ils se remplissent les poches de l’argent du régime. Que l’on se souvienne de la manière dont Mgr Tonye Bakot, l’Archevêque de Yaoundé, avait éclaboussé tous les chefs de partis politiques qui s’étaient retrouvés, avec lui, au mois de décembre 2006, au
Premier ministère. A la sortie de la concertation avec les autorités gouvernementales, il s’était étonné, devant la presse, d’avoir reçu une enveloppe contenant la somme d’un million de francs cfa, en guise de « frais de carburant ». « De la cathédrale au Premier ministère, 1 kilomètre à peine, un million de francs, n’est-ce pas exagéré ? », telle avait été sa question. Mais, pendant que lui s’indignait ainsi devant la presse, aucun, nous insistons de nouveau sur AUCUN des présidents de partis politiques qui avaient pris part à la rencontre n’avait ouvert la bouche. Eux qui sont habituellement si prompts à dénoncer, dans la presse, « le régime corrompu, jusqu’à la moelle, de Paul Biya », étaient tous devenus subitement muets comme des carpes.
Devenus des prestataires politiques véritables du régime, ils n’œuvrent aucunement plus à sa chute, et, pis encore, crédibilisent plutôt la contre-vérité monumentale diffusée par le régime actuel et selon laquelle la démocratie est effective au Cameroun. C’est ainsi qu’ils participent à tous les scrutins dans l’unique but de négocier une entrée au gouvernement, et/ou d’obtenir de volumineuses enveloppes. Pour leur malheur, la population, depuis plus d’une décennie, a découvert cette supercherie. C’est pourquoi, d’un scrutin à l’autre, ces opposants véreux et corrompus à souhait, voient leur audience péricliter, au point où ils sont passés de 92 députés en 1992, à 18 en 2007. Signification : la population les a vomis.
A ce jour, lorsque le grand public se plaint de l’inexistence de l’opposition, il ne se rend pas compte, dans le
même temps, qu’il a pris, lui-même, la seule décision qu’il lui restait à prendre face à ces politiciens félons et corrompus : leur tourner résolument le dos, en guise de punition. L’opposition,
au Cameroun, a été mise k.o. par le peuple, parce qu’elle a trahi les immenses espérances placées en elle, du temps où il n’était pas encore aisé de découvrir qu’elle était au service du régime.
Le peuple, qui n’est aucunement dupe, attend, à présent, quelque chose de neuf, une opposition nouvelle, une opposition pure, une opposition authentique qui pourra renverser ce régime, et non ce
ramassis d’anciens rdépécistes qui se sont empressés, en 1991-1992, de créer des partis d’opposition, ou qui continuent à le faire à ce jour. Quiconque a été, l’espace d’un seul jour, rdépéciste,
est totalement impur aux yeux des Camerounais en lutte pour leur liberté. Cette opposition nouvelle et authentique qu’attend le peuple, celui-ci lui fournira des troupes pour monter à l’assaut du
régime, et, au bout du compte, Paul Biya sera renversé.(A Suivre)
Yaoundé, le 04 janvier 2009.
MES VŒUX POUR 2009 ENOH MEYOMESSE