Cameroun :Un cri d’humanité pour Enoh Meyomesse !
Silence ô lourd silence qui tient prisonnier la conscience
collective d’un peuple et qui met en cage sa dignité ! Un homme a disparu nous dit-on par de petits billets depuis quelques semaines. Cet homme qui a disparu est l’unique visage qui nous
rattache à notre propre humanité. Cet homme oui cet homme, Enoh Meyomesse, je me souviens l’avoir lu et d’avoir croisé dans son regard émacié les traits de l’humain qui se dit. Cet homme serait
donc depuis des semaines dans les geôles de son pays natal. Cet homme mine depuis des années le désir de liberté qu’il souhaite pour le peuple camerounais. Au-delà de sa modeste personne que le
souffle de vie abandonnera probablement au fond d’une cellule il y a le désir et celui-ci est certainement plus grand encore parce qu’il transcende les murs les plus hauts et les humiliations les
plus grandes d’une prison aux puanteurs nauséabondes. Mais qu’a-t-il fait de si infamant et de si injurieux vis-à-vis de la loi, vis-à-vis de son prochain pour qu’il soit ainsi réduit au silence
et que cette réduction au silence soit elle-même réduite au silence ?
Car en vérité personne n’en parle, ni les journaux dont il faisait encore la une il y a seulement
quelques semaines ? Ni les radios dans lesquelles il a entretenu des auditeurs des heures durant ? Il nous revient de convoquer la raison et l’imagination de tous et de toutes car en
cet homme réside invariablement une part de nous, c’est-à-dire un peu d’humain et au moment de nous dire : « Lui c’est qui » comme nous aimons si bien le dire dans nos chaumières
et gargotes acceptons de passer à la grande épreuve du miroir constructeur de notre propre « nous ».
Je me souviens d’un visage émacié et d’une voix forte, je me souviens d’une démarche nonchalante mais
d’un esprit vif, de l’ensemble de ces souvenirs je me souviens d’un esprit qui a essayé de crier le plus haut possible le devoir de liberté et la nécessité de justice pour tous voilà pourquoi je
joins ma voix à celle de mon compatriote Patrice Nganang mais aussi à celles des milliers d’anonymes qui se demandent s’ils peuvent quelque chose pour cet homme. Très peu de ces milliers d’hommes
et de femmes liront ce texte, dans un pays qui a tourné le dos il y a bien longtemps à cet exercice, qui a tourné le dos à la lumière et la distribution de l’eau. Mais toi cher internautes qui me
lis, tu es capable de faire traverser monts et frontières à cet enchainement de mots pour que justice soit et que liberté soit l’unique devise de nos peuples.
Oui, une chaine de dénonciation apolitique mais simplement humaine,
une chaine de transmission pour être certain d’avoir donné à celui qui a tant donné pour notre pays, lui le chantre de la liberté et de la bravoure. Je ne demande point de clémence mais
simplement que justice lui soit faite pour que l’humain vive en chacun de nous éternellement. Oui je reste persuadé que chacun d’entre nous peut poser ce geste. Quand nous l’aurons posé, en
faisant savoir au quatre coin du monde que l’on ne saurait tenir prisonnière la liberté, tout comme dans nos cases, nul n’a jamais réussi à tenir prisonnière la fumée, alors ensemble nous
comprendrons ce que c’est que la liberté.
Dr Vincent-Sosthène FOUDA, ancien candidat à la présidence
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