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Publié par Ndzana Seme, africanindependent.com

La dernière des choses que chacun dans la diaspora s’attendait à entendre est que le régime de Yaoundé récupère le deuil de Njawe. Malheureusement, tel semble être ce qui s’est passé. Malgré le soupçon pesant dans les esprits selon lequel le régime de Paul Biya avait organisé l’assassinat de Pius Njawe, soigneusement maquillée sous l’apparence d’un accident banal de la circulation, le transport du corps de Njawe au Cameroun aurait été confié par sa « famille » à l’Ambassade du Cameroun. L’argent collecté par le comité d’organisation se serait évaporé.

 


BALTIMORE 08/02/2010 - Après la mort accidentelle de Pius Njawe le 12 juillet sur une autoroute de Virginie, le mal étant déjà fait et irréparable, tous les Camerounais de la diaspora progressiste à travers le monde n’avaient qu’un seul espoir : des funérailles dignes de l’illustre personnage, cet infatigable défenseur africain de la liberté d’expression. Cet espoir est malheureusement entrain d’être amèrement déçu.

La nuit dernière, une réunion de « la famille » de feu Njawe clôturait son budget de l’organisation des funérailles. Ceci dans une ambiance surchauffée et une confusion totale, d’après un participant requérant l’anonymat. Le budget en question se serait élevé à 21 mille dollars, y compris de nombreux manquants.

Des trois membres de ce comité d’organisation des funérailles, ne reste que Kameni Lucas, le « frère du village » qui héberge la fille de Pius Njawe ; celle justement le défunt allait visiter le jour de sa mort tragique. La réunion s’est en effet bouclée par l’exclusion des nommés Michel Leno et Samuel Ndogmo du comité. Les raisons en sont que les deux individus seraient responsables de malversations dans ce budget.

Sont-ils de simples boucs émissaires ou de véritables coupables ? Il est difficile de le dire en ce moment où l’on ne sait même plus où se trouve le corps de Pius. A-t-il voyagé pour le Cameroun le 1er ou alors aujourd’hui le 2 Août ?

La surprenante présence de l’Ambassade au culte de requiem

Toujours est-il que le corps de Pius Njawe, de l’avis de nombreux Camerounais de Washington, DC, a été « vendu » au régime de Yaoundé par ce comité d’organisation de la « famille ».

« Je suis sidéré, choqué, humilié », telle est la réaction du Dr Jean Bosco Tagne à la fin des cérémonies du 31 juillet. Le coordinateur de la Camdiac, l’organisation qui invita Pius Njawe et d’autres leaders politiques et sociaux du Cameroun à la convention de Washington, ne se remet pas du double jeu que, selon lui, le fameux comité d’organisation des funérailles a joué aux invités : à savoir d’imposer à ces derniers la présence de l’Ambassade du Cameroun à la messe de requiem, alors que le programme officiel ne prévoyait pas une telle présence.

Il y a lieu ici de rappeler que la diaspora camerounaise à travers le monde soupçonne le régime de Paul Biya d’avoir organisé l’assassinat de Pius Njawe, soigneusement maquillée sous l’apparence d’un accident banal de la circulation.

La police de Virginie, ainsi que le FBI d’après diverses sources, explorent la piste d’un acte criminel, sur la base de la divergence des déclarations des deux chauffeurs. Le chauffeur de Njawe déclare en effet qu’il roulait normalement et avait été heurté par derrière par le camion ; alors que le chauffeur du camion avait déclaré sur les lieux de l’accident que la voiture Lexus transportant Njawe était parquée sur la chaussée quand son camion l’avait cognée.

Beaucoup de Camerounais gardent l’espoir que la police américaine les éclairera sur trois points précis : la présence massive des agents de renseignements du régime de Yaoundé dans l’hôtel Crowne du Silver Spring au Maryland qui hébergeait Pius Njawe et d’autres leaders camerounais, le programme de la journée du défunt avant sa mort, et les circonstance exactes du fameux accident.

La dernière des choses que chacun dans la diaspora s’attendait à entendre est que le régime de Yaoundé récupère le deuil de Njawe. Malheureusement, tel semble être ce qui s’est passé.

Les empreintes de la présence de l’Ambassade derrière le comité d’organisation

Des esprits se demandaient encore pourquoi le comité d’organisation avait porté son choix sur une église située dans un quartier des riches et des blancs (Nebraska Avenue), et non pas dans un quartier à grande concentration des Camerounais. Ceci expliquerait pourquoi, contrairement à la cérémonie de vue du corps à Hyattsville la veille où des centaines de Camerounais ont défilé sans arrêt jusqu’à 21 heures, cette église presbytérienne pratiquement vide n’avait compté que moins d’une centaine de personnes.

La présence de l’Ambassade du Cameroun à cette messe de Requiem (Funeral Service), à travers la place d’honneur occupée par les représentants de l’ambassadeur ayant prononcé une allocution et déposé une énorme gerbe de fleur, les amena vite à constater que l’Ambassade du Cameroun se situe aux environs immédiats de cette église. Une curieuse coïncidence !

La surprise ne s’arrêtait pas là. La soirée de dernière collation (Memorial Service wake keeping) en l’honneur de Pius Njawe, au lieu de se tenir au sein d’un quartier des Camerounais, se tenait plutôt dans un lieu fréquenté, d’après des familiers, par les juifs.

Odeur des malversations

Des questions demeurent sur la destination réservée par le comité d’organisation aux fonds qu’il a ces dernières semaines récoltés sous forme de contributions diverses versées par la communauté camerounaise, même restreinte aux seuls ressortissants du Haut Nkam, pour le même objet de financer le retour du corps au pays.

Que l’on parle d’un budget de 21 mille dollars pour les funérailles de Pius Njawe, voila qui paraît ridicule aux yeux de beaucoup de Camerounais de Washington, DC, qui ont encore en mémoire la collecte de plus de 40 mille dollars qu’ils avaient réalisée lors de la mort du Disc Jockey.

Ceci d’autant plus que, en dehors des communiqués publiés sur Internet, aucune sollicitation sérieuse de contributions n’a été faite auprès de la diaspora camerounaise pour Njawe. Pourtant, le comité d’organisation avait reçu les demandes des associations de Camerounais désireux d’apporter leur aide à la réussite des funérailles de Pius Njawe ; des demandes que ce comité avait systématiquement rejetées.

Il en est ainsi des leaders et personnalités invités avec Njawe à la Convention de Washington, qui se proposaient d’organiser la collecte des fonds, d’inviter les personnalités politiques et diplomatiques de Washington, DC, de louer les salles et d’assurer un service de funérailles de haut niveau. Lucas Kemeni, Michel Leno et Samuel Ndogmo s’en prirent personnellement à Eugène Nyambal qui défendait la proposition, le menaçant et lui intimant l’ordre de dédire un comité du programme du décès publié sur un site Internet et de s’écarter de cette affaire.

Il en est aussi de même de la demande de Cameroon Diaspora for Change (Camdiac) de s’associer au financement et à l’organisation, rejetée sans réserve par Kameni Lucas et les siens. Actuellement, pour atteindre le noble but de maintenir la parution du Messager sur le marché (un journal dont le portefeuille des créances compromises inclut plus de 10 millions de francs Cfa de factures de publicité impayées par l’Etat du Cameroun et dont les employés cumulent plus de 7 mois de salaires impayés), la Camdiac s’active seule au moment où le fameux comité d’organisation déclare des caisses vides.

La Camdiac avait aussi proposé que le corps de Njawe rentre au pays en compagnie du Combattant Mboua Massok ; ce que Lucas Kameni avait également rejeté énergiquement, sous prétexte que Pius Njawe n’était pas un politicien.

L’on se demande aujourd’hui si, en confiant plutôt le corps de Pius Njawe à l’Ambassade du Cameroun, Lucas Kameni a subitement constaté que Pius Njawe était finalement un politicien. L’argent de fait-il pas changer des idées à certains ?

Pourtant dans son intervention lors de la Convention du 10 juillet, Pius Njawe avait lui-même évoqué ce sujet en faisant allusion aux lecteurs qui se demandaient s’il n’est politicien pour venir s’exprimer à cette Convention. Sa réponse est qu’il était un citoyen averti dont la diaspora a besoin de l’avis. Nous n’oublierons jamais ses critiques contre l’opposition camerounaise, qu’il trouvait amorphe ; et ses critiques acerbes contre le régime de Yaoundé qui, entre autres, fonctionne avec deux constitutions et n’en respecte aucun. Son intervention était pourtant une action politique pure.

Nous avons ce jour, par deux fois, essayé de contacter Lucas Kameni. Il nous a fait répondre par deux fois qu’il est entrain de conduire, en nous demandant à chaque fois de le rappeler dans 3 heures. Nous lui laissons ici la possibilité de donner sa version des faits dans le corps de ce même article, que nous prendrons dans ce cas le soin d’actualiser.

La famille et le patriote

C’est ici le lieu d’attirer l’attention de tous les patriotes sur leur entourage familial. Pour éclairer mon propos, je n’ai pour meilleur exemple que mon village à Ngoumou, connu comme celui qui vote toujours 100% pour Paul Biya. Il en est ainsi du village de tout autre patriote placé sur le champ de mire du régime néocolonial.

Le drame en est que, si ce régime dictatorial restait au pouvoir le jour de ma mort, ce sont ses supporters de mon village, appelés ma « famille », qui auront le dernier mot sur l’organisation de mes funérailles. Et ils n’hésiteraient pas un seul instant de vendre mon corps au régime, qu’ils connaissent pourtant bien comme mon ennemi.

Ce qui se passe aujourd’hui avec le corps de Pius Njawe devrait être une sonnette d’alarme pour tout patriote camerounais. Chacun ou chacune doit s’obliger à laisser un vœu écrit portant sur la conduite que les vivants doivent tenir sur ses funérailles. Pour ce qui me concerne, aucun frère, aucune sœur, aucun membre de ma famille ne doit avoir droit à la parole lors de mes funérailles, à l’exception de mes enfants naturels, de mon épouse mère de mes derniers enfants, et de mes proches compatriotes dans les combats les plus importants de ma vie.

Les membres de la famille naturelle d’un patriote n’ont souvent qu’un mépris incompréhensible pour son combat. Ceci n’est pas nouveau, puisque même Jésus Christ fut victime de ce phénomène.

 

 

 

 

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