Cameroun:L’urgence d’un audit international de la SNH
Ndzane Seme, africanindependent.com, 18 /05/2008. Le Peuple camerounais depuis des décennies ignore tout de la gestion de la SNH qui encaisse les ressources pétrolières, les plus importantes du pays. Les
détournements de ceux qui ont actuellement des enquêtes aux trousses ne représentent que des cacahuètes devant d’autres détournements plus vastes et plus déstabilisateurs de l’économie et la
société camerounaises. L’affaire Albatros est la démonstration éclatante de ce que Paul Barthélemy Biya est un « feyman », un escroc qui cherche à rouler tout le monde en usant de tous les
artifices possibles pour violer les engagements et les lois auxquelles il a pourtant souscrit. Et pour tromper tout le monde, le dirigeant ténébreux puise sans compter dans les caisses de la SNH.
Parmi les milliers de milliards de Fcfa détournés de la fortune publique du Cameroun ces dernières décennies, les pillages les plus importants ont eu lieu à la
SNH.
CAMEROUN – OPERATION EPERVIER
L’urgence d’un audit international de la Société Nationale des Hydrocarbures
NEW YORK 05/18/2008 – Depuis que des individus pressentis, de part leur richesse fulgurante, comme des
menaces internes pour le régime désormais monarchique de Paul Barthélemy Biya, sont arrêtés et jetés en prison pour certains, listés comme de prochains candidats à la prison pour d’autres, sous
les motifs de détournements des fonds publics et de corruption, la plupart des observateurs s’accordent que le président camerounais ne fait qu’offrir un spectacle de cirque dont l’objet est de
tromper la « communauté internationale » et de se donner un nouveau visage d’ange devant un Peuple camerounais qui le vomit.
Biya ne pourra cependant parvenir à aveugler que ceux qui ont une courte vue. Car la réalité montre que les détournements de ceux qui ont actuellement des enquêtes aux trousses ne représentent
que des cacahuètes devant d’autres détournements plus vastes et plus déstabilisateurs de l’économie et la société camerounaises.
Certains de ces petits poissons ont perdu le sommeil depuis qu’ils sont entendus à la police judiciaire dans la fameuse affaire de l’Albatros.
Pourtant il n’y aurait pas eu d’affaire Albatros si le président de la république, poussé par une volonté de tromper le FMI et la BM en violant son engagement de ne pas s’acheter un avion
présidentiel, n’avait pas recommandé d’user du faux et de détournements - notamment le détournement des fonds d’une SNH supposée appartenir au Peuple camerounais – pour aller acheter au marché
noir un avion sur le dos de la Camair.
L’affaire Albatros est la démonstration éclatante de ce que Paul Barthélemy Biya est un « feyman », un escroc qui cherche à rouler tout le monde en usant de tous les artifices possibles pour
violer les engagements et les lois auxquelles il a pourtant souscrit.
Et pour tromper tout le monde pour ses avantages personnels, le dirigeant ténébreux puise sans compter dans les caisses d’une société étatique camerounaise, une société dont le Peuple camerounais
ignore tout en ce qui concerne ses comptes et sa gestion.
Dans un pays démocratique marqué par le principe fondamental selon lequel le Peuple est le Souverain et pour qu’une telle souveraineté soit effective, une entreprise qui encaisse les ressources
nationales les plus importantes du pays devrait être contrôlée par un tel Souverain. Pourtant, le Peuple camerounais depuis des décennies ignore tout de la gestion de la SNH qui encaisse les
ressources pétrolières, les plus importantes du pays.
Comme venait de le rappeler notre dernier article sous la plume de Delphine Fouda, parmi les milliers de milliards de Fcfa détournés de la fortune publique du Cameroun, les pillages les plus
importants ont eu lieu à la SNH.
La SNH ne peut cependant pas tomber en faillite, non pas seulement parce que celui qui en a fait sa caisse personnelle ne décidera jamais une telle faillite, mais surtout parce que l’argent du
pétrole continuera toujours d’entrer tant que les puits fonctionnent.
En en faisant sa caisse noire, Paul Barthélemy Biya utilise la SNH, une entreprise appartenant au Peuple souverain, comme sa vache à lait personnelle et son bouclier personnel de guerre.
Quelques chiffres qui, il faut le rappeler, ne sont que l’infime partie des détournements plus vastes qui s’opèrent à la SNH, en sont les suivants :
- Entre 1988 et 1993, 115 milliards de Fcfa s’étaient évaporés des caisses de la SNH
- De 1993 à 1994, 60 milliards de FCFA de recettes pétrolières avaient habilement disparu pour approvisionner des comptes bancaires sous d’autres cieux
- 200 millions de Fcfa versés au CIRCES par la SNH, et 4 milliards de Fcfa offerts à la même secte par Paul Biya les ayant lui-même soutirés des caisses de la SNH
- 20 milliards décaissés de la SNH sans justification en 2006, etc.
Nous aimerions voir des arguments ou chiffres démontrant que nos dénonciations ne sont pas fondées. Mais pour le faire, le Peuple souverain et la « communauté internationale » ne seront pas
convaincus seulement par les discours du dictateur ou ceux des petits fonctionnaires qui mangent dans sa main.
Ce n’est pas non plus un audit commandé par Paul Barthélemy Biya, le suspect principal dans de telles enquêtes, ou alors par l’un quelconque de ses affidés ministres, magistrats ou « experts »,
qui fera une lumière objective sur la gestion de la SNH depuis la création de cette entreprise étatique.
Le dernier « bilan résumé » publié sur la SNH date de l’année 2003. Depuis lors le gouvernement de Biya n’a rien publié d’autre que des « statistiques » pour 2004 et 2005.
Le seul audit que le régime de Biya se défend d’avoir fait mener est celui de Ernst & Young, une SA au capital de 10 millions Fcfa installée à la Tour CNPS à Douala, téléphones 324 1303/342
7368.
L’entreprise de droit camerounais serait une filiale de la firme internationale Ernst & Young Global Limited qui se targue comme championne de « weighing the cost of corruption and compliance
» (mesurer le coût de la corruption et de la conformité) comptables. Et c’est ce qu’elle se limite justement de faire dans son dernier audit comptable de la SNH pour 2003.
Ce qui est attendu d’un audit de la SNH, ce n’est pas de se limiter à l’application élémentaire des règles comptables, mais surtout de questionner la légalité des textes qui régissent
l’entreprise ainsi que le bien-fondé des décaissements qui y sont opérés.
Car les détournements pour le compte d’un Paul Biya ne sont pas décelables au niveau d’une recherche des signes de corruption sur la base des écritures comptables internes ou de traces de
non-conformité aux règles comptables, mais plutôt sur la constitutionalité, la légalité et l’équité que le Peuple camerounais exigerait.
Un décaissement ordonné par le SG de la présidence de la république n’a rien d’irrégulier sur le plan comptable et des textes régissant le fonctionnement de la SNH. Il ne peut être regardé comme
irrégulier que dans le cadre de la recherche des cas d’abus des fonctions de président de la république ou du PCA.
En signant le 17 janvier un décret sur la SNH qui gère les intérêts de l'État dans le secteur pétrolier, Paul Biya avait procédé à un « toilettage » des textes organiques de cette entreprise
publique qui datent de 1980, tout en maintenant les comptes et la gestion comme cachés.
Il est en effet évident que toute lutte contre la corruption au Cameroun, quel que soit le nom d’oiseau qu’on lui donne – épervier, perroquet ou quoi d’autre - sera toujours vue comme une
tragédie théâtrale sinon une comédie de mauvais goût tant que les résultats d’un audit indépendant sur la SNH ne sont pas rendus publics.
Un audit commandé par le régime de Paul Barthélemy Biya sur la gestion de la SNH ne pourra jamais être indépendant dès lors que le chef d’Etat camerounais est le principal suspect dans les
détournements des fonds publics opérés dans cette entreprise pétrolière.
Un audit indépendant sur la gestion de la SNH devra inclure des auditeurs camerounais et des auditeurs internationaux d’horizons divers, tous connus pour leurs respectables réalisations
passées.
La fameuse « communauté internationale » doit pouvoir faire pression sur le gouvernement de Paul Biya pour qu’un audit soit effectué sur les comptes et la gestion de la SNH. Les auditeurs pour
une telle tâche salvatrice pour le Cameroun doivent être choisis pour leur indépendance, leur expérience et leurs hauts faits.
Un tel choix des auditeurs de la SNH devrait cependant recevoir l’accord de la Société Civile (notamment les groupes qui dénoncent les détournements, dont les associations de la Jeunesse, les
syndicats, les avocats, les ONG, les églises, les professions) et du gouvernement.
Car, toute lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics n’aura de crédit au Cameroun que si elle passe par une lumière totale sur les comptes et la gestion de la SNH depuis la
création de cette entreprise publique jusqu’à ce jour.